"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

13 février 2009

Ce qu’ils savaient

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Photos des victimes du 11 septembre 2001
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Revenons brièvement sur ces vols ayant permis d’évacuer de nombreux arabes des États-Unis dans les jours suivant le 11 septembre, notamment des membres de la famille Ben Laden, et observons de quelle manière le comité d’enquête du gouvernement américain traita ce dossier. Le 22 août 2004, CNN publiait de nouveaux détails sur ces vols, rendus publics par la commission d'enquête.« [...] La deuxième section détaille également onze vols ayant quitté les États-Unis entre le 13 septembre et le 24 septembre 2001, transportant des citoyens saoudiens, incluant des membres de la famille Ben Laden.
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˝Craignant des représailles contre les citoyens saoudiens, Rihab Massoud, coordonnateur de la mission du Royaume d’Arabie Saoudite à Washington, D.C., a contacté Dale Watson, assistant-directeur de la division anti-terroriste du FBI, peu après l’attaque pour lui demander de l’aider à faire sortir des citoyens du royaume du pays˝, déclare le document.La commission affirme que le coordonnateur de la sécurité et de contre-terrorisme de la Maison Blanche, Richard Clarke, semble être l’officiel le plus haut gradé à avoir été impliqué dans l’autorisation des vols.
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˝Le président Bush et le vice-président Dick Cheney ont affirmé devant la commission ne pas avoir discuté avec les officiels du gouvernement saoudien à propos des vols avant leur départ˝, déclare le document. ˝Le président a déclaré à la commission qu’il n’avait appris l’existence du sujet qu’en lisant les journaux.˝La commission affirme que tous les citoyens saoudiens ont été filtrés par le FBI pour s’assurer qu’ils ne représentaient pas une menace pour la sécurité nationale, et qu’aucun terroriste ne s’échappait des États-Unis sur aucun des vols saoudiens. »
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Quelques remarques sur ces informations. D’abord, la commission tenta de se faire rassurante en affirmant que le FBI avait vu à ce qu’aucun terroriste ne leur file entre les mains. Très bien. Laisser filer un terroriste est une chose, mais laisser filer quelqu’un qui dispose potentiellement d’informations sur les coupables en est une autre, fort différente. Alors qu’il est effectivement possible que les arabes ayant fui le pays n’avaient eux-mêmes rien à se reprocher, il semble cependant invraisemblable qu’aucun d’entre eux n’ait pu offrir le moindre renseignement pouvant éclairer les enquêteurs sur Oussama Ben Laden ou sur le réseau Al Qaeda.
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De plus, s’il est vrai que Richard Clarke fut l’officiel le plus haut placé à avoir donné son approbation sur ces vols, une administration américaine dotée d’un minimum de bon sens n’aurait-elle pas été outrée par une telle décision? Pourtant, aucune mesure disciplinaire ne fut prise à son égard.Au contraire, Richard Clarke fut ensuite promu.Comment peut-on à la fois aborder sérieusement une investigation de cette ampleur et laisser tout bonnement filer deux douzaines de parents d’Oussama Ben Laden? Pour un pays désireux de mettre la main au colet du coupable d’aussi terribles attaques, une décision semblable ne devait-elle pas être considérée comme une trahison, rien de moins?
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Que devons-nous penser en apprenant ensuite que l’administration Bush fit abroger des lois vieilles de plusieurs siècles, défendues par la Constitution américaine, dans le but de se donner le pouvoir de détenir indéfiniment prisonnier quiconque elle juge lié de près ou de loin à une organisation terroriste, et ce, sans même devoir l’inculper de quoi que ce soit?
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N’aurait-il pas été plus approprié, particulièrement dans le cas des membres de la famille Ben Laden, de les loger tous temporairement dans un établissement américain sécuritaire, en supposant que le véritable motif pour leur avoir fait quitter prématurément le pays était réellement de les protéger? Ce faisant, il aurait ainsi été possible de les avoir à disposition pour les interroger à mesure que l’enquête progressait.Quant à la déclaration de George W. Bush, qui affirme avoir été informé de l’existence de cette histoire dans les journaux seulement, il est intéressant de savoir que lorsque le président accepta finalement de comparaître devant la commission d’enquête après s’être longtemps opposé à l’idée ce n’est que sous quatre conditions très particulières qu’il s’y soumît : premièrement, il ne prêterait pas serment; deuxièmement, il était impératif qu’il comparaisse accompagné du vice-président Dick Cheney; troisièmement, sa comparution devait se faire à huis clos, c’est-à-dire en privé, hors d’accès des médias et du public; et finalement, aucun enregistrement (audio, vidéo ou autre) ne serait permis.
