"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

26 juin 2002

Anthrax : la piste était bien interne

.
L’affaire de l’anthrax refait parler d’elle depuis que le FBI a révélé avoir réalisé, le 25 juin dernier, une perquisition (avec l’accord de l’intéressé) au domicile de Steven Hatfill. Ce dernier est employé à la Scientific Applications International Incorporation (SAIC), une entreprise privée collaborant avec la défense américaine dans le domaine de la protection contre les armes biologiques.
.
Dès novembre 2001, les soupçons s’étaient portés sur ce scientifique dont les compétences techniques et le poste semblaient correspondre au profil du suspect établi par Barbara Rosenberg, une ancienne collaboratrice de la Maison-Blanche. Mais le FBI n’a pas longtemps privilégié la piste Hatfill, ce qui semble en totale contradiction avec les renseignements rendus publics aujourd’hui par l’agence. Selon ces derniers, Steven Hatfill a eu un parcours professionnel singulier puisque, dans les années soixante-dix, le biologiste aurait, parallèlement à son travail dans un institut indépendant de l’armée américaine, fourni son assistance au régime ségrégationniste de Rhodésie et à l’organisation néonazie sud-africaine d’Eugène Terre Blanche.
.
Sa participation à la lutte contre les mouvements de libération noirs soutenus par Moscou aurait ainsi été son premier fait d’arme. Son implication reste toutefois à prouver dans une épidémie qui aurait tué plusieurs milliers de paysans africains par dissémination de spores d’anthrax. Tout comme reste à prouver les liens qui ont pu à un moment exister entre lui et la CIA. Les résultats de la pseudo-perquisition du FBI ne permettront probablement pas de tirer tout cela au clair, d’autant qu’un fait essentiel risque d’occulter tout le reste : la correspondance entre le quartier de résidence de Steven Hatfill en Rhodésie et le lieu d’expédition des enveloppes contaminées adressées à deux sénateurs.

Fabrice Guichard