Voici un rappel de la version officielle des principaux événements de la journée du 11 septembre 2001.
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8h46 – le vol American Airlines 11 percute la tour Nord du World Trade Center à New York.
9h02 – le vol United Airlines 175 percute la tour Sud du World Trade Center.9h37 le vol American Airlines 77 percute le Pentagone à Washington.
9h59 la tour Sud du World Trade Center s’effondre.
10h03 – le vol United Airlines 93 s’écrase dans un champ près de Shanksville, en Pennsylvanie.
10h28 – la tour Nord du World Trade Center s’effondre.
17h20 – fait méconnu : haut de 47 étages, le World Trade Center Building 7 (ou Salomon Brothers Building) s’effondre sans avoir été frappé par un avion.
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Entrons dans le vif du sujet avec une interrogation fort simple en apparence. Cette célèbre catastrophe constitue incontestablement la plus importante attaque terroriste de toute l’histoire de l’humanité; de ce fait, ne méritait-elle pas d’être assujettie aux investigations les plus rigoureuses? Bien entendu.Considérant les conséquences prévisibles découlant de la réaction américaine instantanée de diviser la planète en deux groupes distincts on ne pouvait dès lors plus être qu’avec les États-Unis ou avec les terroristes n’était-il pas normal d’ouvrir sans délai une investigation internationale crédible et sérieuse dans le but de corroborer ou d’infirmer, de manière indépendante, les conclusions hâtives des autorités américaines?Probablement. Mais l’histoire en décida autrement.Le Général Tommy Franks, qui se trouvait à la tête du Commandement Central des États-Unis lors des attaques du 11 septembre, reçut l’ordre de se préparer à déraciner les talibans en Afghanistan et de capturer Oussama Ben Laden dans les heures suivant l’événement. Et, comme le rapportait CBS News, le secrétaire à la Défense, Donald Rumseld, demandait à ses assistants de lui fournir des plans pour attaquer l’Irak seulement cinq heures après que le Pentagone fut frappé, en dépit du fait qu’aucune preuve ne liait le pays de Saddam Hussein aux attaques.Puis, les jours qui suivirent devinrent des semaines, et se transformèrent en mois sans qu’une investigation officielle ne soit mise sur pied.
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Étrangement, l’administration de George W. Bush s’opposa résolument à ce qu’une commission d’enquête soit créée pour examiner les attentats de plus près, alors même que les soldats américains débarquaient en Afghanistan.Mais pourquoi donc s’opposer farouchement à l’établissement d’une commission d’enquête? Quel pouvait être le véritable intérêt des dirigeants américains à désirer éviter une investigation sur ce sujet? Puisque l’un des objectifs de cet ouvrage consiste à sonder la validité des rumeurs d’implication du gouvernement des États-Unis dans le complot du 11 septembre, peut-être devrions-nous demander directement si la crainte d’éventuelles révélations embarrassantes pouvait se trouver derrière l’opposition de l’administration Bush à procéder à une telle investigation.
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Cependant, au cours des mois suivant les tristes événements, une pression de plus en plus insistante provenant à la fois des familles des victimes, de certains médias ainsi que de l’intérieur même du corps politique américain se fit sentir auprès de l’administration Bush pour qu’une commission d’enquête soit enfin établie. Si bien que finalement, un an après les attaques et l’invasion de l’Afghanistan, le président Bush accepta de réviser sa position et d’autoriser la création d’un comité chargé d’enquêter sur les attentats, comme l'a rapporté CNN le 20 septembre 2002.« Lors d’une décision applaudie par les Démocrates, le président Bush est revenu sur sa décision et a accepté la formation d’une commission indépendante devant mener une ˝enquête focalisée˝ sur les attaques terroristes du 11 septembre qui ira au-delà des échecs des agences de renseignements déjà examinés. [...]
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Leader de la minorité à la Chambre des représentants, le démocrate du Missouri Dick Gephardt a accueilli positivement l’annonce de la Maison Blanche.˝Je suis encouragé que la Maison Blanche ait mis un terme à son opposition à une commission indépendante pour investiguer tous les aspects des attaques terroristes du 11 septembre˝, a-t-il déclaré. [...]»Annoncée haut et fort comme étant indépendante, cette commission d’enquête vit tout d’abord Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État de précédentes administrations américaines, être nommé à sa barre en décembre 2002.
