La CIA aurait-elle pu empêcher les attentats ? Les Etats-Unis avaient-ils prévu d’attaquer l’Irak avant le 11-Septembre ?
Si de nombreuses théories du complot se sont développées depuis les attaques du 11-Septembre, c’est que de nombreuses zones d’ombre, nourries par les silences et les ambiguïtés du gouvernement américain au lendemain de l’attentat, demeurent. Le rapport de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis, publié le 22 juillet 2004, considéré comme bâclé par beaucoup de familles de victimes, n’a pas répondu aux questions de ceux qui s’interrogent encore sur le déroulé de cette journée. Cet excès de secret et le manque de communication de l’administration Bush n’est pas parvenu non plus à avoir raison de l’obstination des adeptes des contre-théories.
Dix ans après, les recherches n’ont pas révélé la moindre trace de complot. En revanche, les défaillances techniques dans le dispositif global de la sécurité américaine, la mauvaise organisation des secours et les lenteurs bureaucratiques ont participé à rendre le chaos possible. C’est sans doute pour cacher son inertie et ses erreurs que le gouvernement américain ne souhaite pas lever certaines zones d’ombre.
Passage en revue de quelques questions sans réponses :
Pourquoi les tours du World Trade Center se sont effondrées ?
L’impact des avions a provoqué des incendies qui ont fragilisé les structures métalliques et provoqué l’effondrement des deux tours jumelles. A 100 mètres, une troisième tour, dite tour n° 7, s’écroule aussi sans qu’aucun avion ne soit venu s’y encastrer. Les journalistes présents sur place, en direct à la télévision, comparent ce qu’ils viennent de voir à une démolition contrôlée d’immeuble, sans se rendre compte que leurs commentaires allaient être utilisés comme preuves pour alimenter les théories du complot.
Au lendemain de l’attaque, les interrogations commencent. Comment une tour conçue pour résister à des tremblements de terre et des ouragans a-t-elle pu s’affaisser d’un seul coup, sans qu’à aucun moment elle ne tangue ? C’est la première fois dans l’histoire qu’un gratte-ciel s’effondre verticalement à la suite d’un incendie.
L’administration américaine, sous la pression des associations de proches de victimes, diligente une enquête. Mais la totalité de l’acier du World Trade Center n’a pas pu être récupéré par les enquêteurs.
Dans son ouvrage "11 questions sur le 11 septembre" (Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2011), Medhi Ba rappelle que le rapport de l’Agence fédérale des situations d’urgence (Fema) publié en mai 2002, indique "qu’en raison des informations disponibles et du temps imparti, la séquence des événements qui ont conduit à l’effondrement de chacune des tours ne peut être établi de manière définitive". Le rapport suggère seulement que les planchers situés au-dessus de l’impact de l’avion se sont détachés des colonnes porteuses, entraînant l’écroulement des étages inférieurs.
Pourtant en 2008, l’Institut officiel de normalisation américain (NIST) rend public les résultats de sa propre enquête qui conclut elle à un effondrement dû à la chaleur de l’incendie. Les structures métalliques ont tout simplement fondu, le système de refroidissement des tours étant endommagé. Mais même ce dernier rapport se révèle incapable d’expliquer pourquoi le reste de la tour est tombée et de manière verticale.
Le refus des autorités américaines d’enquêter sur les explosions entendues par de multiples témoins n’a fait qu’alimenter les théoriciens du complot. La plupart des "pièces à convictions" sont aujourd’hui irrécupérables rendant assez difficile la possibilité d’une enquête fiable. Les autorités américaines auraient-elles voulues cacher un défaut de construction des tours ?
Pourquoi la défense anti-aérienne américaine n’a pas intercepté les avions détournés ?
Pendant une heure et demi, des avions détournés ont volé dans le ciel américain et tout près du Pentagone sans être inquiétés. Le ministère de la Défense américain est pourtant une zone particulièrement surveillée, on s’en doute. A 16 kilomètres du Pentagone, la base de Saint-Andrews surveille en permanence l’édifice.
Pourtant, alors que les autorités américaines ont été alertées des deux premiers avions détournés, le troisième filait tranquillement vers le Pentagone, en passant au-dessus de la Maison Blanche. D’après Mehdi Ba, il ne faut pas plus de 10 minutes à un avion de chasse pour décoller dès qu’une alerte est donnée. De leurs côtés les autorités avouent avoir pensé à un avion militaire en patrouille.
La CIA aurait-elle pu empêcher les attentats ?
C’est l’un des plus grands mystères qui entourent le 11-Septembre. Depuis décembre 1999, l’agence centrale de renseignement américaine surveillait deux des futurs pirates de l’air, les Saoudiens Khalid Al-Mihdhar et Nawef Al-Hazmi. Elle savait qu’il s’agissait là de terroristes affiliés à Al-Qaïda et qu’ils se trouvaient sur le sol américain. Pourtant, à aucun moment elle n’a transmis ses informations au FBI, manquant ainsi une occasion d’empêcher les attentats. Pire, d’aucuns pensent qu’elle aurait même cherché à les dissimuler.
Pourquoi ? Etait-ce parce qu’elle avait essayé vainement de recruter ces agents d’Al-Qaïda et qu’elle ne voulait pas que cela se sache ? C’est l’hypothèse avancée par Richard Clark, chargé à l’époque du contre-terrorisme à la Maison Blanche, dans un documentaire radio diffusé pour le dixième anniversaire du 11-Septembre. A moins que "les silences de la CIA aient été destinés à protéger une source proche des assaillants ?" La CIA "aurait-elle été victime d’un agent triple ?", se demande le journaliste Fabrizio Calvi, auteur du livre "11-Septembre, la contre-enquête" (Fayard). La CIA rejette ces accusations. Sans pour autant s’expliquer.
L’invasion en Irak était-elle prévue avant les attentats ?
Officiellement la guerre en Irak a été déclenchée en réponse aux attaques sur le sol américain et parce que Georges Bush jugeait que Saddam Hussein détenait des armes de destructions massives qui menaçaient la sécurité des Etats-Unis. Le journaliste Paul Moreira estime que les attentats du 11 septembre furent un prétexte opportun pour attaquer l’Irak.
Dans une enquête documentaire, il est parvenu à démontrer que depuis 1998, sous la pression des néo-conservateurs, les Etats-Unis souhaitait prendre le contrôle de l’Irak. Il révèle également avoir obtenu les notes de l’assistant de Donald Rumsfeld, ancien ministre de la Défense de Georges Bush, "prises lors d’une réunion dans l’après-midi du 11 septembre".
Retranscrivant, les propos de son patron, il écrit "Judge whether good enough hit S.H at same time. Not only UBL" (Juger si c’est assez bon pour attaquer Saddam Hussein en même temps. Pas seulement Usama Bin Laden ".
A ce moment là, cinq heures à peine après l’attaque le gouvernement américain n’a pourtant aucune preuve de l’implication de l’Irak dans l’attentat d’Al-Qaïda.
Sarah Diffalah
Sarah Halifa-Legrand
Le Nouvel Observateur