"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

3 mai 2011

Obama annonce que Ben Laden est mort


Barack Obama a annoncé qu’Oussama Ben Laden a été tué dans un raid au Pakistan. Cela met fin aux polémiques qui depuis presque 10 ans ponctuent l’actualité au fil de ses réapparitions essentiellement sous forme d’enregistrements audio, lesquels enregistrements ne parvenaient d’ailleurs plus à convaincre même des responsables français du Renseignement comme Alain Chouet.

Chose étrange, la seule photo disponible du corps de Ben Laden est un photo-montage datant de plusieurs mois. Et encore plus étrange, son corps aurait été immergé (détruit ?) en pleine mer, ce qui "serait totalement contraire aux règles sacro-saintes de l’islam" d’après la grande Mosquée de Paris (!)

Rappelons que la fiche du FBI concernant Oussama Ben Laden ne mentionne pas le 11-Septembre et que sa revendication des attentats du 11/9 repose uniquement sur deux « vidéos-confession » suspectes. Il n’en reste pas moins, "Ben Laden ne parlera pas", et que personne dans la presse internationale ne semble l’avoir encore souligné, se contentant de célébrer la "victoire personnelle d’Obama".

Une cérémonie funéraire s’est déroulée pour Oussama Ben Laden sur le pont du porte-avions américain Carl-Vinson, en mer d’Oman, dans le respect des traditions musulmanes, avant que son corps ne soit laissé à la mer, a affirmé lundi un haut responsable américain de la Défense.

La cérémonie a débuté lundi à 05h10 GMT et s’est terminée cinquante minutes plus tard, a précisé à des journalistes ce haut responsable s’exprimant sous couvert d’anonymat.

"Les procédures traditionnelles pour les cérémonies funéraires islamiques ont été suivies", a-t-il soutenu.

Le corps de Ben Laden a été lavé puis placé dans un linceul blanc lui même déposé dans un sac lesté. Un officier a lu un texte religieux qu’un interprète a traduit en arabe, a-t-il précisé.

Le corps a ensuite été posé sur une planche que l’on a basculée pour faire glisser le corps dans l’océan.

L’un des onze porte-avions américains se trouve en permanence au large des côtes pakistanaises pour que ses avions embarqués prennent part au conflit en Afghanistan.

L’islam contre l’immersion en mer d’un corps

L’islam est opposé à l’immersion en mer, a déclaré lundi au Caire un responsable al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite, après des informations en ce sens concernant le corps du chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

"S’il est vrai que l’on a jeté son cadavre en mer, l’islam est tout à fait contre", a déclaré Mahmoud Azab, conseiller du grand imam Ahmad al-Tayeb pour le dialogue inter-religieux. "L’islam est totalement contre ce genre de comportement", a-t-il ajouté, en précisant qu’une déclaration en ce sens du grand imam allait être diffusée.

"Le corps a une certaine dignité, qu’il s’agisse d’une personne assassinée ou décédée de mort naturelle. Il faut respecter le corps d’un être humain, croyant ou non, musulman ou non", a-t-il souligné.

Le corps d’un musulman doit être lavé par des hommes de confession musulmane et inhumé dès que possible, généralement dans les 24 heures suivant le décès. En général, un linceul blanc recouvre le corps.

Oussama Ben Laden mort, les Etats-Unis peuvent envisager un retrait d’Afghanistan en affirmant avoir rempli leur mission. Expert suisse en sécurité, Albert Stahel souligne le rôle du Pakistan, qui a pu utiliser Ben Laden comme monnaie d’échange.

Professeur d’études stratégiques à l'Université de Zurich, Albert Stahel estime aussi que la mort du principal responsable des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington va susciter des représailles, avant tout contre les intérêts américains.

Un avis partagé par le directeur de la CIA Leon Panetta. Selon lui, il est «presque certain» que les terroristes vont tenter de venger Oussama Ben Laden, tué dans la nuit de dimanche à lundi dans une luxueuse villa à deux heures de route d’Islamabad, au cours d’une opération américaine dont le Pakistan, officiellement, n’avait pas été averti.

Par le passé, le Pakistan a été critiqué pour son rôle ambigu à l’égard de Ben Laden. Comment ce dernier a-t-il pu éviter la capture si longtemps?

Albert Stahel: Les Pakistanais l’ont protégé. Il était une sorte de monnaie d’échange. Les Pakistanais pouvaient dire: ‘Nous avons Ben Laden et aussi longtemps que c’est le cas, nous avons la possibilité de faire pression sur les Américains et d’avoir une influence accrue’.

