"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

18 octobre 2009

Daily Mail (UK) : « Oussama Ben Laden est-il mort il y a sept ans? »

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La dernière fois que nous l’avons entendu grincer des dents, c’était le 3 juin de cette année.

Le plus célèbre des terroristes internationaux avait damé le pion à l’Amérique en diffusant un message de menaces au moment où Air Force One atterrissait sur le sol d’Arabie Saoudite pour le début de la première tournée tant applaudie de Barack Obama au Moyen-Orient.

Avant même que le nouveau président ne pose le pied sur l’aéroport de Riad pour serrer la main du Prince Abdullah, les paroles de Ben Laden étaient retransmises à la radio, à la télévision et par internet sur tous les continents.

C’était un nouvel effet de propagande pour le chef d’al-Qaïda, âgé de 52 ans. Dans la bande audio transmise à la chaîne d’informations arabe Al Jazeera, Ben Laden expliquait que l’Amérique et ses alliés occidentaux étaient en train de semer les germes de la haine dans le monde musulman et méritaient d’en subir les conséquences désastreuses.

C’est le genre de diatribe que nous avions déjà entendue de sa part, et la réponse des services de renseignements britanniques et étatsuniens était tout aussi prévisible.

Ils mettaient l’accent sur le fait que des détails de l’enregistrement, sur la visite présidentielle et d’autres événements contemporains, prouvaient que le cerveau du 11 Septembre, la pire atrocité terroriste jamais subie par les USA, était encore vivant – et que sa traque devait continuer.

Ben Laden a toujours été accusé d’avoir orchestré l’horrible attentat – qui a coûté la vie à près de 3000 personnes – depuis huit années cette semaine. Le président George W. Bush avait fait de sa capture une priorité nationale, promettant honteusement comme à la belle époque du "Far West" de le prendre « mort ou vif. »

Le Département d’État US offrait une récompense de 50 millions de dollars pour connaître son repaire. Le FBI l’avait désigné comme un des dix fugitifs les « plus recherchés », demandant à la population de faire attention à un homme à la barbe grisonnante, gaucher et qui marche avec une canne.

Ce maître du terrorisme reste pourtant insaisissable. Il a échappé à la plus vaste et coûteuse chasse à l’homme de l’histoire, qui s’est déroulée à travers tou le Waziristan, ces 1500 miles de terres montagneuses inhospitalières aux confins de l’Afghanistan et du Pakistan.

Sans se décourager, Barack Obama a lancé une nouvelle opération pour le trouver. Travaillant avec l’armée pakistanaise, des unités d’élite étatsuniennes et des forces spéciales britanniques ont été envoyées au Waziristan cet été pour « traquer et tuer » ce personnage flou que ces agents du Renseignement désignent toujours comme « le principal objectif » de la guerre contre la terreur.

Cette nouvelle offensive est basée, bien entendu, sur le postulat que le terroriste du 11 Septembre est bien vivant. Après tout, il y pléthore « d’enregistrements de Ben Laden» pour le prouver.

Et si ce n’était pas le cas ? S’il était mort depuis des années et que les services secrets britanniques et étasuniens nous jouaient en réalité un double bluff ?

Et si tout ce que nous avons vu ou entendu de lui sur des bandes sonores ou vidéos depuis les premiers jours d’après le 11 Septembre était faux – et que les alliés occidentaux le maintenaient en « vie » pour encourager le soutien à la guerre contre la terreur ?

C’est incroyable, mais c’est la théorie ahurissante qui gagne du terrain parmi les commentateurs politiques, chez de respectables universitaires et même auprès de spécialistes du terrorisme.

Certes, il y a eu plusieurs théories conspirationnistes au sujet du 11 septembre, et cela pourrait bien en être une de plus.

Mais le poids des opinions qui penchent maintenant pour l’hypothèse que Ben Laden soit mort – et l’accumulation des indices qui la soutiennent – rend cette hypothèse digne d’examen.

