Le 11 Septembre en Italie
.Comme en Allemagne, le mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre en Italie n’est pas vraiment centralisé ni structuré, bien que l’ex-député européen et grand reporter Giulietto Chiesa, auteur du film « Zéro – Enquête sur le 11 Septembre » en ait été le fer de lance depuis Bruxelles, lorsqu’il a projeté son film-documentaire dans l’enceinte du Parlement européen le 26 février 2008 en présence de 6 députés, de David Ray Griffin et du sénateur japonais centriste Mr Fujita, relayant ainsi dans le monde politique toutes les interrogations que suscite en Italie comme ailleurs la version officielle de la Commission d’enquête américaine.
Berlusconi-Chiesa, même combat ?
L’Italie reste une terre de forts contrastes politiques, et cela se ressent bien sûr dans toute sa société. Avec à sa tête l’omnipotent Berlusconi qui supervise désormais pratiquement l’ensemble des chaines télé de la péninsule, entre son empire Mediaset et son pouvoir de nomination à la présidence de la RAI, cela n’a pas empêché pour autant le débat sur le 11/9 d’avoir lieu dans les grands médias italiens. De larges extraits du film « Confronting the evidence » du milliardaire Jimmy Walter ont été montrés et discutés lors de la remarquable émission Report sur Rai3 un dimanche soir de septembre 2006, et les principaux points faibles de la V.O furent présentés de manière factuelle, y compris la possibilité du dynamitage des Tours Jumelles et du bâtiment 7, l’absence de chasse américaine ou encore le trop petit trou dans le mur du Pentagone. (L’émission est toujours en ligne sur RaiTV)
Plus tard, en octobre 2007, l’éclairage médiatique occasionné par le passage du film « Zéro » au 2ème Festival du Cinéma de Rome – film auquel ont participé rien moins que le Prix Nobel de littérature Dario Fo ou le grand écrivain américain Gore Vidal (son père est à l’origine de l’ex grande compagnie aérienne TWA, et il a mis au point les textes de la réglementation aérienne de la FAA) – a permis à son réalisateur Franco Fracassi de s’exprimer dans les principaux journaux télévisés du moment, et à Giulietto Chiesa de participer aux grandes émissions-débats italiennes, comme Le Storie sur Rai3 ou le Costanzo Show sur La Cinque, sans pour autant que leurs organisateurs ne soient limogés sur le champ comme lors du débat sur FRANCE24 il y a un an !
Rappelons aussi que Beppe Grillo, grand comique italien devenu, comme Bigard, éditorialiste contestataire, et référencé dans le top 20 des blogueurs mondiaux selon Technorati, encouragea son ami Chiesa dans plusieurs articles où il relayait les interrogations de Chiesa sur le 11/9, et tentait ipso facto d’interpeler la classe politique transalpine. N’oublions pas que ses articles sont lus par des centaines de milliers d’italophones, dont ceux de la communauté italienne américaine (4 millions de locuteurs).
Comment ne pas être admiratifs aussi, depuis notre landerneau hexagonal, de constater la mobilisation citoyenne qui a permis le financement de « Zéro » à travers l’actionnariat et les donations de plusieurs centaines de personnes ou d’organisations, dont, rappelons-le, la ville de Capannori près de Florence qui a voté en conseil municipal sa participation au financement du film, au nom de son "Observatoire pour la Paix".
Mais la plus formidable reconnaissance qu’a reçue le film « Zéro », c’est celle du ministère de l’Éducation nationale italien lui-même, qui lui a permis à ce jour d’être vu par plus de 40.000 lycéens à Rome et dans d’autres grandes villes. Imagine-t-on cela en France ou ailleurs ? On en est loin : l’accès au site ReOpen911 est même filtré dans certains établissements scolaires français.
Il faut enfin noter que l’éditeur du livre et du coffret livre/DVD de Zéro n’est autre que la maison Piemme, qui fait partie de l’ « empire » Mediaset. D’un côté, aucune maison de distribution de films n’en veut, et de l’autre c’est la maison d’édition « Berlusconi » qui achète les droits et publie le DVD et le livre à plus de 43.000 exemplaires, avec une grande campagne de panneaux publicitaires dans les principales villes comme ici à Rome. Doit-on appeler cela du « business » à l’italienne ?
À noter aussi que la contre-attaque du groupe d’experts Zerobubbole, traduite en français par Zéro Pointé et qui omet savamment de très nombreux points de la controverse, pour donner des interprétations souvent tirées par les cheveux de ceux qu’elle aborde, n’a fait qu’augmenter l’audience pour le livre et le DVD. Ce phénomène est récurrent dans tous les autres pays d’Europe et au-delà.
Les causes convergentes
Giulietto Chiesa ne s’arrête surtout pas au 11 Septembre, qu’il contextualise en fournissant des hypothèses d’étude qu’il aimerait voir examinées par des économistes, journalistes et universitaires audacieux avant les 30 prochaines années… Par exemple, il soumet à leur sagacité, l’idée d’un complot "septembriste" ayant contribué à décaler la crise systémique actuelle entamée dès 2000, dont les puissances financières et immobilières ont sans doute compris la gravité potentielle bien avant les peuples (rappel dès 2000: Russie, Internet, Argentine, pétrole). La relance artificielle de l’économie américaine grâce au réarmement, aux exportations d’armes, au renforcement des implantations de forces du renseignement, paramilitaires et militaires, dans le monde entier, trouverait seulement aujourd’hui ses limites..