Grâce à cette monnaie d’échange, ils ont ensuite pu dire: ‘Nous oublions Ben Laden, vous pouvez l’avoir, mais vous devez offrir quelque chose en retour’. J’ai l’impression que le point très important ici, c’est le retrait américain d’Afghanistan. 2014 – la date du début de ce retrait – est un des facteurs importants à garder en tête.

Quelles sont les conséquences de la mort de Ben Laden pour les Etats-Unis?

A.S.: La période qui a suivi les attentats de 2001 est maintenant terminée et les Etats-Unis ont triomphé. Les opérations américaines en Afghanistan arrivent à leur terme. Le président Obama peut maintenant dire: ‘Nous avons défait Al-Qaïda, nous pouvons donc nous retirer d’Afghanistan’.

J’ai l’impression qu’un accord a donc été passé entre Pakistanais et Américains parce que sans les Pakistanais, une telle opération n’aurait pas été possible.

Et quelles sont les conséquences de cette mort pour le leadership d’Al-Qaïda et ses groupes affiliés?

A.S.: Vers la fin de sa vie, Ben Laden n’était plus qu’une figure symbolique, il n’était plus impliqué dans la conduite des opérations terroristes d’Al-Qaïda.

Il va devenir un martyr – quelque chose comme un saint – et sa mort va envoyer un signal aux reliquats d’Al-Qaïda, et leur donner davantage d’élan en perspective de leurs prochaines actions.

Il faut donc s’attendre dans le monde à des violences en représailles?

A.S.: Oui, bien sûr. Il y aura surtout des attaques contre les institutions et les citoyens américains. La situation peut dégénérer – elle était calme depuis un moment.

Certains groupes reçoivent un nouvel élan. Au Yémen, l’importance d’Al-Qaïda a toujours été grande, et c'est le cas aussi en Afrique du Nord.

«La position du Pakistan manque à nos yeux de clarté, j'espère que nous aurons plus de clarté», a déclaré Alain Juppé devant la presse, avant de recevoir dans la soirée à Paris le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani.


«J'ai un peu de mal à imaginer que la présence d'une personne comme Ben Laden dans un compound («complexe») important dans une ville relativement petite ait pu passer complètement inaperçue. C'est un sujet d'interrogation», a-t-il ajouté.

«Justice est faite.» Triomphant, le président Barack Obama a annoncé la nouvelle à 5 h 30 hier matin de la Maison-Blanche: le leader d'al-Qaïda a été tué dimanche dans un raid mené par les forces américaines qui le traquaient depuis presque dix ans. Une page se tourne. Il n'empêche que cette élimination pose de très nombreuses questions sur l'enchaînement de circonstances qui ont permis l'issue de cette chasse à l'homme qui s'éternisait et sur le visage du terrorisme de l'après-Ben Laden. Eclairages.


Pourquoi cette liquidation aujourd'hui seulement?

Les services de renseignement américains avaient trouvé une piste menant à Ben Laden au mois d'août 2010. Il aura fallu attendre plus de huit mois de surveillance et de traque pour coincer le chef taliban. «Le moment de communiquer cette bombe a peut-être été choisi par Obama», avance Gérard Chaliand, géostratège et spécialiste des conflits armés. «Cet événement le sert pour sa campagne électorale. Il va redorer son image.» D'autant qu'il est en petite forme dans les sondages.

Et puis, le président américain a subi de nombreuses revers dans la région, en particulier en Afghanistan. L'année 2010 a été de loin la plus meurtrière pour les forces américaines en Afghanistan. L'évasion record du 25 avril dernier de 500 détenus talibans d'une prison afghane n'a rien arrangé.

A qui profitera ce succès?

Barack Obama est le grand gagnant de l'opération. Il s'est d'ailleurs attribué le mérite du succès de l'attaque dans son discours d'hier. Il faut dire qu'Obama a réussi là où George W. Bush a échoué. Il a choisi l'action coup de poing ciblée plutôt que le recours aux invasions massives aux effets désastreux. Obama a aussi saisi l'importance de la qualité du renseignement. «La lutte contre des choses aussi évanescentes et changeantes que le terrorisme ne peut pas fonctionner sans bon renseignement au départ. C'était l'erreur de Bush fils», avance Denis Lacorne, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri). Obama a pris le contre-pied de la politique antiterroriste du va-t-en-guerre Bush. La guerre globale contre al-Qaïda appartient au passé. Le président Obama a d'ailleurs tenu un discours apaisant envers le monde musulman au Caire en juin 2009. L'ennemi est le terroriste, pas l'islam.