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À ce propos, voici un extrait paru le 30 avril 2004 par l’agence de presse Reuters.« Le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney ont été questionnés à huis clos aujourd’hui par une commission chargée d’enquêter sur les attaques du 11 septembre, dans le but de savoir s’ils auraient pu faire plus pour contrer une menace grandissante d’Al Qaeda avant les attaques. [...]
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M. Bush et M. Cheney ont accepté sous la pression des familles des victimes et de la commission de répondre aux questions, mais seulement sous condition de comparaître ensemble et en privé, sans enregistrements de la session. Ils n’étaient pas sous serment.
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[...]M. Bush s’était préparé pour un questionnement serré à propos de sa réaction à un mémo présidentiel informatif daté du 6 août 2001, intitulé ˝Ben Laden déterminé à attaquer à l’intérieur des États-Unis˝. Celui-ci affirmait que des membres d’Al Qaeda se trouvaient aux États-Unis et que le FBI avait détecté des motifs d’activités suspects ˝concordant avec des préparations de piratage ou d’autres types d’attaques.˝ »
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Dans un premier temps, pour quelle raison le président sentit-il le besoin d’émettre autant de conditions avant d’accepter de témoigner sur un sujet aussi important? Un président n’ayant rien à se reprocher ne devrait-il pas, par souci de transparence et de leadership, accepter de répondre par lui-même et sous serment à toutes les questions nécessaires, à la vue de tous? N’apparaît-il pas par ailleurs capital d’enregistrer une telle séance, que ce soit pour se référer ultérieurement à ses déclarations ou tout simplement par considération de la valeur historique du témoignage? Apparemment, non.Pourtant, près d’un mois plus tôt, après s’être opposé à la comparution de sa conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, devant la commission, le président Bush justifiait ainsi son changement de position.
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« [...] Bush a affirmé cette semaine qu’il avait changé d’idée quant à autoriser Rice à comparaître en public et sous serment parce qu’il voulait que la nation ait ˝un portrait complet˝ des événements menant aux attaques. [...]»
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Cet extrait tiré de la MSNBC nous démontre bien le paradoxe des paroles présidentielles. Alors qu’il devenait soudainement important pour le président que le peuple soit bien informé sur les mois précédant le 11 septembre – en ce qui avait trait à Condoleezza Rice, à tout le moins la même logique ne tenait étrangement plus lorsqu’il fut question de sa propre comparution.Par ailleurs, que dire de l’existence de ce mémo présidentiel auquel Reuters fit référence en fin d’article? Tel que rapporté, le président Bush se vit remettre un mois avant les attentats un document intitulé ˝Ben Laden déterminé à attaquer à l’intérieur des États-Unis˝. Voilà qui en dit long sur le contexte dans lequel les officiels américains évoluèrent vers le jour fatidique.
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Malgré une tentative fort peu convaincante de Condoleezza Rice d’expliquer lors de sa comparution devant la commission que ce mémo n’était en fait qu’un simple résumé historique des efforts d’Oussama Ben Laden pour frapper les États-Unis, le fait demeure que ce mémo indiquait indubitablement un état de conscientisation envers la menace.D’autant plus que ce mémo était loin de faire figure d’exception à ce moment. En effet, dans les mois qui précédèrent les attentats, au moins onze pays avertirent les États-Unis de l’imminence d’une attaque contre eux. De nombreux avertissements internes furent également émis. Survolons brièvement certains de ces signaux d’alarme qui auraient normalement dû rehausser la vigilance des systèmes de défense américains.En date du 16 septembre 2001, le quotidien britannique The Telegraph rapportait ceci.« Des officiels du renseignement israélien affirment avoir averti leurs homologues américains le mois dernier que des attaques terroristes d’envergure sur des cibles hautement visibles sur le territoire des États-Unis étaient imminentes.
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[...]Le Telegraph a appris que deux experts haut placés du Mossad, le service de renseignements militaire israélien, avaient été envoyés à Washington en août pour alerter la CIA et le FBI de l’existence d’une cellule contenant jusqu’à 200 terroristes prétendument en préparation d’une grande opération. [...]» Le 4 juin 2002, le New York Times rapportait ceci.« Le président égyptien Hosni Mubarak a affirmé en entrevue que les services de renseignements d’Égypte avaient averti les officiels américains environ une semaine avant les attaques terroristes du 11 septembre que le réseau d’Oussama Ben Laden, Al Qaeda, se trouvait à un stage avancé dans l’exécution d’une opération importante contre une cible américaine. [...]»
