"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

13 mars 2009

Extraordinary rendition

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Le terme extraordinary rendition (littéralement « reddition extraordinaire ») désigne une action illégale présumée de l'agence centrale de renseignements américaine, la CIA, qui consiste à enlever des personnes et à les transporter clandestinement dans des pays où la torture est pratiquée afin d'y être interrogé, par exemple l'Égypte, l'Indonésie, la Syrie ou l'Afghanistan ou dans des bases américaines hors du territoire des États-Unis (aussi appelées « black sites »).
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Il convient de préciser que seule une minorité des personnes enlevées disent avoir subi des sévices.
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Il s'agirait d'une sorte d'« externalisation » de l'interrogatoire, les États-Unis se permettant de pratiquer la torture tout en l'interdisant sur son territoire.
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Le procédé serait apparu vers 1995 sous l'administration Clinton, lors des premières tentatives de « neutralisation » d'Oussama Ben Laden, et se serait intensifié dans le cadre de l'action anti-terroriste postérieure au 11 Septembre 2001.
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On accuse les États-Unis d'avoir pratiqué l'extraordinary rendition sur 250 personnes depuis 2001, dont : Khaled el-Masri, citoyen allemand d'origine libanaise, homonyme d'un Égyptien recherché pour terrorisme, Maher Arar, Canadien d'origine syrienne, qui dit avoir été appréhendé le 26 septembre 2002 ; deux citoyens suédois d'origine égyptienne enlevés à l'aéroport de Stockholm en décembre 2001 ; Mamdouh Habid, un Australien d'origine égyptienne, enlevé au Pakistan en octobre 2001 ; Hassan Moustapha Ossama Nasr, aussi appelé Abou Omar, soupçonné d'avoir été actif dans les milieux islamistes en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine, jusqu'en 1997 où il a eu le statut de réfugié politique. Il a été enlevé en Italie le 17 février 2003 et a été envoyé en Égypte en mai 2004. Dans cette affaire, le 23 juin 2005, un magistrat italien a demandé l'arrestation de 13 personnes, dont un ancien consul des États-Unis à Milan, pour enlèvement. Selon le quotidien New York Times qui cite un enquêteur italien, le gouvernement italien aurait pu être mis au courant de l'enlèvement, de manière à ne pas intervenir.
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D'après le Chicago Tribune, l’ancien agent italien Stefano D'Ambrosio, a dit aux procureurs qu’il a été informé dans des termes explicites par des agents de la CIA qu’une opération conjointe pour kidnapper Abou Omar était encouragée et attribuée par le chef de la station de la CIA à Rome.
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De nombreux éléments viennent confirmer ces activités ; un recoupement de témoignages a été effectué avec les plans de vol d'avions appartenant à des sociétés n'ayant aucune activité économique telle que la Premier Executive Transport Services Inc. (dont le sigle Pets signifie « animaux de compagnie »), la Bayard Foreign Marketing of Portland ou la Keeler and Tate Management, et qui sont donc accusées d'être des sociétés écran de la CIA.
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Plusieurs journaux américains ont également obtenu des témoignages d'anciens membres des services secrets, ou de membres actuels sous anonymat. De nombreuses associations de défense des Droits de l'homme dénoncent ces pratiques, comme l'Association des avocats new-yorkais ou Human Rights Watch.
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Egger Ph.