Dès septembre 2001, la position de l’administration américaine était claire : ˝Oussama Ben Laden est notre coupable; nous irons le chercher où nous le désirons, et le pays qui s’opposera à nos méthodes sera considéré comme un ennemi. Vous êtes soit avec nous, ou avec les terroristes.˝Citons à ce propos la réaction de George Tenet, directeur de la CIA, lorsqu’on l’informa des attaques en cours. Celui-ci déjeunait alors en compagnie de David Boren, ancien président du Comité de renseignements du Sénat au matin du 11 septembre. Comme le rapportait ABC News, après avoir été informé que le premier avion avait percuté le World Trade Center, George Tenet affirma à Boren que ˝ça a toutes les empreintes de Ben Laden˝.Plutôt rapide comme déduction, alors qu’un seul des quatre avions avait atteint sa cible.
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Nous connaissons la suite. Deux ou trois semaines plus tard, l’Afghanistan fut envahi. Est-il nécessaire de mentionner qu’une invasion de cette envergure ne se planifie pas en un délai aussi court?
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C’est dans un tel contexte, d’ailleurs, que le désaccord du gouvernement américain à mener une enquête en bonne et due forme devient dissonant.Ceci s’avère particulièrement vrai lorsque nous apprenons certains faits intéressants. Par exemple, observons cet extrait de l’édition de février 2003 du magazine UTNE (Understanding The Next Evolution), publiée à l’aube de l’ouverture des investigations de la commission d’enquête sur les attentats.
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« Un membre de la commission d’enquête [Tim Roemer] sur les attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington a affirmé qu’il insistera pour que l’investigation soit ˝agressive et de grande envergure˝, incluant notamment des entrevues avec une Maison Blanche peu coopérative. Mais jusqu’à quel point l’administration Bush sera-t-elle disposée à collaborer lorsque le nom du frère du président surgira dans la conversation?
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[...] Marvin P. Bush, frère cadet du président, était directeur d’une compagnie appelée Securacom, titulaire des contrats de sécurité du World Trade Center, d’United Airlines et de l’aéroport international de Dulles. La compagnie était soutenue par KuwAm, une firme d’investissements koweïto-américaine qui comptait parmi les membres de son comité le même Marvin Bush.Depuis, Securacom a changé de nom pour Stratesec mais demeure supportée financièrement par KuwAm. Marvin Bush, qui n’a pas répondu à de multiples demandes d’entrevue pour The American Reporter, ne figure plus parmi les employés de ces compagnies et n’a été lié à aucune activité terroriste.
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Selon Wayne Black, directeur d’une firme de sécurité floridienne, il est quelque peu inhabituel pour une même firme de s’occuper à la fois de la sécurité d’une compagnie aérienne et d’un aéroport. Il est également inusité pour une firme qui a des liens si rapprochés avec une compagnie étrangère de s’occuper de la sécurité d’un aéroport international aussi ‘délicat’ que celui de Dulles. ˝Quand vous avez un contrat de sécurité, vous connaissez tous les mécanismes internes˝, a-t-il dit. ˝Quelqu’un connaissait quelqu’un˝, a-t-il ajouté, ˝sinon le contrat aurait été examiné plus attentivement˝. [...]» Ainsi, le frère du président était directeur d’une compagnie à la fois responsable de la sécurité de l’aéroport de Dulles (d’où décolla le vol 77 avant de s’écraser sur le Pentagone), d’United Airlines (vols 93 et 175) et du World Trade Center.Quelles sont les probabilités que le frère du président au pouvoir ait occupé le poste de directeur chez une firme qui détenait la clé de tous les systèmes de sécurité des compagnies figurant parmi les rouages de la pire attaque terroriste de l’histoire, et ce, depuis l’arme utilisée (avions), en passant par un de leurs points d’origine (aéroport) jusqu’à leur cible principale (WTC)?Mais les coïncidences ne s’arrêtent pas là dans la famille Bush.
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Poursuivons avec un extrait tiré de l’agence de presse électronique britannique Ananova, daté du 12 septembre 2001.«Le cousin du président Bush aurait dû se trouver dans le World Trade Center lorsqu’il fut attaqué.Jim Pierce, directeur général d’AON Corporations, avait prévu une conférence d’affaires au 105e étage de la tour Sud où ses bureaux de New York étaient situés.Mais le nombre de personnes dans son groupe était trop élevé et ils décidèrent donc de se déplacer de l’autre côté de la rue, au Millennium Hotel.
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Deux cents membres du personnel d’AON sont manquants.M. Pierce a déclaré à la station de télévision KPRC-TV, de Houston, Texas, qu’il a aperçu l’explosion depuis l’hôtel.˝Ç’aurait tout autant pu être une explosion nucléaire˝, prétend-il. ˝Ils étaient partis en une seconde. C’était une énorme boule de feu qui est descendue puis remontée. Il pleuvait littéralement du métal et des débris. Nous savions immédiatement que c’était tout juste en-dessous de nos bureaux.˝ [...]» Libre à chacun de classer ou non cette anecdote dans la filière du hasard. Il est d’ailleurs vraisemblable que le reportage suivant, publié par la Royal Australian Navy News, reçoive le même traitement. Celui-ci nous situe dans un contexte où un vétéran de guerre australien rencontrait le président américain George W. Bush ainsi que son homologue australien John Howard le 10 septembre 2001 à Washington pour une cérémonie commémorative d’une attaque japonaise datant de la deuxième guerre mondiale.
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« C’est le 10 septembre à Washington, États-Unis, alors que le survivant du navire coulé HMAS Canberra, Mackenzie Gregory, se tourne vers le premier ministre australien John Howard et lui dit ‘On se verra demain à Arlington’.Sans le savoir, M. Gregory était sur le point de survivre à un autre événement d’une importance historique les attentats terroristes sur New York et Washington le lendemain.De plus, M. Gregory pourrait avoir à remercier le premier ministre pour sa bonne étoile après qu’il eut originalement réservé une place à bord du vol 77 qui s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre.
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Le personnel de l’ambassade australienne a annulé sa réservation pour le vol 77 et a replanifié son vol pour qu’il coïncide avec la présence du premier ministre à une cérémonie de présentation de bouquet à Arlington. [...]» Poursuivons dans cette lignée de coïncidences méconnues avec le prochain extrait.Force est d’admettre que quiconque aura lu l’article intitulé Dark Heart of the American Dream, paru dans The Observer célèbre magazine britannique associé au Guardian Unlimited – sera probablement demeuré pantois suite à sa toute dernière phrase. Traitant exhaustivement de la naissance de la dynastie de la famille Bush dans les années 50, l’article en question, souvent lourd et complexe, s’étire sur une dizaine de pages pour ultimement clore sur une note saisissante.