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Le 16 avril 2007, l’Agence France-Presse rapportait ceci.« Les services de renseignements français ont alerté en janvier 2001, soit huit mois avant les attentats du 11 septembre, leurs homologues américains d'un projet de détournement d'avion américain par Al-Qaeda, révèle lundi Le Monde daté de mardi [sic].Le quotidien publie le fac-similé de la première page d'une ‘note de synthèse’ classifiée ‘confidentiel défense’ de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, espionnage). La note de cinq pages, datée du 5 janvier 2001 et titrée ‘Projet de détournement d'avion par des islamistes radicaux’, a été transmise, assure Le Monde, quelques jours plus tard au chef de poste de la CIA à Paris, Bill Murray. [...]Cette note cite également sept compagnies d'aviation susceptibles d'être la cible de ce détournement, dont les deux compagnies américaines visées par les terroristes du 11 septembre (American Airlines et United Airlines) qui ont fait près de 3000 morts.Interrogée par l'AFP, la DGSE n'a pas souhaité commenter ces révélations. »
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Le 12 juin 2002, le London Times rapportait ceci.« Un agent des services secrets marocains affirme avoir infiltré Al Qaeda pendant deux ans avant de sortir de l’ombre l’été dernier pour avertir ses supérieurs que le groupe terroriste planifiait ‘quelque chose de spectaculaire’ à New York. [...]M. [Hassan] Dabou n’était pas certain de connaître précisément la cible, sachant seulement qu’il s’agirait d’une ‘opération de grande envergure à New York à l’été ou l’automne 2001’.
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Il semble que les responsables des services secrets avaient pris au sérieux le renseignement de l’un de leurs plus expérimentés informateurs et avaient immédiatement transmis les détails à Washington. [...]Les rapports en provenance de Casablanca [Maroc] affirment que M. Dabou a été transporté secrètement par avion à Washington, où il coopérait avec les agents des services de renseignements des États-Unis lorsque les terroristes ont frappé.Les preuves que les agences occidentales [de renseignements] n’ont pas donné suite aux pistes marocaines sur Al Qaeda l’été dernier s’accumulent. [...]»
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Le 2 novembre 2007, CNN rapportait ceci.
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« L’Arabie Saoudite aurait pu aider les États-Unis à prévenir les attaques d’Al Qaeda en 2001 contre New York et Washington si les responsables américains avaient consulté les autorités saoudiennes d’une manière ‘crédible’, a affirmé l’ancien ambassadeur du royaume dans un documentaire diffusé jeudi.Les commentaires du prince Bandar bin Sultan sont semblables aux remarques faites cette semaine par le roi saoudien Abdullah, qui a insinué que l’Angleterre aurait pu prévenir les attentats à la bombe de 2005 à Londres si les avertissements de Riyad [capitale saoudienne] avaient été considérés.Sur le réseau satellitaire arabe Al-Arabiya, Bandar maintenant conseiller à la sécurité nationale du roi Abdullah a affirmé jeudi que les services de renseignements saoudiens ‘poursuivaient activement’ la plupart des terroristes du 11 septembre ‘avec précision’.
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‘Si les autorités de sécurité [américaines] s’étaient impliquées avec leurs homologues saoudiens d’une manière sérieuse et crédible, à mon avis, nous aurions évité ce qui s’est produit’, a-t-il déclaré. [...]» Le 7 septembre 2002, la BBC rapportait ceci.« Un assistant de l’ancien ministre des affaires étrangères talibanes, Wakil Ahmad Muttawakil, a révélé qu’il avait été envoyé pour avertir les diplomates américains et les Nations-Unies qu’Oussama Ben Laden était sur le point de déclencher une énorme attaque sur le territoire des États-Unis. [...]
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Il s’est d’abord rendu au consulat américain de Peshawar, au Pakistan, puis aux Nations Unies. Mais aucun de ses avertissements ne retint l’attention.Un officiel américain explique pourquoi :˝Nous entendions beaucoup de choses de ce genre˝, dit-il. ˝Quand les gens disent sans arrêt que le ciel va vous tomber sur la tête et que ça n’arrive pas, une sorte de ‘laisser-aller’ prend place.˝ [...]» Ainsi, les services de renseignements israéliens, égyptiens, français, saoudiens, talibans et marocains, pour ne nommer qu'eux, savaient que quelque chose d’anormal se tramait, au point d’en prédire l’imminence. Devons-nous croire que les services secrets de la plus grande puissance mondiale n’ont rien vu venir?À ce propos, voici un extrait tiré du USA Today, daté du 4 juin 2002.
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« Les services de renseignements américains ont surpris des membres d’Al Qaeda en train de discuter d’une attaque terroriste majeure et imminente dans les semaines précédant le 11 septembre et avaient des agents à l’intérieur du groupe terroriste, mais les interceptions et les rapports de terrain ne spécifiaient pas où ni quand l’attaque allait survenir, selon des responsables américains. [...]
