En plein scandale sur les agissements de la CIA sous l’administration Bush, Barack Obama a approuvé la création d’une unité d’interrogateurs d’élite chargée de recueillir des informations de la part de détenus de "haute valeur". Le département de la justice américain doit rendre, lundi 24 août, un rapport concernant les abus de la CIA lors des interrogatoires de présumés terroristes et proposant de nouvelles mesures quant aux transferts de prisonniers à l’étranger.
Le "groupe d’interrogation de détenus de haute valeur" se veut une réponse aux errements des années Bush, avance le Washington Post. Cette équipe devrait ainsi se voir appliquer un cahier des charges des interrogatoires, basé sur celui de l’armée américaine, alors que de nombreuses techniques utilisées jusque-là par la CIA, tel le "waterboarding", ou simulacre de noyade, ont été remises en cause depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. De plus, cette équipe sera composée de membres de différentes agences fédérales, dont le FBI et la CIA, mais placée sous la responsabilité du National Security Council (Bureau de la sécurité nationale), lui-même contrôlé directement par la Maison Blanche.
Les interrogateurs "d’élite" pourront se rendre dans n’importe quel pays pour interroger des suspects. Ils auront même le choix de ne pas lire leurs droits aux suspects qu’ils interrogent afin de leur soutirer plus d’informations si elles permettent d’obtenir des renseignements cruciaux pour la sécurité des Etats-Unis. Exit en revanche les pratiques se rapprochant de la torture – privation de sommeil ou stimuli sensoriels intenses, jusqu’ici considérées comme faisant partie d’une "zone grise" entre torture et légalité.
Le rapport du comité d’éthique du département de la justice devrait aussi recommander une plus grande implication et une prise de responsabilité de la part de l’administration dans les programmes de transferts de prisonniers vers d’autres pays. Elle devra s’assurer que les terroristes présumés livrés à d’autres pays ne seront pas torturés.
VERS LA MISE EXAMEN DE RESPONSABLES DE LA CIA
Depuis le mois de juillet, l’étau s’est resserré autour de la CIA et d’anciens membres du gouvernement Bush, dont son vice-président, Dick Cheney. L’agence s’est vu reprocher des cas de torture sur des prisonniers et des simulations d’exécution, ainsi que l’externalisation d’un programme d’assassinats de militants islamistes au profit de l’agence de sécurité Blackwater.
Barack Obama a eu beau annoncer qu’il préférait "aller de l’avant", estimant que "regarder en arrière n’est pas dans le meilleur intérêt" des Etats-Unis, le Bureau de responsabilité personnelle du département de la justice a recommandé la réouverture de nombreux dossiers de mauvais traitements. Une décision qui pourrait mener à la mise en examen de certains responsables de la CIA.
Pour le moment, la position du président sur d’éventuelles poursuite d’agents de la CIA est "confuse", estiment les républicains. Barack Obama a tout d’abord assuré que cela n’arriverait pas. Il a ensuite déclaré qu’il appuierait une commission bi-partisane si elle venait à prendre une telle décision. Plutôt que de poursuivre les interrogateurs eux-mêmes, les juges pourraient plutôt se pencher sur ceux qui les ont autorisés à franchir la ligne jaune.
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Antonin Sabot