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« [...] Le 11 septembre, pendant que les avions d’Al Qaeda percutaient le World Trade Center et le Pentagone, le groupe Carlyle tenait une conférence dans un hôtel de Washington. Parmi les invités d’honneur se trouvait un investisseur important : Shafig bin Laden, frère d’Oussama. »
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En quoi donc est-ce extraordinaire? Il faut savoir que les paragraphes précédents avaient préalablement décrit la constitution de ce fameux groupe Carlyle, un fonds d’investissements privé basé à Washington et dirigé par Frank Carlucci, ancien directeur de la CIA, ancien secrétaire à la Défense sous l’administration Reagan ainsi qu’ami de toujours de George Bush père – ce même Bush qui fut également directeur de la CIA et qui siégeait également au comité du groupe.Dit plus simplement, le frère d’Oussama Ben Laden se trouvait en réunion avec George H. W. Bush ainsi que d'autres figures de premier plan du domaine des renseignements américains alors même que se déroulaient les attaques.
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Mais pour quelle raison préféra-t-on attendre à la toute dernière phrase de cet article interminable pour mentionner un tel fait, qui aurait sans l’ombre d’un doute pu faire l’objet d’un article en soi? Nos médias, habituellement avides de scoops et prêts à remuer ciel et mer pour défrayer la manchette, ne firent qu’à peine mention de ce fait pourtant si facilement exploitable.Examinons aussi de quelle manière CBC, l’une des rares chaînes de nouvelles à avoir également abordé l’histoire, s’attaqua au sujet. Dans un article intitulé ˝Conspiration ou coïncidence?˝, le réseau national canadien entrait quant à lui directement dans le vif du sujet.
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« Est-ce une conspiration ou une coïncidence? Il existe une longue et embrouillée histoire entre la famille Bush et l’élite d’Arabie Saoudite.Elle débute dans les années 70 à Houston, Texas, alors que George W. Bush en était à ses premières armes dans les deux commerces familiaux, soit la politique et le pétrole. La puissante et très riche famille Ben Laden l’aida à fonder sa première entreprise dans le domaine du pétrole.
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La relation amicale privilégiée s’est ensuite poursuivie pendant des décennies. Suite à une attaque terroriste sur des installations militaires en Arabie Saoudite qui tua 19 américains, la famille Ben Laden reçut un contrat de plusieurs milliards de dollars pour reconstruire. Et incroyablement, George Bush père se trouvait dans une réunion d’affaires à l’hôtel Ritz Carlton de Washington au matin du 11 septembre avec l’un des frères d’Oussama Ben Laden. [...]» La CBC optait donc de son côté pour une approche diamétralement opposée à celle du Guardian britannique, qui avait préféré glisser l’anecdote en douce à la toute fin d’un article particulièrement long. Du côté canadien, l’approche fut plus directe; mais on protègea toutefois ses arrières en plaçant l’histoire sous la rubrique des conspirations. Que cherche-t-on à accomplir en évitant d’aborder directement ce sujet à l’aide d’une couverture journalistique traditionnelle?
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Et puisqu'il est question de la famille Bush, mentionnons au passage que Prescott Bush, père de George H.W. et grand-père de George W., a soutenu et profité financièrement de la montée au pouvoir de l'Allemagne Nazi. Voici un extrait du Guardian britannique paru le 25 septembre 2004.
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« [...] Le grand-père de George Bush, l'ancien sénateur américain Prescott Bush, était un directeur et actionnaire de compagnies qui ont profité de leur implication avec les investisseurs financiers de l'Allemagne Nazi. The Guardian a reçu la confirmation par le biais de documents nouvellement découverts aux Archives Nationales américaines qu'une firme à laquelle Prescott Bush était directeur était impliquée avec les architectes financiers du nazisme.
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Ses transactions d'affaires, qui se sont poursuivies jusqu'à ce que les actifs de sa compagnie ne soient saisis en 1942 sous la Loi du Commerce avec l'Ennemi, [...]
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Le document a également poussé un ancien procureur américain des crimes de guerre Nazis à argumenter que les actions du défunt sénateur auraient constitué des motifs suffisants pour justifier des poursuites judiciaires pour avoir fourni assistance et réconfort à l'ennemi.
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[...] Mais les nouveaux documents, dont la plupart ne furent déclassifiés que l'année dernière, démontrent que même après que l'Amérique ne soit entrée en guerre et alors qu'il existait déjà des indications significatives concernant les plans et politiques nazis, [Prescott Bush] a travaillé pour et profité de compagnies impliquées de près avec les mêmes entreprises allemandes qui ont financé la montée au pouvoir d'Hitler. Il est également évoqué que l'argent accumulé suite à ces transactions a contribué à établir la fortune de la famille Bush et à ériger leur dynastie politique.[...]»
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Revenons un instant sur cet attentat ayant frappé les installations américaines en Arabie Saoudite, dont faisait mention l’article de CBC, en précisant à ce sujet qu’en juin 1996 « un camion rempli d’explosifs détruisait les installations d’al-Khobar, qui abritaient du personnel de l’armée de l’air, tuant 19 soldats. Un groupe appelé Hezbollah Saoudien en avait revendiqué la responsabilité. Éventuellement, l’administration Clinton ordonna de faire cesser les investigations sur cette affaire dans le but de ne pas brouiller les relations entre les Arabes et l’Iran le pays qui finance le Hezbollah. [...]» Voici des éléments supplémentaires intéressants.
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Les américains perdirent donc 19 de leurs soldats dans un attentat, mais décidèrent de ne pas chercher de coupables pour ne pas nuire aux relations des riches investisseurs arabes, et offrirent ensuite un mirobolant contrat de reconstruction de ces mêmes installations à la famille Ben Laden, qui s’éleva à plusieurs milliards de dollars.Certes, il serait possible d’arguer que le contexte de 1996 était fort différent du monde ˝post 11 septembre˝, et que la réaction aurait été toute autre suite à la tragédie de 2001 attribuée à Al Qaeda.Pour s’en assurer, examinons un article paru dans la section financière de CNN, le 5 mai 2003, soit quatre jours seulement après que le président Bush ait prononcé son célèbre discours sous la bannière ˝Mission accomplie˝, qui faisait référence à la fin des combats majeurs en Irak annoncée quelque peu hâtivement il va sans dire.
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« L’administration Bush a lancé sa guerre contre la terreur en se basant sur les présumés actes d’Oussama Ben Laden. Ironiquement, l’une des compagnies que l’administration a choisie pour reconstruire l’Irak après les récents combats entretient des liens avec la famille Ben Laden, selon la publication d’un rapport.