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Certains de ces indices se retrouvent enfouis parmi 350 000 pages de documents remis par la CIA pour les audiences :- Des rapports discutant de la possibilité d’attentats-suicide, des complots de faire percuter des avions sur des édifices et des attaques contre le Pentagone, le World Trade Center ainsi que d’autres cibles importantes. Des interceptions électroniques de membres d’Al Qaeda, remontant même jusqu’au 10 septembre, discutant énigmatiquement d’une attaque majeure. Deux responsables aux services de renseignements américains, en paraphrasant les interceptions hautement confidentielles, affirment qu’elles incluaient des remarques telles que ‘De bonnes choses arrivent’, ‘Surveillez les nouvelles’ et ‘Demain sera un grand jour pour nous’. [...]»Les services de renseignements des États-Unis disposaient donc eux aussi d’informations quant à l’imminence d’une attaque. Voici ensuite un article fort intéressant tiré du service de nouvelles CNS, paru le 19 septembre 2002.
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« L’investigateur en chef de l’enquête conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat a affirmé lors des premières audiences publiques, mercredi, que le Congrès fut averti qu’Oussama Ben Laden préparait une attaque d’envergure contre des intérêts américains ou israéliens deux mois avant le 11 septembre 2001.Il existait ˝un flot modéré, mais relativement régulier, d’informations dans les services de renseignements indiquant la possibilité d’attaques terroristes à l’intérieur des États-Unis˝, selon la directrice du personnel du comité conjoint, Eleanor Hill. [...]
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En se basant sur les informations recueillies par le comité, un total de 28 documents des services de renseignements furent accumulés depuis juin 1998 suggérant que Ben Laden voulait attaquer les États-Unis, incluant onze d’entre eux qui indiquaient qu’une attaque était imminente après mars 2001.De plus, douze ˝renseignements indicateurs˝ menèrent les analystes à croire qu’Al Qaeda utiliserait des avions pour frapper des cibles à Washington, D.C., et à New York.
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[...]Le manque de corroboration n’a pas empêché les officiels des services de renseignements d’émettre un sombre avertissement dans un exposé aux leaders du Congrès en juillet 2001.
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˝Nous croyons que [Ben Laden] lancera une attaque terroriste d’importance contre des intérêts américains et/ou israéliens dans les semaines à venir˝, déclarait l’avertissement. ˝L’attaque sera spectaculaire et conçue pour infliger des victimes en très grand nombre contre des établissements ou intérêts américains. Les préparatifs pour l’attaque ont été pris. L’attaque surviendra avec peu ou pas d’avertissement.˝Hill a déclaré au comité que les ressources adéquates ne furent pas attitrées à l’analyse de la menace posée par Ben Laden à cause d’exigences concurrentes à l’intérieur du gouvernement.
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˝La communauté des services de renseignements répond à ses ‘clients’. Les clients étant d’autres parties du gouvernement leur exigeant de leur fournir des renseignements sur certains points˝, expliqua-t-elle. ˝Il existait des clients qu’ils devaient satisfaire, qu’ils ressentaient le besoin de satisfaire et qui demandèrent à être satisfaits sur des sujets autres qu’Al Qaeda.˝ [...]» Assurément, ces nouvelles informations viennent contrecarrer l’argumentation selon laquelle les services de renseignements américains ne prirent pas au sérieux les avertissements étrangers, puisqu’ils allèrent jusqu’à prendre la mesure extraordinaire d’avertir le Congrès de l’imminence d’une attaque, spécifiant même que les préparatifs avaient été pris.
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Nous apprenons également que les services de renseignements américains disposaient d’indications permettant de croire que des avions pourraient être utilisés pour attaquer Washington et New York. Pourtant, comme nous le verrons plus tard, des exercices militaires envoyèrent une proportion considérable de la flotte aérienne militaire loin de New York et de Washington le 11 septembre, ayant pour résultat d’affaiblir grandement les capacités de défense du centre nerveux des États-Unis, en dépit des nombreux avertissements.Cependant, l’information la plus importante nous est parvenue des mots à peine couverts d’Eleanor Hill, qui révéla que certains éléments du gouvernement, implicitement très puissants, dirigèrent sciemment les ressources des services de renseignements sur des pistes autres que celles liées à Al Qaeda malgré l’avertissement livré au Congrès.Mais pourquoi donc informer le Congrès d’une menace sérieuse pour ensuite diriger les effectifs dans une direction différente? Alors que certains observateurs n’y verront une fois de plus que le simple reflet d’un engrenage de bureaucratie mal huilé, d’autres en déduiront qu’il s’agit d’une preuve accablante que le gouvernement américain ne désirait pas réellement enrayer cette menace d’Al Qaeda.Ajoutons qu’en août 2001, au zénith de tous ces avertissements, dont celui livré au Congrès, le ministre américain de la Justice, John Ashcroft, rejeta une demande d’augmentation du budget alloué à la lutte contre Al Qaeda. Voici un extrait paru dans le Mondo de Washington, le 21 mars 2006.
