"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

12 septembre 2009

11 Septembre : ils ont la grosse tête !

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Dans les années post 11 Septembre, le nombre de preuves permettant de réfuter la version officielle du gouvernement a considérablement augmenté. Et le nombre de professionnels très respectés et titrés qui mettent en doute la version officielle a augmenté de la même façon. Pourtant, à l’immense déception du mouvement international pour la vérité sur le 11 Septembre, le fait est qu’il n’y a pas de demandes largement diffusées et répandues, pour une nouvelle enquête officielle approuvée par le gouvernement. Le mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre est le prototype même d’un mouvement marginalisé, de ceux qui ne disparaissent jamais bien qu’ils ne parviennent pas à des résultats vraiment significatifs, ce qui dans ce cas signifierait remplacer des mensonges officiels, par la vérité officielle. Qu’est ce qui a bien pu aller de travers ?

Tout comme la définition de l’insanité, la marque de fabrique des mouvements retranchés mais marginalisés est qu’ils continuent de poursuivre exactement la même stratégie et les mêmes tactiques qui ne sont pas parvenues à produire des résultats tangibles. Ils se bercent d’illusions, expriment une pensée sur la défensive, et agissent comme si le monde au sens large devait un jour ou l’autre finalement se réveiller, voir la lumière, et embrasser la vérité. Les années, et bientôt les décennies, passent, mais ce statu-quo « Don Quichottesque » demeure incrusté, comme coulé dans un discours intellectuel bétonné. Il n’y a pas de tumeur au cerveau sur laquelle rejeter la faute. Ni d’hypnose en masse de véritables convaincus à prouver. Il n’y a qu’un monumental désintérêt au sein de la culture dominante, de la classe politique, et du grand public bien plus impliqué dans d’autres causes, problèmes et mouvements.

Au mieux, le mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre attire une maigre attention du public lorsqu’il est tourné en ridicule et diffamé, désigné comme le modèle de l’insanité persistante des « conspirationnistes ».

Ne vous méprenez pas ! J’ai conclu il y a quelques années, après avoir exploité mes compétences professionnelles en matière de sciences de l’ingénierie et des matériaux pour étudier les preuves, que la version officielle du gouvernement est un mensonge. En tant qu’ancien professeur d’ingénierie à part entière, je crois fermement que des éléments du gouvernement américain furent impliqués comme contributeurs (et pas seulement facilitateurs) de la tragédie du 11 Septembre, mais cela n’élimine pas nécessairement le rôle des terroristes publiquement rendus responsables des événements. La science, la logique, les faits attestés, et ma pensée critique m’ont amené à ce constat.

Qui devrions-nous désigner comme coupables pour l’échec du mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre à redresser la mémoire de l’Histoire et, mieux encore, à identifier ceux qui, au sein du gouvernement, transformèrent le 11 Septembre en excuse pour partir en guerre, afin de les accuser, de les poursuivre, et de les punir pour leurs actes criminels ?

Il est trop facile de faire porter la responsabilité aux medias grand public et à la classe politique pour avoir refusé d’exiger et de mener une enquête véritablement explicite, crédible, indépendante, scientifique et technique. Le Président Obama, avec sa conviction tenace de regarder en avant, et non en arrière, est le parfait exemple d’un état d’esprit national qui évite la quête pénible de la vérité et de la justice qui seraient susceptibles de produire encore plus de désillusions publiques face au gouvernement, et qui alimenteraient la conviction que la démocratie américaine est au mieux faible, au pire une illusion.

Les mouvements marginalisés sont toujours en concurrence pour capter l’attention du public. Il y a toujours des questions nationales innombrables et des problèmes qui alimentent de nouveaux mouvements et distraient le public. Il y en a eu beaucoup depuis le 11 Septembre, et pas des moindres, comme la dernière campagne présidentielle suivie de la difficile récession économique, et à présent les attaques de l’aile droite contre la réforme du système de santé. Le mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre est l’illustration d’un échec total à concurrencer avec succès ces autres événements et mouvements.

Cela peut s’expliquer de plusieurs manières. Le mouvement pour la vérité n’a pas été capable de tirer suffisamment profit pour le public, de sa mise en doute de la version officielle du gouvernement et de la poursuite d’une nouvelle enquête. Que pourrait y gagner l’américain moyen ? Est-ce qu’une preuve irréfutable de l’implication du gouvernement le ferait se sentir mieux, plus en sécurité, plus patriote ? Apparemment non. En fait, c’est exactement l’inverse. Par sa nature même, la question du 11 septembre menace beaucoup de certitudes, pour qui tente de découvrir la vérité : encore moins de confiance dans le système politique américain, les membres du gouvernement, et les fonctionnaires. Encore plus de raisons de méditer sur les pertes incroyables en vies humaines et en richesse nationale qu’implique la poursuite de la guerre en Irak [et en Afghanistan, NdlR]. En d’autres termes, révéler la vérité sur le 11 Septembre offre le spectre d’une gigantesque « gueule de bois » nationale. Inversement, cela montrerait au monde entier l’intégrité qui existe au sein de la démocratie américaine.

