Le président américain Barack Obama a annoncé le retrait d'ici l'été 2012 des 33'000 soldats envoyés il y a dix-huit mois en Afghanistan. Il a justifié sa décision par les coups infligés à Al-Qaïda.
Lors d'un discours télévisé de treize minutes, Barack Obama a en outre ordonné le rapatriement d'ici fin décembre de 10'000 des 99'000 soldats actuellement sur place. «Nous sommes au début -mais pas à la fin- de nos efforts pour terminer cette guerre», a-t-il déclaré.
Il s'est exprimé mercredi depuis la Maison Blanche. Son intervention survient environ deux mois après l'élimination au Pakistan d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda qui s'était servi de l'Afghanistan pour préparer les attentats du 11 septembre 2001.
Les documents récupérés dans la villa où a été tué Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda «souffre énormément». Ce mouvement islamiste est «incapable de remplacer efficacement» les hauts dirigeants du réseau qui ont été éliminés, a affirmé M. Obama.
Près de dix ans après le début de l'intervention qui avait chassé les talibans du pouvoir, M. Obama a dit qu'il y avait des «raisons de penser que des progrès peuvent être faits» dans les discussions avec les talibans en vue d'une solution politique au conflit.
Les Etats-Unis vont continuer de demander au Pakistan de «tenir ses engagements» dans la lutte contre le terrorisme et d'éliminer leurs sanctuaires sur son territoire, a ajouté le président américain.
Election présidentielle
En annonçant le début du retrait de ses forces dès le mois prochain, M. Obama a opté pour un calendrier plus rapide que celui préconisé par ses commandants sur le terrain. Il laissera encore plus de 65'000 soldats américains en Afghanistan à l'approche de l'élection présidentielle de novembre 2012, à laquelle il est candidat.
La Maison Blanche avait souligné à l'avance que le discours de M. Obama s'inscrirait dans la continuité de celui prononcé le 1er décembre 2009 à l'école militaire de West Point. Le président avait alors dévoilé une stratégie de renforts destinée à briser l'élan des talibans et à empêcher Al-Qaïda d'utiliser l'Afghanistan pour attaquer les Etats-Unis, comme pour le 11-Septembre.
«Revenir à la maison»
Il avait annoncé l'envoi de 30'000 soldats supplémentaires pour lutter contre l'insurrection, ensuite renforcés de 3000 membres de forces de soutien, portant le total à près de 100'000. S'y ajoutent actuellement 47'000 hommes de l'Otan, selon le Pentagone.
Il était aussi soucieux de ne pas s'engager dans une guerre sans fin. Il avait donc promis que dès juillet 2011, «nos soldats commenceront à revenir à la maison».
Coûteux engagement
Le président doit prendre en considération son opinion publique. Un sondage publié mardi affirme que 56% de ses compatriotes sont en faveur d'un retrait d'Afghanistan «aussitôt que possible».
En outre, en période de fort déficit budgétaire, de plus en plus de voix s'élèvent au Congrès pour demander la fin des opérations dans le pays. Leur coût est évalué à environ 10 milliards de dollars par mois (8,4 milliards de francs).
Réactions
Le secrétaire de la Défense américain Robert Gates appuie le choix du président. Le retrait partiel d'Afghanistan donne «assez de moyens, de temps» et de souplesse pour réussir et ne pas mettre en péril les progrès réalisés depuis un an et demi, s'est-il félicité.
Le chef de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, a toutefois mis en garde contre un retrait «précipité». Il a rappelé que les Etats-Unis étaient entrés dans le conflit pour empêcher Al-Qaïda de disposer d'un «sanctuaire» en Afghanistan.
Le Premier ministre britannique David Cameron soutient le président américain. Il s'est déclaré «entièrement d'accord» avec Barack Obama pour le maintien d'une «pression continue» sur les insurgés afghans en dépit d'une réduction des troupes, a annoncé jeudi Downing Street.
Les documents chez Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda «souffre énormément»
Les documents récupérés dans la villa où a été éliminé Oussama Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda «souffre énormément» et est «incapable de remplacer efficacement» les hauts dirigeants du réseau qui ont été éliminés, a affirmé mercredi soir le président américain Barack Obama.
«Les renseignements que nous avons récupérés dans la villa de Ben Laden montrent qu'Al-Qaïda souffre énormément», a affirmé M. Obama lors d'une déclaration solennelle depuis la Maison Blanche au cours de laquelle il a annoncé le début du retrait américain d'Afghanistan.
Ces documents indiquent que «Ben Laden était inquiet qu'Al-Qaïda se montre incapable de remplacer les chefs terroristes qui avaient été tués et du fait que (l'organisation) n'avait pas réussi à représenter l'Amérique comme une nation en guerre contre l'Islam», a indiqué le président.
Le chef d'Al-Qaïda a été éliminé le 2 mai par un commando américain alors qu'il se trouvait dans sa villa d'Abbottabad, à une centaine de kilomètres au nord d'Islamabad.
Al-Qaïda reste «dangereuse», a affirmé M. Obama, appelant à la «vigilance». «Mais nous avons mis Al-Qaïda sur le chemin de la défaite et nous n'arrêterons pas tant que le travail ne sera pas accompli», a-t-il ajouté.
Retrait français «progressif»
La France engagera «un retrait progressif» de ses renforts envoyés en Afghanistan. Cela «de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains», a annoncé jeudi matin l'Elysée dans un communiqué.
La déclaration de la présidence française fait suite à l'annonce d'un retrait d'ici à l'été 2012 du tiers des forces américaines stationnées en Afghanistan, soit 33'000 hommes. Nicolas Sarkozy «a souligné que la France partage l'analyse et les objectifs américains et qu'elle se félicite de la décision du président Obama», a-t-on ajouté de même source.
Le chef de l'Etat français «a confirmé que la France restera pleinement engagée avec ses alliés aux côtés du peuple afghan pour mener à son terme le processus de transition», a poursuivi l'Elysée. Quatre mille soldats français sont actuellement déployés en Afghanistan.
ATS