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« [...] Dès le début de son mandat, le ministre de la Justice John Ashcroft a d’abord reçu, puis refusé, des séances d’informations sur la menace d’Al Qaeda. Ashcroft rejeta une demande d’ajout de 58 millions de dollars pour combattre Al Qaeda en août 2001. En mai de la même année, Ashcroft publiait un mémo qui exposait les objectifs stratégiques du Département de la Justice. Celui-ci ne faisait aucune mention de contre-terrorisme. Par la suite, dans son témoignage devant la commission sur le 11 septembre, Ashcroft blâma l’administration Clinton pour les échecs liés au terrorisme et affirma qu’il croyait qu’une éventuelle attaque viendrait d’un pays étranger. [...]» Mentionnons ensuite le cas de l’avocat David Schippers, reconnu pour son rôle de conseiller investigateur en chef lors de la mise en accusation en 1998 du président Bill Clinton pour mauvaise conduite – ou ‘impeachment’. Selon de multiples informations provenant de diverses sources au sein des services de renseignements à l’approche des attentats du 11 septembre, Schippers avait lui aussi de bonnes raisons de croire qu’une attaque d’envergure était imminente en sol américain, à Manhattan plus précisément.
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Mais lorsqu’il tenta de contacter les responsables gouvernementaux pour leur transmettre ces informations qu’il considérait capitales, il se heurta à une inertie bureaucratique aux plus hauts paliers. Voici un extrait d’article paru dans l’Indianapolis Star le 18 mai 2002.« Depuis qu’il a pris part au vote sur la mise en accusation du président Clinton à la Chambre des représentants, pratiquement personne n’a porté attention à David Schippers. Maintenant, les gens l’écouteront.
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[...]Lorsque CBS News a révélé mercredi l’information explosive que le président George W.
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Bush avait été averti que le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden planifiait de détourner des avions de ligne, Schippers a dû avoir l’impression qu’on lui donnait raison.Après tout, quelques semaines seulement avant le 11 septembre, Schippers avait tenté de faire part aux responsables à Washington, D.C., de renseignements sur une attaque possible contre des édifices dans le bas Manhattan, mais il fut ignoré. La même chose lui était arrivée avant l’attentat à la bombe d’Oklahoma City en avril 1995.
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[...]Le 13 septembre 2001, lors d’une entrevue sur les ondes de la station de radio WRRK de Pittsburgh, Schippers déclarait que les autorités fédérales avaient reçu des informations à propos d’une implication quelconque au Moyen-Orient dans l’attentat d’Oklahoma City, ainsi que sur des plans visant à attaquer des édifices dans le bas Manhattan.Il avait tenté de contacter le Procureur Général John Ashcroft, la Maison Blanche, et même les dirigeants de la Chambre des représentants avec qui il avait travaillés. Mais personne n’a retourné ses appels. [...]»
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Ainsi, les dirigeants des services de renseignements prirent la peine d’avertir le Congrès qu’une attaque terroriste était imminente, mais lorsqu’une source aussi crédible que David Schippers tenta de leur transmettre des informations sensibles sur le sujet, personne ne voulut l’entendre.Examinons ensuite l’extrait suivant, tiré de l’émission de radio Morning Edition diffusée sur les ondes de la NPR (National Public Radio) le matin même du 11 septembre, dans le cadre de leur couverture en direct des attaques. Au cours de l’émission, l’animateur Bob Edwards céda l’antenne au correspondant de la NPR au Congrès, David Welna, qui fit la déclaration suivante.
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« [...] J’ai parlé avec le représentant au Congrès Ike Skelton, un démocrate du Missouri et membre du Comité des Services Inter-Armes, qui m’a dit que tout récemment le directeur de la CIA avait averti qu’une attaque pourrait survenir, une attaque imminente de cette nature contre les États-Unis. Alors ceci n’était pas entièrement inattendu. [...]» Une fois de plus, tous ne furent donc pas étonnés par les événements dramatiques.
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Le directeur de la CIA, George Tenet, détenait ce poste depuis 1997. Étrangement, suite au 11 septembre, il ne fut aucunement blâmé par l’administration Bush pour l’incapacité de son agence à prévenir les attentats, quoiqu’il en connaîssait pourtant la nature et l’imminence à l’avance. Tenet se retira de lui-même à l’été 2004.Poursuivons notre épluchage d’informations parcimonieusement disséminées à travers les médias avec cet extrait d’article paru dans le Times britannique, le 11 février 2005.