La théorie avait d’abord été rendue publique au début de cette année par le magazine American Spectator et l’affirmation sans appel d’Angelo M. Codevilla, le rédacteur en chef, professeur de relations internationales à l’université de Boston et ancien officier du Renseignement : « Tout suggère qu’Elvis Presley est plus vivant aujourd’hui qu’Oussama Ben Laden. »

Le professeur Codevilla soulignait des incohérences dans les vidéos et affirmait qu’il n’existait aucun élément d’observation fiable sur Ben Laden depuis des années (par exemple, toutes les interceptions de communications du chef d’al-Qaïda ont soudainement cessé en 2001).

Le professeur Codevilla assurait : « Les bandes sonores et vidéos attribuées à Oussama n’ont jamais convaincu l’observateur impartial. Le type [sur les vidéos, NdT] ne ressemble tout simplement pas à Oussama. Certaines vidéos le montrent avec un nez sémitique, aquilin, tandis que d’autres le montrent avec un nez plus court et plus large. À côté de ça, les différences de couleurs et de styles de barbes ne sont que des broutilles. »

Il y a d’autres sceptiques. Le professeur Bruce Lawrence Head, chef du département d’études religieuses de l’université Duke et plus grand spécialiste de Ben Laden, soutient que le langage de plus en plus profane dans les bandes sonores et vidéos d’Oussama (ses premières étaient truffées de références à Dieu et au prophète Mohamed) ne cadre pas avec le caractère strict de son Islam, le Wahhabisme.

Il note que, dans une vidéo, Ben Laden porte des bagues en or sur les doigts, un ornement prohibé chez les adeptes du wahhabisme.

De nouvelles questions ont été soulevées cette semaine avec la publication aux États-Unis et en Grande-Bretagne d’un livre intitulé Oussama Ben Laden : mort ou vivant ?

Écrit par le professeur David Ray Griffin (1), philosophe et essayiste politique, ancien professeur émérite à la faculté de théologie de Claremont en Californie, il provoque une onde de choc – car il examine dans tous ses détails la mort supposée de Ben Laden et suggère qu’il y a eu dissimulation par l’Occident.

Le livre affirme que Ben Laden est mort d’une défaillance rénale ou d’une affection en rapport avec cette défaillance, le 13 décembre 2001 alors qu’il vivait dans les montagnes afghanes de Tora Bora près de la frontière avec le Waziristan.

Son enterrement a eu lieu dans les 24 heures, conformément au rite musulman, dans une tombe anonyme, comme le veut la coutume wahhabite.

L’auteur insiste pour dire que de nombreux enregistrements de Ben Laden réalisés depuis cette date ont été concoctés par l’Occident pour que le monde croie que Ben Laden est vivant. Le but ? Relancer un soutien déclinant à la guerre contre la terreur en Irak et en Afghanistan.

Pour comprendre la thèse de Griffin, nous devons nous remémorer la réaction de l’Occident au 11 Septembre, cette fatidique journée ensoleillée de 2001. En l’espace d’un mois, les USA et le Royaume-Uni avaient lancé des représailles aériennes massives dans la région de Tora Bora où, selon eux, ben Laden vivait en tant qu’« invité de l’Afghanistan ».

Cette offensive militaire ignorait le fait que Ben Laden avait auparavant dit nettement et à quatre reprises dans des déclarations officielles d’al-Qaïda à la presse arabe qu’il n’avait joué aucun rôle dans le 11 Septembre.

En fait, à la quatrième occasion, le 28 septembre, une quinzaine de jours après cette événement atroce, il avait déclaré avec force : « J’ai déjà dit ne pas être impliqué. En tant que musulman, je fais de mon mieux pour éviter de dire un mensonge. Je n’en ai pas eu connaissance… je ne considère pas non plus le fait de tuer des enfants, des femmes et d’autres humains innocents comme un acte digne d’estime. »

Dans les heures du 7 octobre marquées par les bombardements US sur Tora Bora, Ben Laden fit, pour la première fois, son apparition sur une bande vidéo. Habillé en treillis militaire et portant une coiffe islamique, un fusil d’assaut était posé derrière lui, dans une cache montagnarde bien éclairée. Fait significatif, il avait l’air pâle et amaigri.