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Dès sa nomination toutefois, les critiques fusent de toutes parts. Réputé pour avoir trempé dans plusieurs histoires controversées, guerres et autres opérations clandestines (Bangladesh, Chili, Vietnam, Timor Oriental, Argentine, pour n’en nommer que quelques-unes), Kissinger était aussi perçu comme étant trop près de l’administration Bush et de certains intérêts arabes pour pouvoir diriger l’investigation. Le New York Times consacra d’ailleurs un éditorial à l’affaire, avançant que Kissinger avait été « choisi pour contenir une investigation à laquelle l’administration s’oppose depuis longtemps ». Si bien que George W. Bush se voit rapidement forcé de retirer Kissinger du projet. Il se tourna alors vers un ancien gouverneur républicain de l’État du New Jersey, Thomas H. Kean, pour diriger la Commission d’enquête, qui allait être composée de dix commissaires, tous des politiciens représentant équitablement les allégeances républicaines et démocrates. Ainsi le sort fut-il scellé. Le peuple pouvait dormir tranquille, l’investigation de la pire attaque terroriste de l’histoire se retrouvait dorénavant en mains sûres, celles de politiciens.Mais comment expliquer un délai aussi long avant d’autoriser la mise sur pied d’une commission d’enquête? Il s’écoula précisément 441 jours (un an, deux mois et 15 jours) avant qu’on accepte d'ouvrir l'investigation. Et ce n’est que le 31 mars 2003, douze jours après la déclaration de guerre à l’Irak, que s’ouvrit enfin la première séance publique de la commission.Il est intéressant, à ce sujet, de comparer ces 441 jours écoulés avec les délais de réaction pour lancer les investigations sur diverses tragédies. Par exemple, il fallut seulement sept jours pour ouvrir une commission d’enquête sur la mort de John F. Kennedy, et autant de jours pour examiner la tragédie de la navette Challenger, tandis que la première investigation sur l’attaque de Pearl Harbor fut annoncée après seulement neuf jours. Suite au naufrage du Titanic, il ne s’écoula que six jours avant l’annonce de l’investigation. Il paraît donc à nouveau justifié de s’interroger : pourquoi une attente de 441 jours avant l’introduction d’une commission d’enquête sur les pires attentats terroristes de l’histoire?
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Côté budget, le portrait n’est guère plus rassurant. Trois millions de dollars furent initialement alloués à la commission chargée d’enquêter sur les attentats du 11 septembre. Puis, se retrouvant une fois de plus sous pression, l’administration Bush courba l’échine et haussa le budget à 11 millions. Ce montant demeure néanmoins nettement inférieur au budget de 40 millions de dollars attribué à l’investigation sur le scandale Whitewater/Monica Lewinski, qui avait éclaboussé l’ancien président Bill Clinton, exposant sa vie sexuelle au grand jour à la fin des années 90.Alors, où sont les priorités? N’est-il pas raisonnable d’affirmer que les minces trois millions de dollars initiaux font piètre figure?Rappelons-nous ensuite l’une des réactions officielles des plus intéressantes, celle de l’un des principaux acteurs de la tragédie, Oussama Ben Laden, leader du réseau Al Qaeda. Très peu de gens se souviennent que le dimanche ayant suivi le 11 septembre, Ben Laden niait toute responsabilité envers ces attentats. En effet, voici un extrait d’article de CNN paru le 17 septembre 2001.
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« Le leader islamiste militant Oussama Ben Laden, l’homme considéré par les États-Unis comme étant le premier suspect derrière les attaques terroristes de la semaine dernière à New York et à Washington, a nié dimanche tout rôle dans les actions susceptibles d’avoir fait des milliers de victimes.
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Dans une déclaration émise par la chaîne satellitaire arabe Al Jazeera, basée au Qatar, Ben Laden a affirmé que ‘Le gouvernement des États-Unis m’a constamment blâmé d’être derrière chacune des occasions où ses ennemis l’ont attaqué.’‘Je désire rassurer le monde que je n’ai pas planifié les récentes attaques, qui semblent avoir été planifiées par des gens ayant des motifs personnels’, disait la déclaration de Ben Laden. [...]» Interrogé le même jour à savoir s’il tenait toujours Ben Laden responsable des attaques, le président George W. Bush répondait « Il ne fait aucun doute qu’il est le suspect principal. Aucun doute là-dessus », poursuivait l’article.Les jours suivants ces déclarations marquèrent une brève période de tractations diplomatiques pour le moins cavalières de la part des États-Unis envers l’Afghanistan, pays sensé abriter le prétendu coupable. La rhétorique américaine était simple : livrez-nous Ben Laden ou nous irons le chercher par la force. La réaction afghane ne tarda pas à venir, comme l’indiquait entre autres un article du service de nouvelles RTE : on exigeait des preuves que le chef d’Al Qaeda était véritablement derrière les attaques avant de collaborer. Or, la Maison Blanche refusa de fournir ces preuves et rejeta tout simplement la requête. Le secrétaire d’État de l’époque, Colin Powell, affirmait pourtant que les États-Unis disposaient de suffisamment de preuves pour accuser officiellement Ben Laden et lui ouvrir un procès en Cour américaine.
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Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir simplement fourni à l’Afghanistan les preuves demandées, et supposément disponibles, dans le but de parvenir à une entente pacifique? La réponse à cette question pourrait bien nous être parvenue quelques jours plus tôt dans un article de la BBC daté du 18 septembre 2001, dans lequel un diplomate pakistanais affirmait avoir été informé deux mois plus tôt par des officiels américains que les États-Unis prévoyaient déjà en juillet 2001 une attaque contre l’Afghanistan.