Pourquoi Ben Laden se planquait-il dans une ville plutôt qu'en montagne?

On imaginait Ben Laden terré dans les grottes le long de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan. C'est d'ailleurs du côté de Tora Bora, en région afghane, que les Américains avaient tenté de le déloger dans la foulée du 11 septembre 2001. Mariam Abou Zahab n'a jamais cru à ces refuges en altitude. «Il ne pouvait pas se cacher en zone tribale où il aurait été facilement repérable.» Les tribus mal contrôlées, les déplacements incertains, une tête mise à prix pour 25 millions de dollars: autant de risques d'être démasqué dans les montagnes. Il s'est finalement installé à Abbottabad, une station touristique située à 60 km de la capitale Islamabad. Un complexe luxueux tellement sécurisé qu'il n'y avait pas de téléphone ni d'internet.

Quel est le rôle du Pakistan dans cette opération?

Le Pakistan est officiellement allié dans la lutte contre le terrorisme. Mais dans les faits, les Etats-Unis n'ont jamais obtenu la coopération souhaitée jusqu'à présent. «Les autorités pakistanaises jouent un double jeu», affirme Denis Lacorne. «D'un côté, elles disent qu'elles veulent détruire Ben Laden et de l'autre, elles ne procèdent qu'à quelques arrestations. Les autorités ont fermé les yeux sur Ben Laden.» Le Pakistan aurait fait un geste en laissant passer les hélicoptères des forces spéciales, selon Gérard Chaliand: «Ce pays devait lâcher quelque chose aux Américains et ça a été les talibans avec lesquels le gouvernement pakistanais menait un jeu difficile. Par ailleurs, le Pakistan est un pays en faillite complète politique, économique et sociale.» Et on ne crache pas sur un susucre de 50 millions de dollars... La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a d'ailleurs remercié hier le Pakistan pour son aide dans cette opération. Hier matin, un haut responsable américain déclarait pourtant que pour ne pas ruiner l'attaque, les Etats-Unis avaient préféré mettre en place la surveillance de quatre ans sans en toucher un mot aux autorités. Avant de fondre sur Ben Laden. Dans le plus grand secret, vraiment?

Al-Qaïda s'en remettra-t-elle?

Décapitée, al-Qaïda n'est pas morte pour autant. La première organisation terroriste internationale mobilise toujours ce sentiment de haine envers l'Occident. «Les racines d'al-Qaïda sont très profondes», éclaire Mariam Abou Zahab, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris (IEP). «Et les causes sont toujours là: mainmise américaine sur le pétrole de l'Arabie saoudite, drame palestinien, l'ingérence américaine...» L'organisation s'est toutefois affaiblie militairement ces dernières années. Sa capacité à planifier, financer et lancer des attaques s'est largement réduite. Ben Laden est moins actif, plus préoccupé à se cacher qu'à mener al-Qaïda sur le plan opérationnel. «Après le 11 septembre, on annonçait des révolutions dans le monde arabe et rien ne s'est passé», rappelle Gérard Chaliand. «Al-Qaïda n'a pu déstabiliser aucun régime. Elle n'a pas réussi à faire ce que les mouvements anarchistes ont réussi avant elle.» Un bilan en demi-teinte donc, même si le mouvement a plus de 120 attentats et 8500 morts à son triste palmarès. Mais al-Qaïda va survivre à la disparition de son leader, présume Gérard Chaliand. Le numéro 2 d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, devenu le principal idéologue du réseau, va y veiller. Même s'il ne possède ni le charisme, ni l'aura de Ben Laden. Il est aujourd'hui l'homme le plus recherché au monde.

Peut-on redouter des représailles terroristes?

Sitôt la liquidation de Ben Laden annoncée, les appels à la vengeance ont fleuri sur les sites internet djihadistes. Al-Qaïda affaiblie, ce sont les cellules inspirées du mouvement qui poursuivront la guerre sainte. Al-Qaïda est une sorte de label avec des franchises autonomes qui pullulent dans le monde, du Maghreb à l'Asie en passant par le Yémen. L'organisation mère n'a plus aucun contrôle sur cette nébuleuse terroriste. Et elles pourraient tenter des actions symboliques. Des groupuscules très actifs comme Aqmi ont une capacité opérationnelle non négligeable. «Le Pakistan va vivre des moments difficiles», prédit Mariam Abou Zahab. «Il faut aussi s'attendre à une flambée de violence partout dans le monde.»