Même s’il avait qualifié le président George W. Bush de « chef des infidèles » et avait vilipendé les États-Unis, il avait une fois encore rejeté toute responsabilité pour le 11 Septembre.

« L’Amérique a été frappée par Dieu dans un de ses points les plus sensibles. L’Amérique est emplie de crainte, du nord au sud, d’est en ouest. Dieu en soit remercié »

puis vint une nouvelle bande vidéo le 3 novembre 2001. À nouveau, un Ben Laden affaibli fustigeait les États-Unis. Il demandait instamment aux vrais musulmans de célébrer les attentats – mais ne reconnaissait à aucun moment avoir été impliqué dans cette atrocité.

Puis ce fut le silence jusqu’au 13 décembre 2001 – date à laquelle Ben Laden est décédé selon Griffin. Le même jour, le gouvernement US diffusait une nouvelle vidéo du chef terroriste. Dans l’enregistrement, Ben Laden contredisait ses dénégations précédentes et admettait soudain son implication dans les atrocités du 11 Septembre.

On rapporte que l’enregistrement avait été trouvé par des soldats US au domicile d’un particulier à Jalalabad en Afghanistan après la prise de la ville par des forces anti talibans. Une étiquette fixée dessus la datait du 9 novembre 2001.

La bande montre Ben Laden en conversation avec un cheikh de passage. Il y affirme clairement que non seulement il était au courant à l’avance des atrocités du 11 Septembre, mais qu’il en avait planifié les moindres détails personnellement.

Quelle aubaine pour les autorités occidentales ! Le terroriste se repositionnait dans le schéma du 11 Septembre. Le Washington Post citait des officiels étatsuniens qui affirmaient que la vidéo « apporte la preuve la plus convaincante d’un lien entre Ben Laden et les attentats du 11 septembre. »

Un président Bush euphorique ajoutait : « Quant à ceux qui voient cet enregistrement, ils réalisent que non seulement il est coupable d’un meurtre incroyable, mais qu’il est dépourvu de conscience et d’âme. »

À Londres, Downing Street affirmait que la vidéo était une « preuve concluante de son implication. » Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Jack Straw, ajoutait : « Nul doute que c’est la pure vérité. Les gens peuvent y voir Ben Laden reconnaître absolument froidement sa culpabilité pour l’organisation des atrocités du 11 Septembre ».

Pourtant, le professeur Griffin affirme que cette vidéo « confession » pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Pour commencer, Ben Laden dans ce témoignage filmé capital a l’air différent.

C’est un homme corpulent à la barbe noire, pas grisonnante. Son teint pâle est devenu tout à coup plus mat, et son nez a une forme différente. Ses mains d’artiste aux doigts effilés se sont transformées en celles d’un boxeur. Il a l’air en trop bonne santé.

En outre, on peut y voir Ben Laden écrire un mot de la main droite alors qu’il est gaucher. Tout aussi bizarre, il fait des déclarations sur le 11 Septembre qui, selon Griffin, n’auraient jamais pu sortir de la bouche du véritable Ben Laden – un homme diplôme en ingénierie qui a fait fortune (avant d’évoluer vers le terrorisme) dans l’industrie du bâtiment au Moyen-Orient.

Par exemple, le chef d’al-Qaïda claironne que beaucoup plus de personnes ont péri le 11 Septembre qu’il ne l’avait prévu. Il poursuit : « A la lumière de mon expérience dans ce domaine, je pensais que l’explosion du carburant de l’avion ferait fondre la structure de fer de l’immeuble et s’effondrer seulement la zone d’impact de l’avion et les étages situés au dessus. C’était tout ce que nous espérions. » (En réalité, les Tours Jumelles se sont complètement effondrées).

Des paroles du vrai Ben Laden ? Non, déclare Griffin. « Compte tenu de son expérience dans le BTP, il aurait dû savoir que les Tours Jumelles avaient une structure en acier, pas en fer », dit-il.

