"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

13 octobre 2008

Le FBI empêche des agents de révéler la vérité sur Le 11 Septembre sur PBS

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Les défaillances des agences américaines de renseignement avant le 11 Septembre ont généralement été attribuées à des blocages bureaucratiques - "échec de transmission de données " - amplifiés par les rivalités au sein de ces agences, et entre elles. Au fil du temps et des révélations, il apparaît que ces "défaillances " auraient été volontairement orchestrées.

Le FBI a empêché deux de ces agents vétérans du contre-terrorisme de rendre publiques leurs accusations selon lesquelles la CIA avait délibérément refusé de révéler des renseignements cruciaux avant les attaques du 11 Septembre 2001.

Les agents spéciaux du FBI, Mark Rossini et Douglas Miller ont demandé l’autorisation de participer à un documentaire télévisuel public à venir, prévu pour être diffusé en janvier, sur les rivalités qui existaient entre la CIA et le FBI et la NSA (Agence de Sécurité Nationale) avant le 11 Septembre. Le programme est un sous-produit de "The Shadow Factory: The Ultra-Secret NSA from 9/11 to the Eavesdropping on America", un reportage d’investigation du renommé James Bamford, qui devrait sortir bientôt.

Le FBI a refusé d’autoriser Rossini et Miller à participer au livre ou au documentaire de PBS "NOVA", qui est aussi écrit et produit par Bamford, prétextant que le FBI "ne veut pas réveiller de vieux conflits avec la CIA" selon de multiples sources fiables.

Bamford, contacté par téléphone, a dit qu’il ne pouvait pas faire de commentaire, car son éditeur avait prévu le lancement de son nouveau livre aux environs du 10 octobre. Bamford, qui est l’auteur de deux livres explosifs sur la NSA a également dit qu’il n’avait pas, par principe, pour habitude de discuter sur ses négociations pour des interviews avec des agences de renseignement.

Les défaillances du renseignement avant le 11 Septembre ont généralement été attribuées à des blocages bureaucratiques - "échec de transmission de données " - amplifiés par les rivalités au sein des agences de renseignement.

Mais Rossini et Miller, qui avaient été assignés au Centre de Contre-Terrorisme (CTC) de la CIA pendant la période précédant le 11 Septembre, sont prêts à expliquer devant les caméras comment la CIA les a empêchés de partager des informations cruciales avec les quartiers généraux du FBI - et a plus tard fait pression sur eux pour qu’ils ne disent pas la vérité aux enquêteurs.

La première accusation n’est pas totalement nouvelle, ayant été rapportée entre autres par l’écrivain Lauwrence Wright dans son livre de 2006, " The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11".

Mais ce qui est nouveau c’est que Rossini et Miller - qui occupent toujours des postes sensibles au sein du FBI, et sont identifiés ici pour la première fois - sont prêts à affirmer publiquement que, sous la pression de la CIA, ils ont dissimulé toute la vérité à l’Inspecteur Général (IG) du Département de la Justice, qui a étudié en 2004 la façon dont le FBI avait utilisé les renseignements de la période pré-11 Septembre.

"Il y a eu des pressions pour ne pas dévoiler ce qui s’était réellement passé" selon des sources proches de l’enquête du IG.

On dit qu’en particulier Rossini s’est senti menacé par la CIA d’être poursuivi pour violation de l’Intelligence Identities Protection Act s’il disait aux enquêteurs de l’IG ce qui s’était réellement passé au sein du CTC.

Les officiers de la CIA se trouvaient dans la pièce lorsque lui et Miller, ainsi qu’un officier sympathisant de la CIA, ont été questionnés. Les enquêteurs de l’IG leur ont montré des copies de rapports de renseignement du CTC et des emails.

Mais les agents du FBI ont soudain été incapables de se souvenir des détails sur qui avait dit quoi, ou qui avait rapporté quoi et à qui, sur la question de la présence de deux agents d’al-Qaïda aux États-Unis avant les attaques du 11 Septembre. Les enquêteurs du IG ont eu des soupçons.
En effet, leur rapport, qui utilisait des pseudonymes pour les agents de la CIA et du FBI interviewés - Rosini et Miller étaient appelés "Malcom et " Dwight", et un analyste de la CIA "Eric" - faisait allusion à une opération de dissimulation.