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Bechtel Corp., une firme de construction privée basée à San Francisco, s’est récemment vu accorder un contrat du Département d’État, d’une valeur potentielle de plus de 600 millions de dollars, pour aider à la reconstruction de l’infrastructure suite à la guerre menée par les américains.L’administration Bush a justifié cette guerre, en partie, parce qu’elle affirmait que le régime de Saddam Hussein, ancien leader de l’Irak, entretenait des liens avec le réseau terroriste Al Qaeda, dirigé par Ben Laden, le groupe prétendument responsable des attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
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Selon un article de l’édition du 5 mai dans le magazine New Yorker, plusieurs membres de la famille Ben Laden faisant partie d’une grande famille d’Arabie Saoudite ayant fait fortune dans le domaine de la construction a investi environ dix millions de dollars dans un fonds d’actions privé opéré par une ancienne filiale de Bechtel avant le 11 septembre. [...]» Plus dérangeant encore, ce paradoxe ne fait pas figure d’exception dans la feuille de route de l’administration Bush. À de nombreuses reprises retrouve-t-on des exemples dans lesquels certaines singularités étonnent. Si bien qu’en bout de ligne, un comportement à tout le moins déconcertant se dégage de l’administration américaine à l’égard de la famille Ben Laden.Aussi riche cette famille soit-elle, les dirigeants américains ne devraient-ils pas éviter à tout prix de maintenir une relation aussi conviviale avec la famille de celui à qui on reproche d’avoir orchestré les pires attaques terroristes de l’histoire?
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Est-il rassurant, par exemple, de lire des articles relatant de quelle manière le gouvernement américain apporta son aide à des parents d’Oussama Ben Laden pour leur permettre de quitter les États-Unis dans les jours suivant les attaques du 11 septembre? L’extrait qui suit est tiré du New York Times, en date du 27 mars 2005.
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« L’histoire fut dite et redite si souvent au cours des trois dernières années et demie qu’elle en est venue à figurer parmi les légendes politiques : à travers la frénésie découlant du 11 septembre 2001, alors que certains avions se trouvaient encore sous interdiction de voler, des douzaines d’arabes ayant de bonnes relations, incluant des parents d’Oussama Ben Laden, trouvèrent le moyen de quitter les États-Unis à bord de vols spécialement affrétés.
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Maintenant, des documents du gouvernement fraîchement publiés, confidentiels jusqu’à ce jour, indiquent que c’est depuis Las Vegas, notamment, que le FBI apporta un support plus actif aux arabes pour leur départ.Le FBI a fourni des escortes personnelles vers les aéroports à deux éminentes familles d’Arabie Saoudite qui ont fui les États-Unis, et plusieurs autres arabes se virent accorder la permission de quitter le pays sans être préalablement interrogés, démontrent les documents. [...]» De son côté, l’édition d’octobre 2003 du Vanity Fair traitait l’histoire avec un peu plus de mordant.
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« Seulement quelques jours après le 11 septembre, de riches arabes incluant des membres de la famille Ben Laden se faufilèrent hors des États-Unis à bord de jets privés. Personne n’est prêt à admettre avoir donné l’autorisation pour ces vols, et les passagers ne furent pas interrogés. La longue relation de la famille Bush avec ces arabes a–t-elle rendu la chose possible? [...]» La suite de ce reportage adoptait le point de vue de Dan Grossi, un agent de police retraité de Tampa, en Floride, qui reçut le 13 septembre 2001 un appel hors de l’ordinaire, dans lequel on lui demandait d’escorter par avion un groupe d’étudiants arabes de Tampa jusqu’à Lexington, au Kentucky. Sachant que 15 des 19 terroristes qui avaient commis les pires atrocités de l’histoire américaine deux jours plus tôt étaient arabes, Grossi douta sérieusement de la faisabilité de la chose.
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« ˝Très franchement, je savais que tous les avions étaient interdits de vol˝, dit-il. ˝Je n’ai jamais cru que ça allait se réaliser. ˝ Malgré tout, Grossi, à qui on avait demandé d’amener un collègue avec lui, appela Manuel Perez, un ancien agent du FBI, pour l’avertir. Perez était aussi peu convaincu. ˝J’ai dit, oublie ça˝, se souvient Perez. ˝Personne ne vole aujourd’hui. ˝Les deux hommes avaient de bonnes raisons d’être sceptiques. Dans les minutes suivant les attaques du 11 septembre, l’Administration d’Aviation Fédérale (FAA) avait émis un avis spécial nommé NOTAM un avis à l’attention des aviateurs qui ordonnait à tout avion en vol aux États-Unis d’atterrir dans les plus brefs délais à l’aéroport le plus près, et interdisait aux avions au sol de décoller. Au cours des deux jours qui suivirent, l’aviation commerciale et privée à travers les États-Unis entiers cessa ses opérations. L’ancien vice-président Al Gore se trouva isolé en Autriche alors que son vol vers l’Amérique fut annulé. Bill Clinton dut également reporter son voyage. Les parties de baseball des ligues majeures étaient annulées. Pour la première fois en un siècle, le ciel de l’Amérique était presque aussi vide qu’il l’était lorsque les frères Wright prirent leur envol historique à Kitty Hawk.Néanmoins, vers 13h30 ou 14h, le 13 septembre, Dan Grossi recevait son appel. On l’informait que les arabes seraient déposés aux Services Aéroportuaires Raytheon, un hangar privé de l’aéroport international de Tampa.
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Lorsque lui et Perez se retrouvèrent au terminal, une femme se moqua de Grossi pour la simple pensée qu’il volerait peut-être ce jour-là. Les vols commerciaux recommençaient tranquillement, mais à 10h57 la FAA émettait un autre avis aux aviateurs, leur rappelant que les vols privés étaient toujours interdits. Trois avions privés violèrent l’interdiction cette journée-là, et dans chacun de ces cas une paire d’avions chasseurs força rapidement l’avion à atterrir. En ce qui concernait les avions privés, l’Amérique était toujours immobilisée. ˝On m’a dit que ça nécessiterait l’approbation de la Maison Blanche˝, a dit Grossi.Alors, un des pilotes arriva. ˝Voici votre avion˝, dit-il à Grossi.
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˝Quand vous êtes prêts.˝ [...]» Cette histoire, qui fit scandale lorsque reprise moins d’un an plus tard dans le documentaire Fahrenheit 911 de Michael Moore, reflète une fois de plus le comportement hautement problématique de l’administration américaine à l’égard de la famille saoudienne. Alors qu’il pourrait être tentant de croire que le 11 septembre soit dû à l’incompétence des dirigeants américains, ce traitement particulier réservé aux arabes ne peut quant à lui être justifié par un tel raisonnement.En effet, outrepasser une interdiction de voler, ce qui nécessitait une autorisation des plus hauts dirigeants américains, cadre difficilement avec l’incompétence ou la négligence, lorsqu’un avion privé rempli d’arabes reçoit le feu vert des plus hautes instances pour s’envoler sans que ceux-ci ne soient d’abord interrogés. Il s’agit au contraire d’une décision prise en connaissance de cause.Le même reportage s’interroge d’ailleurs plus loin sur le sujet.
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« [...] De plus, des documents du FBI portant la mention ˝Confidentiel˝ indiquent que deux membres de la famille Ben Laden, qui s’étaient régulièrement distanciés d’Oussama Ben Laden, étaient sous investigation par le Bureau [FBI] pour leurs liens possibles avec un organisme islamiste suspecté de supporter le terrorisme.