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« Les autorités de l’aviation américaine ont reçu de nombreux avertissements concernant des attaques d’Al Qaeda au cours des six mois précédant le 11 septembre, incluant cinq d’entre eux qui mentionnaient des détournements d’avions et deux qui évoquaient des opérations suicides, a-t-il émergé.Un rapport précédemment publié par la commission chargée de mener l’enquête sur les attaques du 11 septembre contre les États-Unis révèle que l’autorité fédérale de l’aviation américaine (FAA) a reçu 52 rapports de renseignements sur Al Qaeda entre avril et septembre 2001. [...]
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Les étonnantes conclusions du rapport de la commission, daté d’août 2004, ont émergé suite à une enquête du New York Times.La version complète du rapport fut interdite de publication par la Maison Blanche pendant plus de cinq mois. Une version déclassifiée fortement modifiée fut déposée aux archives nationales il y a deux semaines.Le nombre de rapports sur Oussama Ben Laden ou sur son réseau terroriste reçus par la FAA dans les mois précédant le 11 septembre fut si élevé qu’entre mars et mai des exposés confidentiels sur la menace d’Al Qaeda furent présentés aux responsables de la sécurité de 19 des aéroports les plus achalandés des États-Unis. [...]»
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Une fois de plus, pourquoi se donner la peine d’émettre autant d’avertissements au système d’aviation pendant que les services de renseignements se voyaient parallèlement éloignés de la menace, dirigés vers d’autres sujets? Pourrait-ce être dans le but de se protéger de futurs contre-coups et pouvoir par la suite reléguer le blâme sur la FAA?
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Notons d’ailleurs à ce sujet un autre extrait du même article.« [...] Le rapport de la commission sur le 11 septembre critique la FAA pour avoir échoué à renforcer les mesures de sécurité à la suite des rapports, et l’accuse d’avoir laissé une fausse impression de sécurité prendre le dessus. [...]»
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C’est d’ailleurs cette même FAA qui, dans les jours menant au 11 septembre 2001, émettait une interdiction de voler pour Salman Rushdie, auteur notoirement méprisé à travers le monde islamique suite à la parution de son livre ‘Les versets sataniques’ en 1988. Ce livre avait alors été banni par au moins onze pays islamiques en raison de la description jugée irrévérencieuse du prophète Mahomet qu’il contenait. Toujours est-il que Rushdie, de nationalité indo-britannique, reçut une protection toute particulière de la FAA et des services de renseignements américains alors qu’il se trouvait aux États-Unis dans le cadre de la promotion de son nouveau livre.Voici un extrait du London Times, daté du 27 septembre 2001.
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« L’auteur Salman Rushdie croit que les autorités américaines étaient au courant de l’imminence d’une attaque terroriste lorsqu’ils l’ont banni de vols intercontinentaux au Canada et aux États-Unis une semaine seulement avant les attaques. [...]
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La FAA a avisé l’éditeur de l’auteur que le service des renseignements américains leur avait fourni un avertissement concernant ‘quelque chose dans l’air’, sans fournir plus d’informations.La FAA a confirmé qu’elle avait haussé ses mesures de sécurité envers M. Rushdie mais a refusé d’en divulguer la raison. » Comment une superpuissance mondiale comme les États-Unis pouvait-elle à la fois prendre de telles précautions avant les attaques, au point de se soucier de la sécurité d’auteurs étrangers, et ensuite faillir aussi lamentablement à protéger le cœur même de son infrastructure, à savoir New York et Washington, en dépit du plus important système de défense militaire de l’histoire moderne? La quantité d’informations disponible dans les mois menant au 11 septembre n’a-t-elle pas de quoi faire réfléchir?
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Près de cinq ans plus tard, le Times britannique rapportait des informations additionnelles fort intéressantes dans un article daté du 25 mars 2006. Celui-ci nous raconte de quelle manière le procès du français Zacarias Moussaoui considéré à l’époque comme étant le vingtième terroriste des attaques du 11 septembre et le seul d’entre eux à avoir été arrêté – exposait avant tout les procédures douteuses du FBI à l’approche des attentats.
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« [...] Cette semaine, une abondance de nouvelles preuves sur la façon que le FBI a bousillé l’enquête sur Moussaoui est devenue si Pythonesque par son absurdité que même les familles des victimes en ont rugi de rire.À la barre des témoins est monté Harry Samit, l’agent du FBI qui avait arrêté Moussaoui. Il fut appelé par la Couronne mais devint le témoin vedette de la Défense.Il déclara avoir averti ses superviseurs plus de 70 fois que Moussaoui était au service d’Al Qaeda, qu’il était possiblement en train de comploter pour détourner un avion et l’écraser sur un édifice. Il a affirmé que deux de ses supérieurs, David Frasca et Michael Maltbie, l’ont régulièrement empêché d’obtenir un mandat pour perquisitionner l’appartement de Moussaoui. Il a accusé les hommes de négligence criminelle.M. Maltbie lui a expliqué qu’obtenir un mandat, ce qui pouvait être compliqué, pouvait nuire à ses perspectives de carrière – celles de Maltbie. M. Maltbie a été promu depuis. [...]»