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« Un ex-diplomate pakistanais a affirmé à la BBC que les États-Unis planifiaient une action militaire contre Oussama Ben Laden et les talibans même avant les attaques de la semaine dernière.Niaz Naik, ancien secrétaire des Affaires étrangères du Pakistan, s’est fait dire à la mi-juillet qu’une action militaire contre l’Afghanistan allait se dérouler d’ici la mi-octobre.M. Naik a dit que des responsables américains lui avaient parlé du plan lors d’une rencontre de contacts internationaux, sous l’égide des Nations-Unies, tenue à Berlin.M. Naik a affirmé à la BBC qu’à cette rencontre, les représentants des États-Unis lui avaient dit qu’à moins que Ben Laden ne leur soit transféré rapidement, les américains entreprendraient une action militaire pour capturer ou tuer Ben Laden ainsi que Mullah Omar, leader des talibans. [...]M. Naik s’est fait dire que si l’action militaire survenait, elle aurait lieu avant la chute des premières neiges en Afghanistan, à la mi-octobre au plus tard. [...]Et il a dit qu’il doutait que Washington laisse tomber son plan même si Ben Laden leur était remis immédiatement par les talibans. » Une prédiction qui allait effectivement se concrétiser avec l’invasion américaine au début d’octobre 2001.Pourtant, encore aujourd’hui, Oussama Ben Laden n’est toujours pas blâmé pour les attentats du 11 septembre sur le site officiel du FBI.
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Voici plutôt ce qui y est mentionné.« [...] Oussama Ben Laden est recherché en lien avec les attentats à la bombe du 7 août 1998 sur les ambassades des États-Unis à Dar Es Salaam, Tanzanie, et Nairobi, Kenya. Ces attaques ont tué plus de 200 personnes. De plus, Ben Laden est un suspect dans d’autres attaques terroristes à travers le monde. [...]» En d’autres mots, même sept ans plus tard, les services de renseignements américains ne disposent pas d’assez de preuves pour accuser formellement Ben Laden d’être derrière les attentats du 11 septembre, mais cela ne les empêcha pas de donner le feu vert à une guerre internationale contre Al Qaeda et le terrorisme en général.Ce fut d’abord l’Afghanistan, puis l’Irak, en passant par la Somalie et le Liban, puis il est maintenant question de l’Iran et du Pakistan, pour n’en nommer que quelques-uns. Soulignons également que des déclarations similaires à celles du diplomate pakistanais, cité précédemment, vinrent plus tard de Paul O’Neill, ancien secrétaire au Trésor américain au sujet de l’Irak. En effet, un article du service de presse Reuters révélait en janvier 2004 que dès son entrée au pouvoir, soit neuf mois avant le 11 septembre, George W. Bush affichait l’intention d’envahir le pays de Saddam Hussein et qu’il recherchait un moyen d’y arriver.« L’ancien secrétaire au trésor, Paul O’Neill, révèle dans un nouveau livre que le président George W. Bush est entré au pouvoir en janvier 2001 avec l’intention d’envahir l’Irak et qu’il était à la recherche d’un moyen d’y parvenir.
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O’Neill, congédié en décembre 2002 lors d’un remaniement de l’équipe économique de Bush, est devenu le premier initié majeur de l’administration Bush à lancer une attaque sur le président. [...]Pour partir en guerre, Bush utilisa l’argument que l’Irak possédait des armes de destruction massive et qu’il devait être mis hors d’état de nuire dans un monde post-11 septembre 2001.
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Les armes ne furent jamais trouvées. [...]L’ancien secrétaire au Trésor ainsi que d’autres initiés de la Maison Blanche ont remis à [Ron] Suskind des documents révélant que dans les trois premiers mois de 2001, l’administration Bush examinait les options militaires pour se débarrasser de Saddam Hussein, a dit CBS. » L’ancien secrétaire au Trésor révélait de plus l’existence de mémos datant des trois premiers mois de la présidence de Bush, l’un d’eux intitulé « Plan pour l’Irak après-Saddam » alors qu’un autre était titré « Candidats étrangers pour les contrats de champs pétrolifères irakiens ».Serait-il possible que toute la question des armes de destruction massive, ayant servi d’argumentation de base en faveur de la guerre en Irak, n’ait été qu’un prétexte de convenance pour permettre à l’administration Bush de parvenir à ses fins?Après tout, certains des motifs potentiels pour envahir l’un des cinq pays les plus riches en ressources pétrolières au monde apparaissent plutôt évidents. L’économie mondiale étant basée sur le pétrole, la première superpuissance de la planète ne pouvait-elle pas être désireuse de mettre la main sur cette ressource si convoitée?
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Egger Ph.