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Plus récemment, en juillet, l’administration demandait au Congrès de ne pas publier 28 pages de son rapport officiel sur le 11 septembre. Selon des rapports de nouvelles, cette section confidentielle révèle qu’il y avait des liens entre les terroristes et deux arabes, Omar al-Bayoumi et Osama Brassnan, qui entretenaient une liaison financière avec des membres du gouvernement d’Arabie Saoudite. Les officiels arabes nient toute implication de leur gouvernement avec les attaques. Les arabes ont demandé que les pages soient rendues publiques pour qu’ils puissent les réfuter, mais le président Bush a refusé.
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Les experts en terrorisme affirment que les arabes qui se trouvaient aux États-Unis immédiatement après les attaques auraient pu contribuer à mettre en lumière la structure d’Al Qaeda et fournir des pistes importantes pour investiguer le 11 septembre. Et malgré cela, selon des sources ayant participé au rapatriement, ils quittèrent les États-Unis sans même être questionnés par le FBI.
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Officiellement, la Maison Blanche se refuse à tout commentaire, et une source de l’intérieur soutient que ces vols n’ont jamais eu lieu. Toutefois, d’anciens officiels de haut niveau de l’administration Bush ont déclaré autrement à Vanity Fair.
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Comment est-ce possible que, au moment précis où le président Bush déclare une guerre globale contre la terreur sans retenues qui allait envoyer des centaines de milliers de troupes américaines en Afghanistan et en Irak, et au moment précis où Oussama Ben Laden devient l’ennemi public numéro un et la cible d’une chasse à l’homme mondiale, la Maison Blanche précipitait le départ d’autant de témoins potentiels, incluant deux douzaines de parents de l’homme lui-même derrière les attaques? [...]» Inutile de tergiverser sur cet aspect, l’interrogation ci-dessus exposant parfaitement l’illogisme et l’inconséquence des actions des leaders américains. Poursuivons plutôt avec un extrait d’article de l’UPI (United Press International) paru le 31 octobre 2001.
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« Un agent de la CIA a prétendument rencontré la tête dirigeante soupçonnée de terrorisme, Oussama Ben Laden, en juillet [2001], alors que le saoudien recevait un traitement pour des problèmes de reins dans un hôpital américain de Dubaï, a rapporté mercredi le journal de nouvelles français Le Figaro.D’après certaines informations, Ben Laden s’est présenté le 4 juillet à l’American Hospital de Dubaï, un hôpital général pour soins spécialisés qui compte 100 lits, et y est resté jusqu’au 14 juillet. Il est arrivé de Quetta, au Pakistan, accompagné de son docteur personnel et d’un assistant rapproché possiblement Ayman el Zawahiri, un dirigeant du Jihad Islamique égyptien, présentement le bras droit de Ben Laden, rapportait le journal.
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Le Figaro a cité un ˝partenaire professionnel˝ lié à la direction de l’hôpital comme source.Hormis une série de dignitaires locaux et des membres de la famille, les visiteurs de Ben Laden ont inclu un agent local de la CIA, a rapporté le journal. L’agent était largement connu localement, affirme Le Figaro, et a par la suite fait part de sa rencontre à plusieurs amis.Le prétendu espion américain fut rappelé au siège social de la CIA à McLean, en Virginie, le 15 juillet un jour après que Ben Laden ait quitté, a rapporté Le Figaro en citant des ˝sources autorisées˝.
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La raison pour laquelle Ben Laden aurait rencontré un agent de la CIA ou vice-versa n’est pas claire. Même avant les attaques terroristes du 11 septembre, le millionnaire saoudien figurait parmi les premiers suspects de terrorisme en Amérique, étant auparavant blâmé pour plusieurs complots contre des cibles américaines, notamment l’attentat à la bombe sur le World Trade Center en 1993.
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Mais le journal français a déclaré que les liens entre la CIA et Ben Laden remontent à des années dans le passé, et semblait suggérer que Ben Laden avait fourni à l’agence des informations à propos des futurs attentats terroristes. [...]Un diplomate américain à Paris a refusé de commenter sur l’article du Figaro, ou sur les allégations à propos d’une rencontre d’urgence à Paris en août, entre des hauts responsables des services de renseignements français et américains.
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˝Nous ne commentons rien de tout cela˝, a-t-il dit. ˝Nous ne pouvons pas parler de telles rencontres qui peuvent s’être produites ou non˝. [...]Selon certaines informations, le directeur du département d’urologie de l’hôpital de Dubaï, Terry Callaway, a refusé de répondre à des questions sur le prétendu séjour de Ben Laden. Radio-France a rapporté mercredi que l’hôpital américain avait nié que Ben Laden y avait été traité. [...]» Une fois de plus, voilà qui cadre bien avec la relation de longue date entre les familles Bush et Ben Laden. Observons ensuite cet article paru le 15 août 2005 par Newsweek, sous la tutelle de MSNBC.
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« Durant la campagne présidentielle de 2004, George W. Bush et John Kerry ont débattu le fait qu’Oussama Ben Laden s’était échappé de Tora Bora dans les derniers jours [sic] de la guerre en Afghanistan. Kerry accusait Bush de ˝ne pas avoir choisi d’utiliser les forces américaines pour pourchasser et tuer˝ le dirigeant d’Al Qaeda. [...]
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Bush soutenait quant à lui que les commandants sur le terrain ne savaient pas si Ben Laden se terrait dans un refuge montagneux le long de la frontière afghane.Mais dans un livre à paraître, le commandant de l’unité Jawbreaker de la CIA sur le terrain à Tora Bora, Gary Berntsen, affirme que lui ainsi que d’autres commandants américains savaient que Ben Laden figurait parmi les centaines de membres d’Al Qaeda et talibans en fuite. Berntsen déclare qu’il possédait des renseignements clairs que Ben Laden se cachait à Tora Bora des agents du service de renseignements l’avaient retracé et qu’il aurait pu être capturé. ˝Il était là˝, a dit Berntsen à Newsweek. [...]Dans son livre intitulé Jawbreaker le responsable de la CIA, dont la carrière lui rapporta des distinctions d’honneur, critique le Département de la Défense de Donald Rumsfeld pour ne pas avoir fourni assez de support aux forces spéciales de la CIA et du Pentagone dans les heures décisives à Tora Bora, dit l’avocat de Berntsen, Roy Krieger. [...] Ceci corrobore d’autres témoignages récents, notamment celui de l’auteur militaire Sean Naylor, qui a décrit Tora Bora comme étant un ˝désastre stratégique˝ parce que le Pentagone a refusé de déployer un cordon d’effectifs conventionnel pour empêcher les membres d’Al Qaeda et des talibans de s’échapper.