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Observons ensuite l’approche du quotidien électronique new-yorkais Newsday à ce sujet, dans son édition du 21 mars 2006.« L’agent du FBI qui a mis en arrestation Zacarias Moussaoui a témoigné hier que l’imposture de Moussaoui en tant qu’étudiant d’aviation ne l’avait jamais trompé, mais il affirme qu’il s’est vu empêché de donner suite à ses soupçons envers un complot terroriste impliquant des détournements d’avion par ses superviseurs, qu’il a décrits comme étant des carriéristes coupables de ˝négligence criminelle˝.
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Alors que reprenait le procès avec sentence de peine de mort de Moussaoui après une semaine de délai pour enquêter sur les procédures illégales avec des témoins par l’avocate du gouvernement, Carla Martin, l’Agent Spécial du Minnesota Harry Samit a déclaré lors de son interrogatoire qu’il avait écrit environ 70 mémos au siège social du FBI concernant les plans terroristes vraisemblables de Moussaoui, entre son arrestation du 16 août et le 11 septembre, tous en vain. [...]» Nous pouvons donc ajouter au tableau un agent du FBI tentant d’avertir 70 fois ses patrons sans que ceux-ci n’aient pris action, l’un d’eux attestant que de poursuivre cette piste pouvait nuire à sa carrière. Alors qu’une expression telle ˝obstruction de justice˝ pourrait facilement venir à l’esprit, contentons-nous d’examiner l’extrait suivant, publié par l’AFP (American Free Press) cinq jours plus tôt, sur le même sujet.« [...] ˝Vous aviez besoin que les gens de Washington vous aident?˝, demanda à Samit le conseiller de la défense, Edward MacMahon.˝Et ils ne l’ont pas fait?˝Samit répondit ˝Non.˝ [...]
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Moussaoui est le seul homme à subir un procès aux États-Unis en rapport avec les attaques du 11 septembre, qui coûtèrent la vie à près de 3000 personnes.La Couronne désire prouver qu’il mérite la peine de mort, parce que ses ˝mensonges˝ aux enquêteurs ont accordé le temps nécessaire aux kamikazes de concrétiser les attaques sur New York et Washington.Les avocats de la défense prétendent que le gouvernement en savait beaucoup plus que Moussaoui sur la gravité de la menace, et qu’il [le gouvernement] n’est pas parvenu à prendre les mesures adéquates pour la contenir. [...]»
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Difficile de ne pas remarquer l’ironie de l’argumentation principale de la Couronne qui prétendait que si Moussaoui avait été plus coopératif avec le gouvernement, les attaques auraient pu être déjouées lorsqu’on songe aux patrons d’Harry Samit, du FBI, qui bloquèrent les efforts d’investigations de leur agent sur ce même Moussaoui. Si le gouvernement avait tant désiré prévenir les attaques, pourquoi les dirigeants du FBI refusèrent-ils donc de fournir un mandat de perquisition dans l’enquête sur Moussaoui?
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Il semblerait qu’ils avaient plutôt en tête certaines perspectives de carrière. Car, pour quelle raison Michael Maltbie reçut-il ensuite une promotion plutôt que d’être congédié sur le champ? Dans le contexte, l’expression ˝contrainte bureaucratique˝ utilisée par l’avocat de la défense, Edward MacMahon, ne revêt-elle pas des airs d’euphémisme? Notons également cette courte phrase glissée vers la fin du même article.« Samit reçut finalement un mandat criminel [de perquisition] le 11 septembre 2001, quelques heures après les attaques fatales. [...]»
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N’est-ce pas incroyable? Tous ces avertissements d’Harry Samit, qui mentionnaient Al Qaeda et la menace d’utiliser un avion pour l’écraser sur un édifice, ne suffirent pas pour émettre un mandat de perquisition; mais quelques heures après les événements, le feu vert fut soudainement donné.D’ailleurs, ce ne fut pas uniquement vis-à-vis l’appartement de Moussaoui que les dirigeants du FBI refusèrent d’émettre un mandat de perquisition. En effet, après avoir saisi l’ordinateur personnel de Moussaoui lors de son arrestation le 17 août 2001, les officiels du FBI et du Département de la Justice déclinèrent également une demande de mandat provenant d’agents du FBI qui leur aurait permis d’ouvrir et scruter le disque dur de l’ordinateur du suspect.Voici à ce sujet un extrait d’article publié par MSNBC, le 1er octobre 2001.