« Il aurait dû aussi savoir que l’acier et le fer ne fondent pas à moins de 1538 degrés Celsius. Et encore qu’un incendie d’immeuble alimenté par du carburant d’avion est un feu hydrocarbonique qui ne pourrait pas atteindre plus de 982 degrés Celsius. »

Dans son livre explosif, Griffin affirme que cet enregistrement est un faux, et il va encore plus loin.

« Une raison pour soupçonner que tous les enregistrements post-2001 de Ben Laden sont des fabrications est qu’elles sont souvent apparues à des moments qui redonnaient du tonus à la présidence de Bush ou renforçaient une déclaration du premier Ministre britannique Tony Blair, son allié dans la guerre contre le terrorisme ».

« L’enregistrement-confession était arrivé juste au moment où Bush et Blair avaient échoué à prouver la responsabilité de Ben Laden pour le 11 septembre alors que les deux hommes tentaient de rallier le soutien de l’opinion publique internationale, notamment dans le monde musulman, à la campagne anti-terroriste ».

Griffin suggère que les gouvernements occidentaux ont utilisé des technologies d’effets spéciaux très sophistiqués pour mettre en séquences des images et des enregistrements sonores de Ben Laden.

Mais alors, si ce sont des faux, pourquoi al-Qaïda est-elle restée silencieuse à ce sujet ? Et qu’est-il arrivé exactement au véritable Ben Laden ?

La réponse à la première question peut être que l’organisation terroriste informe est heureuse de mener sa propre guerre de propagande alors que ses soutiens déclinent – et profite du mythe selon lequel son dirigeant charismatique est encore vivant pour encourager des ralliements à sa cause.

Quant à ce qu’il est advenu de lui, des allusions à l’insuffisance rénale de ben Laden ou à l’éventualité qu’il soit mort apparurent le 19 janvier 2002, quatre mois après le 11 Septembre.

C’était quand le président pakistanais Pervez Musharraf a déclaré sur la chaîne américaine d’informations CNN : « Franchement, je pense maintenant qu’il est mort, car il est malade des reins. Les images le montrent extrêmement affaibli. »

Dans son livre, le professeur Griffin approuve également cette théorie. Il explique que Ben Laden avait été soigné pour une infection urinaire, souvent associée à une maladie rénale, à l’hôpital américain de Dubaï en juillet 2001, deux mois avant le 11 Septembre. Dans le même temps, il avait commandé une machine de dialyse à livrer en Afghanistan.

Comment Ben Laden, en fuite dans des grottes au milieu de montagnes enneigées, aurait-il pu utiliser la machine que beaucoup s’accordent à considérer comme essentielle pour le maintenir en vie ? Des médecins cités par Griffin sur ce sujet pensent que ce devait être impossible.

Il aurait fallu qu’il reste dans un lieu avec une équipe médicale, des conditions d’hygiène et un programme de maintenance régulier pour l’unité de dialyse elle-même.

Et quid de cette information, une brève parue le 26 décembre 2001 dans le journal égyptien Al-Wafd ? Elle disait qu’un haut responsable du gouvernement taliban afghan avait annoncé qu’Oussama Ben Laden avait été enterré le 13 décembre ou vers cette date.

« Il souffrait de graves complications et il est décédé d’une mort naturelle et paisible. Il a été enterré à Tora Bora, en présence de trente miliciens d’al-Qaïda, de proches parents et d’amis talibans. Selon la coutume wahhabite, aucun signe distinctif n’a été laissé sur la tombe, » disait l’article.

Le responsable taliban, dont le nom n’était pas cité, déclarait triomphalement avoir vu le visage de Ben Laden dans son linceul. « Il avait l’air pâle, mais calme, détendu et confiant. »

C’était Noël à Washington et à Londres et l’article fut à peine mentionné. Depuis, des enregistrements de ben Laden sont sortis avec la régularité d’un métronome et des centaines de millions de dollars ont été dépensés et beaucoup de sang versé dans la traque dont il fait l’objet.

Ben Laden a été l’élément central de la "guerre [de l'occident] contre la terreur". Serait-il possible que, depuis des années, il n’ait été qu’un écran de fumée ?
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Sue Reid