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[...]» Une question : pour quel motif les États-Unis déclareraient-ils la guerre à l’Afghanistan, quelques semaines après le 11 septembre 2001, sous le prétexte d’aller chercher Oussama Ben Laden, pour ensuite le laisser filer alors qu’il se trouvait à leur portée?Serait-ce dû au hasard que cette guerre fasse toujours rage plus de sept ans plus tard? Et n’est-ce pas là un détail capital, que les États-Unis ne daignèrent pas saisir l’opportunité de mettre la main au collet du dirigeant d’Al Qaeda après seulement quelques semaines de combats?Poursuivons avec un reportage plutôt étrange provenant de CNN. Il parut le 4 janvier 2002, alors que la campagne militaire en Afghanistan entrait dans son quatrième mois de combats.
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« Le Pentagone tente de persuader les derniers combattants d’Al Qaeda en Afghanistan de se livrer en distribuant des tracts qui contiennent une image modifiée d’Oussama Ben Laden portant des vêtements occidentaux.Le document imprimé recto-verso est dispersé dans des régions d’Afghanistan où les États-Unis croient que les combattants d’Al Qaeda sont situés.
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Le document comporte une image de soldats afghans morts et la déclaration suivante, avec épellation inchangée : ˝Usama bin Laden, le meurtrier et le lâche, a abandonné Al Qaeda. Il vous a abandonnés et s’est sauvé. Rendez-vous et ne mourez pas inutilement, vous ne valez rien à ses yeux. Épargnez le deuil et la souffrance de votre mort à vos familles.
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˝De l’autre côté se trouve une image modifiée de Ben Laden, apparaissant sans son turban ni sa barbe et vêtu d’un habit blanc et d’une cravate. En grosses lettres, il est écrit : ˝Usama bin Laden le meurtrier et le lâche vous a abandonnés!˝ [...]Certains analystes avancent que la photographie modifiée ne sera pas bien reçue dans certaines régions du monde musulman, où le soupçon envers les États-Unis est déjà présent.Lorsque interrogé à savoir si le document pourrait être utilisé par certaines personnes pour soutenir que les États-Unis sont prêts à modifier ou inventer des choses comme ce fut prétendu à propos du vidéo trouvé en Afghanistan par les États-Unis le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a dit qu’il n’avait pas réfléchi à cette possibilité. [...]»
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Alors qu’il est vrai qu’un tract mentionnant qu’Oussama Ben Laden a abandonné ses combattants pourrait éventuellement encourager certains afghans à laisser tomber les armes, on peut toutefois se demander comment une photo du leader extrémiste en habits occidentaux pourrait parvenir au même résultat. Cette photo n’est-elle pas, au contraire, susceptible d’enflammer la haine des supporteurs de Ben Laden et, par conséquent, d’aggraver la situation?N’était-il pas arrogant de la part des américains de distribuer une telle photo alors que les soupçons à leur égard dans le monde arabe étaient déjà très présents? Effectivement, une telle image pouvait être facilement interprétée comme étant le reflet d’une alliance entre Ben Laden et l’Amérique.
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Et puisqu’il est question d’une telle alliance, enchaînons avec un extrait d’article de la MSNBC paru plus de trois ans avant les attentats du 11 septembre, plus précisément le 24 août 1998.
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Celui-ci raconte les premiers pas d’Oussama Ben Laden en tant qu’extrémiste islamique.« À la CIA, cela se produit assez souvent pour porter un nom de code: ‘Blowback’. Défini simplement, ceci est le terme qui décrit un agent, un contact ou une opération qui s’est retourné contre ses créateurs. Oussama Ben Laden, notre nouvel ennemi public numéro un, est la personnification d’un ‘blowback’. [...]Comme sa biographie non classifiée de la CIA le mentionne, Ben Laden a quitté l’Arabie Saoudite pour combattre l’armée soviétique en Afghanistan après l’invasion par Moscou en 1979. À partir de 1984, il dirigea une organisation servant de façade connue sous le nom de Maktab al-Khidamar la MAK pour acheminer l’argent, les armes et les combattants du monde extérieur vers la guerre en Afghanistan.
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Ce que la biographie de la CIA omet commodément de spécifier (dans sa version non classifiée, à tout le moins), c’est que la MAK était entretenue par l’agence de services de renseignements du Pakistan, ou l’ISI, le plus important conduit de la CIA pour mener secrètement sa guerre contre l’occupation de Moscou. [...]» Tiens, tiens. Oussama Ben Laden fut donc utilisé par les États-Unis dans les années 80, contre les soviétiques. À la tête de la MAK, ni plus ni moins la marionnette de la CIA, Ben Laden travaillait au profit des américains en dirigeant les forces d’opposition à l’invasion de l’Afghanistan par Moscou. Ce fut d’ailleurs une victoire majeure pour les États-Unis lorsque les soviétiques se retirèrent du pays en 1989.
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À ce moment, les premiers liens financiers étaient tissés depuis belle lurette entre les familles Bush et Ben Laden bien avant qu’Oussama ne dirige la MAK. En effet, c’est lorsque que Bush père se retrouva à la tête de la CIA en 1976-77, sous la présidence de Gerald Ford, que les liens inter-familiaux devinrent évidents (voire Jim Bath, Salem Ben Laden, Khalid Ben Mahfouz, 1976). Serait-il alors possible, dans un tel contexte, que la montée d’Oussama Ben Laden à la direction de la MAK ait été due aux liens qu’entretenait sa famille avec la direction de la CIA?
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D’ailleurs, n’est-il pas invraisemblable que Ben Laden, l’homme le plus recherché de la planète en cette ère de haute technologie, soit toujours au large plus de sept ans après le 11 septembre? Mentionnons que, dans un monde mené par l’argent, Ben Laden peut remercier le ciel de ne pas avoir été dénoncé, ayant une rançon sur sa tête qui passa de 27 à 50 millions de dollars à l’été 2007.
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Examinons d’ailleurs la plus récente position militaire américaine au sujet de la nécessité de le capturer. L’extrait suivant provient du Fort Worth Star-Telegram, un quotidien de la région de Dallas, au Texas, et fut publié le 23 février 2007.« L’officier le plus haut gradé de l’armée et ancien dirigeant du monde secret des Opérations Spéciales a livré ses réflexions sur l’importance de capturer ou de tuer Oussama Ben Laden, lors d’un déjeuner ici [Fort Worth] vendredi.
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Et elles n’étaient probablement pas ce à quoi les gens s’attendaient.˝Je ne sais pas si nous allons le trouver˝, a déclaré le chef d’État-Major militaire, le Général Peter Schoomaker, dans son discours au Rotary Club à Fort Worth. ˝Je ne sais pas si c’est si important que cela, à parler franchement.˝Schoomaker, qui est sorti de la retraite pour diriger l’armée en 2003, a désigné la capture de Saddam Hussein, la mort de ses fils, Uday et Qusay, ainsi que la mort d’Abu Musab Al-Zarqaoui comme étant des preuves que la capture ou la mort de Ben Laden aurait peu d’effet sur les menaces envers les États-Unis.
