« Al Qaida cherche toujours à utiliser des avions commerciaux pour attaquer l’occident. C’est une obsession pour eux après le succès inespéré des attaques du 11 septembre 2001 », a expliqué à la BBC un expert des services britanniques du contre-terrorisme. Ainsi, la série d’attentats utilisant des explosifs liquides prévue en 2007 contre des avions opérant en Europe, pour lequel trois musulmans britanniques ont été reconnus coupables lundi 7 septembre, a été fomenté au Pakistan par des hommes liés à Al-Qaïda. « Une grande partie de ce complot a été pensée et conçue au Pakistan », a souligné un officiel britannique après le verdict.
Bien qu'affaibli par des revers militaires et idéologiques, Al Qaïda reste animé d'une volonté intacte d'épuiser l'Occident dans une guerre globale, notamment sur le sol américain , estiment les experts.
Certes, les mesures de sécurité prises depuis les attentats du 11 septembre 2001 ont réduit la capacité du mouvement à frapper au coeur de l'Occident et la guerre de l'ombre mené contre lui a clairsemé ses rangs.
Mais le spectre de celui qui se présente comme l'"adversaire patient et acharné" de l'Occident, plane toujours. Al Qaïda reste une menace sérieuse, même si elle n’a pas réagit sur le sol américain depuis les attentats du 11 septembre 2001.
La mouvance djihadiste est en effet bien implantée dans les zones tribales pakistanaises, où l'on pense Ben Laden et son bras droit Aymane al Zaouahri sont réfugiés. A partir de ce fief, Al Qaïda a tissé des liens étroits avec des groupes semi autonomes mais idéologiquement proches d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique qui ont frappé à Bombay ou Lahore après l'avoir fait à Madrid, Londres ou Alger.
Les tueries aveugles de civils en Irak et l'absence de vision politique raisonnable avaient pourtant affaibli la crédibilité et la capacité de recrutement d'Al Qaïda dans le monde musulman. Mais le noyau dur de ses dirigeants est sûr de leur cause et constate que des crises comme celle de Gaza regonflent le moral des djihadistes partout dans le monde.
Face à Al Qaeda, la naïveté de Barack Obama est totale. Ce n'est pas en lançant un appel au dialogue avec les musulmans, en fermant Guantanamo et en dénonçant la politique de son prédécesseur qu'il va réussir à faire aimer l'Amérique dans le monde arabe. Pour les stratèges d'Al Qaeda, la politique d'Obama est un signe de faiblesse. Les plus fanatiques comptent passer à l'action pour montrer leur détermination à mener la "Guerre sainte".
L'autre danger vient aussi du fait qu'Obama a laissé tomber trop rapidement les politiques sécuritaires de George W. Bush. Washington desserre l'étau mais Ben Laden, lui, ne change rien à sa politique. Il est toujours dans la même logique de confrontation et de guerre sainte.
Il y'a aussi le fait que l'organisation a ouvert des filiales de la terreur un peu partout dans le monde. Aujourd'hui, Al Qaeda est présente en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Syrie, en Algérie, en Europe. Elle profite des régimes faibles, comme le soudanais ou le somalien, pour tisser sa toile. Elle est très mobile pour atteindre les capitales occidentales.
Il faut encore se rappeler que le terrorisme est utilisé comme mode de pression diplomatique. Les dictatures du Sud ne supportent pas les discours sur les droits de l'homme et brandissent le terrorisme comme une anarchie globale qui risque de s'étendre aux démocraties du Nord.
Conséquence : des Occidentaux préfèrent soutenir des présidents corrompus comme Asif Ali Zardari au Pakistan, Nouri al-Maliki en Irak, Hosni Moubarak en Egypte… Des régimes totalitaires et clientélistes.
Il y a enfin le Sahel, le Mali, le Tchad, la Mauritanie et la Somalie où le pouvoir est très contesté et la guerre civile couve. Résultat : Al Qaeda vient s'installer pour recruter des agents et utilise ce terrain comme zone de guerre. Le problème est que ces pays sont très faibles. Il y a aussi le cas de la Somalie, devenue une base pour Al Qaeda. Si demain, le Soudan tombe, il sera aussi investi par l'organisation de Ben Laden.
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Ftouh Souhail