"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

2 août 2009

Une coïncidence qui fâche

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Alors qu’au-delà des amabilités diplomatiques, un certain froid s’installe entre Barack Obama et Benyamin Nétanyahou, une étrange affaire jette le trouble entre Israël et les Etats-Unis, alliés constants au Moyen-Orient depuis plus de soixante ans.

Bien qu’elle repose sur des éléments sérieux, nul ne l’a relaté en Europe, alors quelle faisait dès février 2009, la une du New York Times (« Spy case reverberates in Lebanon »).

A son origine, la féroce guerre secrète qui, sur le champ de bataille libanais, oppose, depuis plus de deux ans, les services spéciaux du Hezbollah à ceux d’Israël – lequel garde, depuis cette première fuite médiatique, un silence de plomb sur toute l’histoire.

Premier d’une longue série (quelques quarante arrestations à ce jour), Ali al-Jarrah « tombe » en juillet 2008, avec son frère Youssef. Des « espions du Mossad », comme l’écrit la presse de Beyrouth, sans fournir d’ailleurs de preuves irréfutables. Selon la Cour militaire libanaise, Ali, discret quinquagénaire issu de la communauté musulmane sunnite, informait depuis 1983 Israël sur les bases militaires, les mouvements de troupes et l’activité des Palestiniens et du Hezbollah, dans la vallée de la Bekaa et le sud du Liban.
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L’agent israëlien Ali al-jarrah
n’est autre que le cousin d’un terroriste du 11 Septembre
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Par la suite, une trentaine d’autres « taupes », dont un ex-général de la Sûreté générale (les services spéciaux libanais) et un colonel d’active de l’armée libanaise, seront arrêtées.

La moitié des interpellés ont déjà été inculpés d’espionnage et de collaboration avec Israël, plusieurs ayant avoué leurs liens avec ce pays après que des instruments sophistiqués de renseignement (transmission, codage, etc.) eurent été saisis chez eux.

Une affaire d’espionnage de plus entre le Liban et Israël – après tout, ils sont encore formellement en guerre ? Peut-être, mais pas seulement.

D’abord, parce qu’en raison de l’état de guerre, les inculpés libanais sont passibles de la peine de mort, pour peu qu’on établisse que leur trahison présumée a provoqué la mort de compatriotes civils ou militaires.

Ensuite et surtout parce que les Etats-Unis pourraient se trouver indirectement impliqués dans le dossier.

Dépeint au Liban comme un maître espion, le plus stable et le plu professionnel de ceux arrêtés ce jour-là, Ali al-Jarrah a en effet pour cousin un certain Ziad al-Jarrah… l’un des dix-neuf auteurs présumés des attentats du 11 septembre 2001 ! Ziad, pensent les enquêteurs, serait le terroriste qui a pris les commandes du vol 93 d’United Airlines, avant de tenter de précipiter l’avion sur la Maison-Blanche.

Et voilà la question qui provoque le malaise : que savait le clan al-Jarrah des préparatifs des attentats du 11-Septembre ? Et partant de là, qui savait quoi ?

Certes un vingtaine d’années séparent Ali et Ziad. Mais quand on connaît les liens de confiance qui structurent les clans libanais, l’interrogation n’est pas illégitime.

Aux Etats-Unis, en tout cas, elle commence à passionner la presse. Autant les propos paranoïaques qui ont fait florès sur les pseudos-vérités du 11-Septembre (complot de la CIA, etc.) ne suscitent chez les experts officiels et d’abord à Washington, que mépris accablé, autant les possibles conséquences de ce cousinage sèment le trouble.

Un doute qui, si tout cela dépassait un jour le simple stade du soupçon, devrait gagner des politiciens trop souvent enclins, ces temps-ci, à imposer par la loi ou la force les vérités historiques de leur gré.
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Car, si le doute devait perdurer sur le « 9/11 », un certain ministre de la Défense se mordrait les doigts d’avoir taxé d’ « inacceptable » et d’ « incompatible » avec l’enseignement militaire supérieur français l’expression d’une simple suspicion sur ces mêmes attentas du 11-Septembre.

Xavier Raufer
criminologue