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˝Si nous l’attrapons, que se produira-t-il ensuite?˝, a déclaré Schoomaker. ˝Il y aura un sentiment temporaire de satisfaction, mais à long terme ça pourrait le rendre plus important qu’il ne l’est aujourd’hui. Il se cache et il sait que nous le cherchons. Nous savons qu’il n’est pas particulièrement efficace. Je ne suis pas certain que les avantages soient si grands˝ à capturer ou tuer Ben Laden. [...]»
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Autrement dit, le Général Schoomaker affirmait à mots à peine couverts que les États-Unis ne tiennent plus absolument à capturer le responsable des attentats du 11 septembre, et laissait même entendre qu’il serait peut-être préférable de le laisser en liberté. Pourtant, la colère américaine envers Ben Laden un ‘blowback’ pour utiliser le terme de la CIA ne devrait-elle pas en principe s’estomper uniquement après qu’il n’ait payé le prix de ses actes? Entre-temps, il est vrai que la poursuite de la guerre contre le terrorisme demeure plus aisément justifiable tant que le dirigeant d'Al Qaeda est au large.Poursuivons avec un autre exemple qui démontre bien l’incongruité des procédures américaines lorsqu’il est question de liens entre l’Arabie Saoudite et le 11 septembre. L’extrait suivant est tiré d’un article paru dans le célèbre Time, partenaire officiel de CNN, en date du 19 juin 2005.
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« Dans la foulée du 11 septembre, les autorités saoudiennes furent critiquées aux États-Unis pour leur apathie dans l’investigation des attaques, dans lesquelles 15 des 19 terroristes étaient de citoyenneté arabe. Il semble maintenant que les États-Unis aient leur part de responsabilité pour le relâchement avec lequel les pistes furent poursuivies, rapporte Adam Zagorin du Time.
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Selon plusieurs anciens employés de l’ambassade américaine à Riyad [capitale d’Arabie Saoudite], les bureaux légaux du FBI situés dans l’ambassade étaient souvent désorganisés au cours des mois qui suivirent le 11 septembre. Lorsqu’un superviseur du FBI arriva sur les lieux pour nettoyer le désordre, elle y trouva une montagne de papiers et, pour des raisons de sécurité, ordonna un déchiquetage complet qui résulta en la destruction de documents non traités reliés aux investigations du 11 septembre. [...]Le FBI envoya du renfort dans les deux semaines suivant le 11 septembre, mais il semble que l’équipe du bureau ne fut pas en mesure de suffire aux milliers de pistes affluant des gouvernements américains et saoudiens. [...]Quand le haut superviseur du FBI fut envoyé aux bureaux de Riyad presque un an après le 11 septembre, elle y trouva des documents secrets débordant littéralement des tiroirs, empilés sur les classeurs, sur les tables et coincés derrière des armoires, selon un exposé du FBI devant le Congrès. Le processus d’envoi de matériel confidentiel vers les États-Unis avait pris tellement de retard qu’une réserve de boîtes, chacune remplie de trois pieds de papier contenant des pistes secrètes et urgentes, s’était accumulée. Puisque les ambassades doivent être parées à l’éventualité d’un coup d’État hostile, la réglementation affirme que les officiels doivent disposer de quinze minutes maximum pour détruire tous leurs documents confidentiels.
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Par conséquent, le superviseur ordonna le déchiquetage de centaines, possiblement de milliers de pages, plusieurs d’entre elles reliées aux investigations en cours sur le 11 septembre, a expliqué au Congrès un envoyé du FBI, rapporte le TIME. [...]»Ainsi, après avoir laissé s’accumuler pendant près d’un an des piles et des piles de documents contenant des pistes urgentes susceptibles de faire progresser l’enquête sur les attaques du 11 septembre, le FBI considéra soudainement trop dangereux de garder ces éléments de preuves et décida de les détruire. Hors de question, semblait-il, de transférer ces documents dans un endroit plus sûr, ou de les rapatrier au pays. Sans oublier le fait que le déchiquetage se soit produit précisément dans le pays d’où provenaient 15 des 19 terroristes.
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Est-il réellement possible que le système de renseignements américain soit handicapé à ce point par la lourdeur de leur bureaucratie? Ou ne ferait-il pas plus de sens que l’administration Bush et le FBI aient agi de la sorte pour protéger une fois de plus leurs homologues saoudiens, comme l’avait fait le président Clinton en ordonnant de cesser les investigations sur les attentats de 1996, et comme l’avait fait le président Bush en refusant de publier ces 28 pages d’un rapport du Congrès?
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Voyons justement ce que rapportait un article du Boston Globe, paru le 5 septembre 2004, sur les pages gardées secrètes dans ce rapport. L’article fait ici référence à 27 pages, mais il s’agit néanmoins des mêmes pages gardées confidentielles.« Deux des terroristes du 11 septembre avaient un réseau de soutien aux États-Unis qui incluait des agents du gouvernement saoudien, et l’administration Bush ainsi que le FBI ont bloqué une investigation dans cette relation, a écrit le Sénateur Bob Graham dans un livre qui paraîtra mardi.
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La découverte du support financier aux deux terroristes ˝établirait un lien direct entre les terroristes et le gouvernement de l’Arabie Saoudite, et déclencherait une tentative de cover-up par l’administration Bush˝, a écrit le démocrate de la Floride.Et dans ce livre de Graham, ˝Intelligence Matters˝, obtenu hier par le Miami Herald, il établit clairement que certains détails du soutien financier provenant de l’Arabie Saoudite se trouvaient dans les 27 pages du rapport final de l’enquête du Congrès qui furent interdites de publication par l’administration, malgré les demandes des leaders des deux partis aux comités de renseignements de la Chambre des représentants et du Sénat.
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[...] [Graham] a supervisé l’investigation du 11 septembre sur la colline du Capitole avec le représentant Porter Goss. Selon Graham, le FBI et la Maison Blanche ont bloqué des efforts d’investigation sur la portée des liens entre les responsables saoudiens et les deux terroristes.Graham a écrit que le personnel de l’enquête du Congrès a conclu que deux saoudiens de la région de San Diego, Omar al-Bayoumi et Osama Bassan, qui ont apporté un support financier significatif aux deux terroristes, travaillaient pour le gouvernement saoudien.Bayoumi recevait une allocation mensuelle d’un contracteur de l’Aviation Civile Saoudienne qui passa de 465$ à 3700$ en mars 2000, après qu’il ait aidé Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdar deux des terroristes du 11 septembre à trouver des appartements et à se faire des contacts à San Diego, avant qu’ils ne débutent l’entraînement de pilotage. [...]»
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Nous reviendrons un peu plus loin sur ces deux terroristes, car leur histoire est tout simplement stupéfiante. En effet, qui ne sera pas étonné d’apprendre que ces deux individus partagèrent un appartement à San Diego avec nul autre qu’un informateur du FBI à l’automne 2000?Cet informateur pourrait-il être l’un des fameux contacts auquel le Boston Globe fit référence?
