Le 11 septembre 2001, lorsque les tours jumelles du World Trade Center, et une partie du Pentagone s’effondrent, Zacarias Moussaoui est en prison, incarcéré depuis le 16 août de la même année, pour avoir séjourné aux USA malgré un visa périmé.
.
Quelque temps auparavant, des agents du FBI s’étaient interrogés sur cet étranger prenant des cours pour piloter un Boeing 747, sans pour autant réussir à susciter l’intérêt de leur hiérarchie.
Ce n’est qu’une fois l’attentat perpétré, et revendiqué par Al Qaïda, qu’il sera inculpé pour « complicité visant à commettre des actes de terrorisme. »
.
Il ne cessera de protester, devant être le 20e des kamikazes ayant détourné les avions qui ont fait 2997 morts, malgré l’affirmation contraire du chef présumé des terroristes, Khaled Cheikh Mohammed, détenu à Guantanamo, pour qui le musulman français est fantasque.
.
Fanatique aigri d’avoir été exclu du commando suicide, ou schizophrène, comme des psychiatres l’ont un temps envisagé... Une seule chose est certaine : Moussaoui n’a pas perpétré les crimes dont on l’accuse. Reste à déterminer s’il aurait pu les prévenir en révélant aux autorités les informations qu’il aurait détenues. Ce sera l’un des enjeux de son procès devant le Tribunal fédéral d’Alexandria en Virginie.
.
Ses avocats, que l’accusé a récusés, feront valoir que la CIA et le FBI avaient en leur possession suffisamment d’éléments pour leur permettre de faire obstacle aux détournements meurtriers. C’est, d’ailleurs, une zone d’ombre qui plane sur le locataire du bureau ovale.
.
Mais Zacarias Moussaoui, qui se veut coupable, et plaide en ce sens, est en passe de devenir le martyr tant espéré. Le jury vient de déclarer, à l’unanimité, qu’il est passible de la peine de mort. Georges W. Bush n’a pas manqué de l’en féliciter.
.
Face aux familles des victimes, la Maison Blanche n’a rien d’autre à offrir. Ben Laden court toujours et continue de la défier. Aussi Moussaoui se présente-t-il comme l’offrande inespérée à la colère d’un pays bafoué dans son orgueil et ses certitudes. A l’annonce de la décision des jurés, les commentaires des principales chaînes de TV étaient, sur ce point, sans ambiguïté.
Moussaoui sera exécuté. Arrivé au paradis promis, ce ne sont pas cent vierges qui l’accueilleront, mais une kyrielle de hamburgers à la gloire de l’invincible Amérique retrouvée. Son combat aura été vain, jusqu’à l’absurde, cette « raison lucide qui constate ses limites », disait Camus.
.
Egger Ph.