"Quand nous avons interviewé tous les individus impliqués dans le CIR (Current Intelligence Report - Rapport Actuel du Renseignement - NdT), ils ont affirmé ne se souvenir de rien à ce sujet", disait-il.

L’IG se concentrait sur ce que la CIA avait dissimulé concernant les déplacements des deux agents d’al Qaïda, Nawaf al-Hazmi et Khalid al Mihdhar, de la Malaisie aux USA début 2000.

"Dwight a dit à l’OIG qu’il ne se souvenait pas avoir eu connaissance d’une information concernant Mihdhar, qu’il ne se souvenait pas avoir rédigé le CIR, ne se rappelait pas s’il avait rédigé le CIR de sa propre initiative ou sur ordre de son superviseur, et ne se souvenait pas de discussions sur les raisons de retarder l’achèvement et la distribution du CIR. Malcom a dit qu’il ne se souvenait pas avoir surveillé le trafic téléphonique ou toute information concernant Hazmi et Mihdhar. Eric a dit à l’OIG qu’il ne se souvenait pas du CIR."

Par conséquent, Rossini et Miller n’ont pas été appelés à témoigner par la Commission du 11 Septembre pour dire ce qu’ils savaient, bien que certaines sources aient indiqué qu’ils le feraient bien volontiers. En revanche, ils se sont expliqués lors d’une enquête interne du FBI, qui reste sous le sceau du secret.

Des sources qui ont une connaissance directe de l’enquête interne au FBI disent que les agents ont fourni au Bureau des versions inaltérées de leur expérience au CTC. Cela inclut des ordres qu’ils ont reçus du vice-directeur du Centre de l’époque, Tom Wilshire, leur demandant de dissimuler au FBI des renseignements sur les déplacements des agents d’al-Qaïda dans le pays.
Quand les agents du FBI ont demandé la permission de raconter la même histoire à la télévision, le FBI a d’abord accepté, puis s’est rétracté au dernier moment, selon deux sources impliquées dans les délibérations, avec pour seule explication qu’ils ne voulaient pas risquer de provoquer la colère de la CIA.

Le porte-parole principal du FBI, l’assistant du directeur John Miller, ne s’est pas directement occupé du problème. Mais il a dit que le FBI n’avait pas donné la permission que l’on cite les agents dans différents rapports sur le 11 Septembre pour des raisons de sécurité et des préoccupations en lien avec la vie privée.

"Ces questions ont été examinées attentivement par plusieurs agences indépendantes et des commissions" a-t-il dit via un email mercredi. "Il a été décidé que les deux employés du FBI ne seraient pas nommés dans ces rapports parce qu’ils continuent à occuper des positions sensibles au FBI de même que par souci des problèmes posés par le Private Act concernant l’actuel et l’ancien personnel."

L’Agent Douglas Miller a dit qu’il n’avait pas de "réponse rationnelle" pour expliquer le fait que la CIA ait bloqué le partage d’information avec le bureau (FBI), et en particulier un rapport d’une telle ampleur sur des agents d’al-Qaïda opérant aux États-Unis. Il a émis l’hypothèse selon laquelle les officiers de la CIA au CTC appréciaient peu qu’on empiète sur leur territoire.

Un porte-parole de la CIA, Paul Gimigliano, a ridiculisé de telles allégations.

" J’ai toute raison - toute raison- de croire que c’est totalement incorrect" a-t-il dit lors d’une brève interview téléphonique. " Non seulement la Commission du 11/9 s’est penchée en détail sur la question, mais l’ancien directeur (de la CIA - NdT) George Tenet, a largement écrit sur ce sujet dans son livre."

Mais l’Inspecteur général du Département de la Justice a contredit les affirmations de Tenet selon lesquelles la CIA avait partagé ses renseignements sur les agents d’al-Qaïda avec le FBI en temps voulu.