Son analyse se veut donc politique, et en cela il préfigure comment doit se passer l’éventuelle montée en puissance et la maturation du mouvement pour la vérité, dont les revendications doivent encore et toujours trouver leur place dans le concert d’attentes des peuples.
En particulier, Giulietto Chiesa a parfaitement compris la convergence de la cause avec celle des pacifistes et des défenseurs de la démocratie et des médias. Sur le blog de Beppe Grillo, il appelle à une véritable prise de conscience et signe avec un collectif d’intellectuels italiens. Le mouvement en France doit prendre exemple et aura besoin de renforcer ses alliances dans les années qui nous mènent au 10ème anniversaire. Avec son site Megachip, qui se bat pour une meilleure éducation au langage des médias tout spécialement à l’adresse de la jeunesse, Giulietto Chiesa brandit aussi l’étendard de la liberté des médias, et il envisage la création d’une webTV européenne permanente dédiée à une « cybercitonneté active » qui vienne donner un autre éclairage sur l’actualité internationale et la complicité des médias grand public.
À l’image de tous les drapeaux arc-en-ciel qui flottent toujours aux balcons des rues étroites de Rome, Florence ou Milan, nombre de sites Web et d’initiatives pour la paix, pour le désarmement, et pour la vérité en politique, viennent se joindre au Mouvement pour la Vérité sur le 11/9, comme http://www.pandoratv.it/ , http://www.antimafiaduemila.com, ou encore http://www.comedonchisciotte.org/site/index.php. Ils relaient régulièrement l’actualité nationale et internationale sur le 11 Septembre.et rappellent l’attachement historique et toujours fervent de la population italienne aux valeurs de Paix et de Solidarité, dans un pays marqué par les drames de la mafia. Souvenons-nous de l’affaire récente déclenchée par le film « Gomorra » sur la mafia napolitaine, ou encore du passé violent des années de plomb marquées par les affaires Mattéï, Aldo Moro, les brigades rouges et les milices Gladio. [Lire à ce propos l'excellent livre de Daniele Ganser : Les armées secrètes de l'OTAN" - Ndlr],
Giulietto Chiesa n’est pas le seul homme public d’envergure à attirer l’attention de ses contemporains sur la nécessité d’une nouvelle enquête. L’excellent livre de Robert Quaglia « Il Mito dell’11 settembre », présent dans les rayons des principales librairies, recense méticuleusement tous les arguments développés par les contestataires de la thèse officielle. Robert Quaglia a organisé récemment des présentations de son livre comme lors de sa conférence tenue dans la grande librairie Feltrinelli de Gênes fin 2008.
Un autre pôle important du mouvement italien est organisé par Massimo Mazzucco autour de son site Luogocomune.net ["Lieux communs" - NdT], et de deux films remarquables « Inganno globale » (La tromperie généralisée), et « Il nuovo secolo americano » (Le nouveau siècle américain) parrainé par des célébrités comme Costa Gavras, Wim Wenders ou encore Ken Loach. Ces deux longs-métrages sont complémentaires et replacent le 11/9 dans son contexte historique, faisant référence au PNAC (Project for a New American Century), au Pic pétrolier et aux lobbies industriels américains, et proposent aussi une enquête détaillée sur les failles et les incohérences de la version officielle des événements.
Cependant, après le coup de feu engendré par par la sortie de "Zéro" fin 2007, l’activité médiatique autour du Mouvement pour la vérité sur le 11/9 s’est peu à peu ralentie en 2008, beaucoup moins d’émissions télé ou radio, d’articles de fond dans les grands journaux italiens. Bien sûr, les articles occasionnels de Giulietto Chiesa dans les quotidiens La Stampa ou Liberazione à propos du conflit en Géorgie, de la guerre en Afghanistan ou des problèmes de stratégie internationale ont permis aux lecteurs italiens attentifs de conserver une certaine vigilance, mais ces sursauts sont malheureusement restés sporadiques. Même la visite à Rome de l’écrivain David Ray Griffin en octobre 2008, accompagné de Giulietto Chiesa, et qui a rempli les allées de la grande librairie MelBookStore n’a pas vraiment fait de vagues dans la presse transalpine.
Ce n’est que très récemment, fin août 2009, que l’attention sur les événements du 11 Septembre a été relancée, suite à la parution de la traduction italienne du livre-révélation de Philip SHENON « The Commission, the uncensored history of the 9/11 Investigation »– dont on attend toujours une traduction en France depuis sa publication aux États-Unis. En effet, pour la 1ère fois depuis plus d’un an, on a pu lire dans « Il Venerdi de La Repubblica » , grand journal intellectuel de gauche où signent Umberto Eco, Giorgio Bocca ou Bernardo Valli, un article de Carlo Bonini reprenant à son compte les constatations accablantes du journaliste américain du New York Times, Philip Shenon, notamment en insistant sur le noyautage gouvernemental complet de la Commission d’enquête sur le 11/9, au travers de son bureau exécutif, et du personnage trouble de Philip Zelikow qui en fut le directeur et surtout l’ultime rédacteur du rapport final. Cet article de Bonini marque un virage net par rapport aux précédentes positions prises par ce journaliste et représente sans aucun doute l’événement majeur de ces derniers mois dans le paysage médiatique italien, comme le souligne plus bas Giulietto Chiesa que nous sommes allés interviewer à l’occasion de cette 8ème commémoration des attentats.
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GeantVert