"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

21 juin 2009

Société militaire privée (SMP)

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Une société militaire privée (SMP) fournit un service à un gouvernement ou une organisation internationale lors d'un conflit armé ou en zone à fort risque sécuritaire. Ce service peut aussi bien être technique (construction et surveillance des installations, entraînement des troupes, ravitaillement en vivres et matériel ou conception de simulations de conflit), qu'humain (interrogateurs, conseillers tactiques ou stratégiques, ou encore gardes du corps).

Il arrive également que certaines SMP fournissent un véritable service de mercenariat lorsque ses membres participent à des combats

Une des premières sociétés privées d’intervention fut Executive Outcomes en Afrique du Sud, qui s’est scindée en plusieurs organisations à la fin des années 1990.

Au Royaume-Uni, la plus connue est Sandline International, symbole de l’essor des compagnies privées. Elle offrait dès les années 1990 une large gamme de services allant de l’entraînement de troupes au maintien ou à la restauration de la sécurité.

En 1995, la société MPRI avec 350 employés et un potentiel militaire de 7000 hommes a contribué de manière efficace à la modernisation de l’armée croate qui lui a permis de renverser de manière décisive le rapport de forces avec la République serbe de Krajina.

En 2005, plusieurs de ces sociétés ont aidé le génie militaire pour les secours après le passage de l'Ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans.

Faire appel à une société militaire privée a plusieurs avantages pour un gouvernement. Cela permet :
de faire baisser le coût d'une intervention armée ;
de ne pas engager officiellement son armée dans un conflit ;
de faire diminuer le chiffre officiel des morts au cours d'une opération militaire (cas des États-Unis en Irak) ;
pour certains gouvernements qui ne disposent pas d'une armée de confiance, d'avoir des hommes efficaces et entraînés.

Les risques de faire appel à une société militaire privée peuvent être nombreux, et tiennent au caractère mercenaire de ces troupes.

Il existe de plus un vide juridique les concernant. Ainsi, il n'y aucune loi expliquant clairement :
leur emplacement dans la hiérarchie militaire ;
ce qu'il se passe si un employé refuse de travailler s'il considère que sa sécurité est trop mise en jeu ; (toutefois, certains contrats stipulent qu'ils peuvent tout arrêter s'ils pensent que leur sécurité est trop mise en jeu)

le régime juridique appliqué si un employé tue volontairement ou par accident un civil ;
etc.

De plus, il est arrivé plusieurs fois que des employés de ces sociétés soient mêlés à des affaires douteuses (comme le racket et le trafic d'adolescentes en ex-Yougoslavie et torture dans la prison d'Abu Ghraib) alors qu'ils étaient en intervention.

En 2006, l'ensemble des sociétés militaires privées ont un chiffre d'affaire annuel de 100 milliards de dollars par an dont 52 milliards de dollars aux États-Unis et cela augmente chaque année.

Le Département de la Défense des États-Unis (DoD) prévoyait de privatiser d'ici 2006, 237 000 postes dans la logistique et le soutien.

Après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont été suivies de l'invasion de l'Afghanistan, aux mains des talibans, et, en 2003, de l'Irak, la proportion d'agents contractuels privés travaillant pour le Pentagone s'est élevé à 39% (elle était de 26% avant le 11 septembre). Le secrétaire à la Défense de l'administration Obama, Robert Gates, a annoncé en avril 2009 vouloir réduire ce nombre de contractuels, remplacés par des fonctionnaires. Cela affecterait des sociétés militaires privées telles que CACI et SAIC, ou les entreprises d'armement Lockheed Martin et General Dynamics. Près de 7,5% des emplois à Washington D.C. (soit 291,000 personnes) sont liés à des contrats avec le Département de la Défense.

L'emploi des SMP est généralisé par les États-Unis : leurs employés constituent le deuxième contingent engagé en Irak (15 000 hommes), devant l'armée britannique.

Il a également été fait appel à leurs services entre autres en Colombie, en Équateur, en République serbe de Krajina, en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, en Sierra Leone, au Nigeria et en Ouganda.
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Egger Ph.