La seconde explication de cet échec est que le mouvement pour la vérité lui-même en est en grande partie responsable. Il est plein d’activistes intéressés, egocentriques, accros (souvent davantage motivés par la promotion de leurs théories fétiches) incapables de poursuivre des stratégies destinées à faire face et à dépasser des réalités épouvantables et provocantes. Le mouvement pour la vérité est devenu un artisanat source de revenus et de sens pour beaucoup d’individus et de groupes qui noient les activistes engagés dans un bric à brac de sites interminables, de discussions publiques, de vidéos et de livres. Ils prêchent le plus souvent des convaincus. Les applaudissements remplacent les résultats tangibles. En particulier, cela inclut la croyance simpliste qu’en révélant des faits et des preuves techniques, scientifiques et d’ingénierie, le public et la classe politique seront bien obligés de voir la lumière. C’est la nuit qui a prévalu.

On trouve des preuves de cela dans les vues sur le mouvement pour la vérité exprimées il y a quelques jours par Ben Cohen dans le « Huffington Post » : « J’ai fait quelques recherches sur le sujet, mais je me suis arrêté assez vite lorsque je me suis rendu compte que : Toute alternative au compte rendu officiel est tellement absurde qu’elle ne peut tout simplement pas être vraie ; Aucun journal scientifique réputé n’a jamais pris au sérieux la « science » des conspirationnistes ; Les preuves en faveur de la version officielle sont accablantes, alors que les Chercheurs de Vérité n’ont pas encore produit la moindre trace de preuve concrète selon laquelle des membres du gouvernement américain ont planifié les attentats à New-York et à Washington ». De façon similaire, dans le London Times, James Bone a écrit récemment qu’un « épouvantable assortiment de théoriciens de la conspiration insiste sur le fait que les attentats du 11 Septembre contre les Etats-Unis furent un coup monté de l’intérieur. Il est facile de se moquer de cette bande de hippies délurés sur le retour, d’anarchistes et d’antisémites ». Les chercheurs de vérité se retrouvent toujours face au sommet d’une colline très abrupte pour aller livrer bataille.

Un mensonge habituel sur le mouvement pour la vérité est de dire qu’il n’y a jamais eu d’articles scientifiques le soutenant, dans des journaux à comité de lecture. Mais ceux qui s’opposent au mouvement pour la vérité trouvent et trouveront toujours des façons d’attaquer toute preuve scientifique quelle qu’elle soit, qui sera produite et publiée. Pour que le mouvement réussisse, il lui faudra plus que de la bonne science et des faits.

A part le fait que le mouvement contient bien trop d’authentiques cinglés (peut-être pour essayer de le subvertir), un problème plus important réside dans ce qui lui a manqué : une stratégie politique efficace. Hormis promouvoir des résultats scientifiques et des porte-parole plus crédibles, il n’a rien accompli pour faire d’une nouvelle enquête sur le 11 Septembre une question visible au cours de la dernière campagne présidentielle [souvenez-vous : depuis la France, l’initiative de ReOpen911 sur le site http://www.change.org/ideas qui fit très vite tache d’huile fut censurée par ses administrateurs, NdlR]. Il n’a rien fait d’efficace pour mettre la pression sur un nouveau Congrès contrôlé par les Démocrates afin qu’il examine la possibilité légale d’autoriser et de financer une nouvelle enquête crédible.

A son crédit, « Architects and Engineers for 9/11 Truth » a bien une pétition destinée au Congrès, qui demande une nouvelle enquête, mais avec moins de 5000 signataires. L’effort de la pétition en cours à New-York City est louable, avec un peu moins de 75000 signataires, mais il faut une action nationale. En étant pragmatiques, ces deux efforts manquent d’envergure, comparés à d’autres campagnes tournées vers l’action politique. Pour obtenir à la fois l’attention des medias, et un soutien politique, le mouvement a besoin de cent fois plus de membres de soutien informés, désireux de faire bien plus que signer une pétition [situation vécue par ReOpen911 qui appelle régulièrement aux vocations dans toutes les spécialités de l’activisme militant, NdlR].

Le dixième anniversaire du 11 Septembre arrivera vite. L’opportunité qui se présente est de faire du 11 Septembre une question-clé de la campagne présidentielle de 2012. Ceux qui se bercent le moins d’illusions et qui ne sont pas sur la défensive au sein du mouvement pour la vérité devraient repenser profondément et sérieusement à ce qui a besoin de changer pour accomplir l’objectif principal : obtenir une enquête officielle qui contraigne la plupart des gens et l’Histoire à accepter les faits, aussi pénibles soient-ils, y compris la possibilité qu’elle ne trouve aucune preuve tangible de l’implication du gouvernement.
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Joel Hirschhorn