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Entre-temps, les indications d’une liaison suspecte entre l’administration Bush et l’Arabie Saoudite commencent à s’accumuler. Puisque le gouvernement saoudien, et non irakien ou afghan, était impliqué dans le financement des attentats, pourquoi à ce moment ne pas avoir choisi de s’en prendre à l’Arabie Saoudite plutôt que de bloquer les investigations qui les concernaient? Rappelons que dès son arrivée au pouvoir, l’administration Bush entretenait déjà une idée bien arrêtée quant au besoin d’envahir l’Irak et que la publication de ces 27 ou 28 pages, qui pointaient directement vers le gouvernement saoudien, avait le pouvoir de venir contrecarrer ces plans de guerre.
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Examinons ensuite l’article britannique suivant, paru le 7 novembre 2001 dans le Guardian Unlimited.« Le FBI et des officiers du renseignement militaire à Washington affirment avoir été empêchés, pour des raisons politiques, de mener à terme des investigations sur des membres de la famille Ben Laden à l’intérieur des États-Unis avant les attaques terroristes du 11 septembre.
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Les agences de renseignements américaines furent critiquées pour leur échec dans la prévention de la catastrophe au World Trade Center. Mais certaines se plaignent d’avoir eu les mains liées.Des documents du FBI montrés sur BBC Newsnight hier soir et obtenus par le Guardian démontrent qu’ils tentèrent par le passé d’investiguer sur deux parents d’Oussama Ben Laden à Washington, ainsi que sur une organisation musulmane, la World Assembly of Muslim Youth (WAMY), à laquelle ils étaient liés.
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Le document du FBI, marqué ˝Confidentiel˝ et codé 199, ce qui signifie que le cas implique la sécurité nationale, indique qu’Abdullah Ben Laden, qui vivait à Washington, avait initialement attiré l’ouverture d’un dossier sur lui ˝à cause de sa relation avec la World Assembly of Muslim Youth une organisation suspectée de terrorisme˝. [...]Abdullah, qui habitait avec son frère Omar à ce moment à Falls Church, un village tout juste à l’extérieur de Washington, était le directeur américain de la WAMY, qui tenait ses locaux dans un sous-sol près de là.Mais les dossiers du FBI furent fermés en 1996 apparemment avant qu’aucune conclusion n’ait pu être formulée ni sur l’un ni sur l’autre des frères Ben Laden ou sur l’organisation elle-même. Des sources haut placées au service de renseignements à Washington ont déclaré au Guardian cette semaine : ˝Il y a toujours eu des contraintes à investiguer les saoudiens˝.
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Ils affirment que les restrictions augmentèrent suite à la prise du pouvoir de l’administration Bush cette année. Les agences de renseignements se sont fait dire de ˝mettre un terme˝ aux investigations impliquant d’autres membres de la famille Ben Laden, la royauté saoudienne, ainsi que de possibles liens saoudiens sur l’acquisition d’armes nucléaires par le Pakistan.˝Certaines investigations furent efficacement étouffées.˝ [...]La même histoire faisait surface le lendemain de l’autre côté de la planète dans le Times of India, qui utilisait cette fois-ci une approche beaucoup plus directe.« L’Amérique est elle-même à blâmer pour les événements du 11 septembre parce que l’administration américaine a utilisé des ˝gants d’enfants˝ dans son dépistage d’Oussama Ben Laden et ˝autres fanatiques liés à l’Arabie Saoudite˝, a laissé entendre une investigation spéciale de la BBC dans un réquisitoire accablant sur les deux présidents Bush et la politique étrangère américaine.
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Le rapport, basé selon la BBC sur un document confidentiel du FBI, numéroté 199I WF213589 et émanant des bureaux du FBI à Washington, prétend que le cynisme de l’établissement américain et les ˝liens entre la CIA et l’Arabie Saoudite et les familles Bush et Ben Laden˝ pourraient avoir été la véritable cause des milliers de morts dans les attaques sur le World Trade Center. [...]»
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Revenons un moment dans un contexte plus actuel. L’année 2008, la dernière de l’administration Bush au pouvoir, amena comme par hasard avec elle l’annonce d’un procès militaire pour six présumés dirigeants logistiques du complot du 11 septembre. L’extrait suivant est tiré du New York Times, édition du 9 février 2008.
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« Des procureurs militaires sont en phase finale de la préparation du premier procès majeur contre des conspirateurs suspectés dans le complot qui mena à la mort de près de 3000 américains le 11 septembre 2001 et entraîna les États-Unis en guerre, ont affirmé des personnes familières avec le dossier.Les accusations, qui seront déposées au système de commissions militaires de Guantanamo Bay, Cuba, impliqueraient jusqu’à six prisonniers du centre de détention, incluant Khalid Shaikh Mohammed, ancien bras droit d’Oussama Ben Laden, qui a déclaré être le principal organisateur du complot.
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Ce procès pourrait se transformer en l’accomplissement d’un objectif recherché depuis longtemps par l’administration Bush : présenter des coupables pour les attentats terroristes de 2001. [...]Mais le procès entraînerait également un examen minutieux du système de commissions militaires au passé trouble, critiqué pour être un système créé dans le but d’obtenir des condamnations sans fournir les protections légales qu’offrent les cours civiles américaines. [...]
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Des avocats ont affirmé que le traitement par les américains de deux [des six détenus] serait inévitablement le centre d’attention des avocats de la Défense dans leur dossier.L’un d’eux, M. [Khalid Shaikh] Mohammed, connu en tant que KSM, a été soumis à la technique de simulation de noyade ou ‘waterboarding’ alors qu’il était détenu secrètement par la CIA, a confirmé cette semaine le Général Michael V. Hayden, directeur de la CIA. [...]Lors d’une audience au Pentagone l’an dernier, il [Khalid Shaikh Mohammed] avait revendiqué la responsabilité pour plus de 30 attaques et complots terroristes. Il avait alors été explicite à propos de son rôle dans les attentats de 2001. ‘J’étais responsable de l’opération du 11 septembre, de A à Z’, avait-il déclaré. [...]»
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Quelle crédibilité devons-nous accorder à la revendication d’une trentaine d’attaques terroristes, notamment celle du 11 septembre ‘de A à Z’ par un détenu qui fut torturé par la CIA? N’est-il pas plausible que cette déclaration ait été faite dans le but de faire cesser la torture dont il fut victime? Après tout, des condamnations publiques de présumés responsables du 11 septembre ne seraient-elles pas les bienvenues par l’administration Bush avant de quitter la Maison Blanche?Signalons que cette histoire déboucha rapidement sur de nouveaux développements. Observons cet extrait d’article paru quelques jours plus tard dans The Nation, le plus vieil hebdomadaire américain, en date du 20 février 2008.