Selon le rapport de l’IG, "Nous avons étudié le fait que cette information avait été transmise par la CIA au FBI et sur la base de preuves. Nous avons conclu que tandis que la CIA a passé au FBI certaines informations concernant Mihdhar, elle n’a pas en même temps transmis l’information concernant son visa aux USA".

"Nous avons conclu que cela n’a pas été révélé au FBI avant fin août 2001 juste avant les attaques terroristes du 11 Septembre."

Une autre source du renseignement a dit que la CIA craignait que si les quartiers généraux du FBI apprenaient l’arrivée des suspects aux USA, ils essaieraient de les arrêter - et flanquerait en l’air une opération sensible de la CIA pour infiltrer al-Qaïda.

La CIA croyait que Mihdhar et Hazmi complotaient pour préparer une attaque en dehors des États-Unis et ne voulait pas que le FBI s’en mêle.

"Ils ont dit que cela n’avait rien à voir avec le FBI, que la prochaine attaque serait en Asie du Sud," a dit une source ayant connaissance des détails. " Ils ont dit ce n’est pas votre affaire".

Rossini et d’autres agents du FBI étaient furieux selon une source fiable. Le FBI est responsable des enquêtes concernant les complots intérieurs.

"Ils sont ici" a protesté Rossini auprès de ses patrons du CTC. "Cela concerne le FBI".

Le rapport de l’IG a critiqué Douglas Miller ("Dwight") pour avoir tenu compte des objections de la CIA et ne pas avoir envoyé son rapport crucial sur Mihdhar aux quartiers généraux du FBI.
Mais Miller, qui a l’époque occupait un rang relativement bas de GS-12, a dit aux enquêteurs que cela était impensable pour lui de violer les ordres de ses supérieurs du CTC. Il aurait été renvoyé, "renvoyé à la maison" leur a-t-il dit.

"Miller serait heureux d’accorder aux responsables de la CIA le bénéfice du doute dans une interview télévisée", a-t-il dit à des amis, concédant qu’ils avaient peut-être de bonnes raisons dont il n’avait pas connaissance.

Il a décrit le CTC comme un endroit rempli de professionnels dévoués qui étaient " des travailleurs professionnels de l’Amérique avec de bas salaires, payés sur une base horaire" tout le temps sous pression se consacrant à essayer de détecter des complots terroristes.

Mais sauf si le FBI revient sur sa décision, il devra garder cette histoire pour lui-même.

Jeff Stein 01/10/08 - www.cqpolitics.com

Introduction Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org

Information complémentaire

Sur le fait d’avoir eu connaissance du plan d’attaque du WTC avant le 11 Septembre, un livre "Prior Knowledge of 9/11" ( voir site http://www.eventson911.com) offre des réponses détaillées à la question de savoir pourquoi la CIA a délibérément gardé une information capitale : en janvier 2000, elle avait travaillé conjointement avec le gouvernement malaisien pour photographier lors d’une réunion à Kuala Lumpur, les terroristes malaisiens connus, Khalid al Midhar, Nawaz al Hazmi, Tawfiq bin Attash ( Khallad) qui y participaient pour comploter sur les attaques de l’USS Cole et du 11 Septembre .

Dans sa conclusion, le livre de Bamford affirme que la CIA a travaillé, avec des agents des quartiers généraux du FBI qu’ils avaient assujettis, pour faire obstruction à l’enquête sur l’attaque du USS Cole, attentat lié aux attaques du 11 Septembre. Ils savaient tous qu’en agissant de sorte que cette enquête n’aboutisse pas, ils fermaient d’une certaine façon les yeux sur ce que complotaient ces agents d’al-Qaïda présents aux États-Unis. Donc, la responsabilité des attentats du 11/9 incombe pour partie directement à certains membres de la CIA et du FBI qui ont délibérément fait échouer les enquêtes qui auraient empêché ces attaques de se produire et aurait sauvé la vie de 3000 Américains.