Il y a six ans, nous avons vu les images incroyables des tours du World Trade Center de New York s’effondrer et emporter avec elles des centaines de vies. Ces images nous ont choqués. Je voudrais rendre hommage aux 2 999 victimes de ces attentats.
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Rendons aussi hommage à chacune des 156 368 personnes qui selon les statistiques de l’OMS sont aussi mortes ce jour-là.
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En particulier les 4 287 qui, ce jour-là, sont morts de la tuberculose, les 7 992 qui sont morts du sida, les 5 119 qui sont morts de diarrhées, les 3 069 qui sont morts de maladies infantiles, les 2 495 qui sont morts de malaria, les 17 qui sont morts de la lèpre, les 11 008 qui sont morts d’infections respiratoires car il existe des traitements qui auraient peut-être pu sauver chacun de ces êtres humains. Mais nous nous sommes révélés incapables d’organiser le monde pour les aider.
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Rendons aussi hommage aux 1 397 femmes mortes d’avoir donné le jour et aux 6 736 enfants morts en naissant, aux 1 326 personnes mortes de déficits nutritionnels, aux 19 476 morts d’un cancer, aux 3 038 morts de maladies neuropsychiatriques (dont 1 083 d’Alzheimer), aux 45 766 morts d’une maladie cardiovasculaire, aux 10 129 morts de maladies respiratoires, 5 382 morts de maladies digestives, aux 3 259 morts d’accidents de la route, aux 959 personnes empoisonnées, aux 853 morts dans des incendies, aux 1 046 noyés.
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Rendons enfin hommage aux 2 391 personnes qui se sont suicidées le 11 septembre 2001 faute sans doute d’avoir été assez écoutées. Aux 1 529 victimes de violence, aux 469 victimes de guerre ce jour-là.
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Ce jour-là et chaque jour depuis.
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Toutes ces victimes sont mortes plus ou moins en silence. Leurs histoires à elles ne nous ont pas choqués, elles n’ont gonflé aucune audience. Ces histoires-là sont vieilles comme le monde.
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Simplement des faits qu’on oublie. Nous aurions pourtant pu en sauver beaucoup.
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Parce que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit, chacun de ces morts mérite tout autant notre attention.
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La guerre contre la mort est une guerre perdue d’avance, mais sans doute pouvons-nous quand même gagner quelques batailles supplémentaires.
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Egger Ph.