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« Des preuves secrètes. Le refus d’Habeas Corpus. Des preuves obtenues suite au ‘waterboarding’. Des détentions de durées indéfinies. La nomenclature des plaintes au sujet du traitement des prisonniers à Guantanamo Bay est extensive, dérangeante et maintenant bien connue. Néanmoins, une nouvelle vague de stupéfaction et de critiques a déferlé suite à l’annonce par le Pentagone, le 11 février, qu’il poursuivait en justice six détenus, notamment le présumé dirigeant logistique du 11 septembre, Khalid Shaikh Mohammed, sous des chefs d’accusation de crimes de guerre demandant la peine de mort pour chacun d’eux.
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Alors que la sombre et presque légale mise en scène des commissions militaires de l’administration Bush se dévoile, un responsable clé a affirmé à The Nation que les procès ont été truqués depuis le départ. Selon le Colonel Morris Davis, ancien procureur en chef des commissions militaires de Guantanamo, le processus a été manipulé par des personnes désignées par l’administration pour empêcher la possibilité d’acquittements.
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Les critiques du Colonel Davis envers les commissions se sont accentuées depuis qu’il a rendu sa démission en octobre, déclarant au Washington Post qu’il avait été mis sous pression par de hauts délégués politiques du Département de la Défense pour mettre l’accent sur des dossiers jugés ‘sexy’ et ‘de haut intérêt’ (tels que les procès du 11 septembre maintenant entamés) avec la venue des élections de 2008. Davis, jadis un ardent défenseur de la procédure des commissions, élabora sur ses motifs [ayant mené à sa démission] dans un éditorial paru dans le Los Angeles Times le 10 décembre 2007. ‘J’en suis venu à la conclusion que des procès entièrement justes et francs ne sont pas possibles sous le système actuel [commissions militaires de Guantanamo] ’, avait-il écrit. ‘J’ai senti que le système était devenu hautement politisé et que je ne pouvais plus faire mon travail efficacement.’
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Par la suite, lors d’une entrevue avec The Nation en février, après que les six détenus de Guantanamo furent mis en accusation, Davis a révélé la preuve la plus incriminante que les commissions militaires sont biaisées [...].
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Lorsqu’on lui a demandé s’il croyait que les hommes à Guantanamo pourraient avoir droit à un procès juste, Davis a relaté ce compte rendu d’une rencontre tenue en août 2005 entre lui et le procureur général du Pentagone, William Haynes – l’homme qui dirige maintenant le processus du tribunal pour le Département de la Défense. [...]
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‘Je lui ai dit que si nous ne parvenions pas [à les faire tous condamner] et que quelques acquittements se glissaient dans nos procès, qu’au moins cela validerait la procédure’, a poursuivi Davis. ‘À ce moment, ses yeux (ceux de Haynes) se sont écarquillés et il a dit ‘Attends une minute, nous ne pouvons pas avoir d’acquittements. Si nous avons détenu ces hommes aussi longtemps, comment pourrions-nous expliquer qu’on les laisse partir? Nous ne pouvons pas avoir d’acquittements. Nous avons besoin de condamnations.’
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Davis a rendu sa démission le 4 octobre 2007, quelques heures seulement après avoir été informé que Haynes avait été placé au-dessus de lui dans la chaîne de commandement des commissions. [...]»
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Assurément, cette déclaration du Colonel Davis devint rapidement embarrassante pour le Pentagone ainsi que pour la crédibilité du système des commissions militaires de Guantanamo. D’autant plus qu’au lendemain de ces révélations-chocs parues dans The Nation, de nouvelles informations dérangeantes étaient à nouveau publiées, cette fois-ci par l’Harper’s Magazine, publication mensuelle américaine remontant à 1850.
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« La semaine dernière, le Département de la Défense lançait une offensive médiatique majeure. Il annonçait que six ‘détenus de haute importance’ liés aux attentats du 11 septembre seraient mis en accusation dans le cadre de procédures tenues par les commissions militaires de Guantanamo ce printemps. Des accusations spécifiques concernant le rôle de chacun des six [détenus] dans la tragédie du 11 septembre tapissaient les médias. En majeure partie, les médias n’ont seulement qu’un peu brodé autour du scénario du Pentagone. [...]
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Mais, alors que les principaux médias américains présentaient l’histoire en se concentrant sur le Pentagone, sur ses déclarations et autres affaires de moindre importance [...], les procédures de Guantanamo reçurent un traitement différent à l’étranger. À l’extérieur des États-Unis, ‘Guantanamo’ est synonyme de torture, d’abus dictatorial et d’injustice. [...]
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Comme les médias étrangers l’ont régulièrement remarqué, quelque chose d’extrêmement suspect entourait ces commissions ‘militaires’. En fait, l’un des meilleurs aperçus que les critiques apportèrent fut qu’elles n’étaient pas ‘militaires’ du tout. Elles étaient en apparence militaires grâce à la salle d’audience remplie d’hommes et de femmes en uniformes vers laquelle toutes les caméras sont tournées. Mais comme le cas de [David] Hicks l’a démontré, les personnages militaires faisaient figure de marionnettes. En coulisses, les maîtres des marionnettes tiraient les ficelles. Et les maîtres de marionnettes étaient des individus aux allégeances politiques suspicieusement partisanes. [...]
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[Le Colonel Morris] Davis démissiona parce qu’il sentait que le système des commissions était truqué. [...] Mais Davis ne fut pas le seul, ni même le premier procureur général à remettre sa démission. Trois autres – le Major Robert Preston, le Capitaine John Carr et le Capitaine Carrie Wolf – demandèrent à être relevés de leurs fonctions après avoir fait part de leurs inquiétudes que la procédure était truquée. L’un d’eux a déclaré s’être fait garantir qu’il n’avait pas à s’inquiéter de monter un dossier en bonne et due forme; les condamnations étaient assurées. [...]»
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À partir de ce moment, et plus particulièrement suite aux déclarations du Colonel Morris Davis, l’administration Bush ne pouvait plus se permettre à la fois de poursuivre ses procédures à Guantanamo et conserver William Haynes à sa tête. Celui-ci devait lui aussi partir, et vite. Voici d'ailleurs un extrait d’article de l’AP (Associated Press) paru moins d’une semaine après ces publications nuisibles, soit le 26 février 2008.« Le procureur général qui a servi le plus longtemps pour le Département de la Défense, qui fut critiqué pour son rôle dans l’élaboration des politiques de l’administration Bush quant à la détention et le jugement de présumés terroristes, a donné sa démission pour retourner à une vie privée le mois prochain, a déclaré le Pentagone lundi.William J. Haynes II avait été nommé procureur général par le Sénat en mai 2001. [...]Daniel J. Dell’Orto, premier substitut au procureur général du Département de la Défense depuis juin 2000, occupera le poste de procureur général, a annoncé le Pentagone. [...]»
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Chose certaine, l’administration Bush semble plus encline à lyncher publiquement une poignée d’arabes, qu’ils soient coupables ou non, qu’à offrir des procédures judiciaires équitables aux détenus de Guantanamo.
Egger Ph.