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« Des responsables haut placés du Département de la Justice et du FBI ont refusé une requête par des agents du FBI de Minneapolis, le mois dernier, exigeant un mandat spécial de surveillance et de contre-espionnage sur un islamiste suspecté de terrorisme, que les officiels considèrent maintenant potentiellement lié au complot du 11 septembre pour attaquer le World Trade Center et le Pentagone, a appris Newsweek.
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La manipulation du dossier de Zacarias Moussaoui qui est maintenant détenu à New York a soulevé de nouvelles questions sur la manière dont les agents du maintien de l’ordre américains traitèrent des informations cruciales qui, en rétrospective, auraient pu les alerter à l’avance sur le complot terroriste ayant causé le plus de morts dans l’histoire des États-Unis.
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Des sources familières avec le dossier ont révélé à Newsweek que des agents du FBI à Minneapolis ont saisi l’ordinateur de Moussaoui à la mi-août après que des responsables d’une école d’aviation d’Eagan, au Minnesota, les aient informés que le citoyen français de 33 ans se comportait de manière suspecte. Moussaoui désirait seulement s’entraîner à faire des virages sans s’intéresser aux décollages ni aux atterrissages et s’est spécifiquement informé à survoler l’espace aérien au-dessus de New York, disent des responsables.Mais, alors que Moussaoui lui-même était détenu sous des chefs d’accusation mineurs reliés à l’immigration le 17 août, des agents de Minneapolis ne se virent jamais accorder l’autorisation par les responsables du Département de la Justice pour examiner le disque dur de l’ordinateur du suspect. [...]
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Lorsque les agents purent finalement accéder au disque dur de l’ordinateur après les attaques du 11 septembre, ils y découvrirent de nouvelles informations qui les rendirent encore plus suspicieux à l’égard de Moussaoui. [...]
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Néanmoins, à la suite des attaques du 11 septembre, le refus du mandat FISA [Loi sur les renseignements et la surveillance étrangère] a créé une tension entre les agents sur le terrain à Minneapolis et leurs supérieurs du Département de la Justice et du FBI à Washington. Les responsables à Washington demeurent intransigeants et attestent que les motifs étaient insuffisants pour approuver le mandat en se basant sur ce que les agents de Minneapolis détenaient. ˝Il ne semble pas y avoir de désaccord sur le fait que les critères légaux (pour un mandat FISA) n’étaient pas rencontrés˝, a dit un responsable haut placé du maintien de l’ordre américain. La loi exige que l’agence démontre que le suspect est un ˝agent˝ d’une puissance étrangère ou d’un groupe terroriste, ce que les agents sur le terrain, à Minneapolis, n’ont jamais fait, affirment les responsables.
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Mais différents responsables du maintien de l’ordre se montrent tout autant insistants sur le fait qu’une approche plus agressive dans l’enquête sur Moussaoui combinée avec d’autres renseignements en la possession des agences américaines pourrait avoir fourni suffisamment d’indices sur le complot imminent. ˝La question que l’on se pose maintenant est que si deux et deux avaient été additionnés, ils auraient pu obtenir beaucoup plus d’informations sur cet homme voire même empêcher l’attaque˝, a déclaré un enquêteur. » Ainsi, selon les responsables qui prétendent que les procédures légales furent adéquatement appliquées dans ce dossier, la logique de la loi américaine serait donc que tant que les forces de l’ordre ne savent pas sans l’ombre d’un doute que le suspect est un membre affilié d’une organisation terroriste, il est interdit d’entreprendre des démarches concrètes pour découvrir s’il représente ou non une menace.
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En d’autres mots : ‘Nous avons appréhendé et nous détenons Moussaoui, qui nous semblait suspect; nous avons également saisi son ordinateur. Toutefois, il n’est pas question d’examiner cet ordinateur pour découvrir ce qu’il contient car nous ne sommes pas entièrement convaincus que Moussaoui est un terroriste malgré le fait que notre agent de renseignements est d’avis que celui-ci complote pour écraser un avion sur un édifice, et en dépit du fait que plus d’une dizaine de pays nous ont averti de l’imminence d’un danger similaire, et alors même que le Congrès fut informé qu’une telle menace plane sur le pays’.
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Comment est-il possible de protéger une nation en suivant un tel raisonnement? Aux dernières informations, le quatrième Amendement de la Constitution américaine était encore intact avant les attaques du 11 septembre. Que stipulait-il exactement à propos des mandats de perquisition? La version intégrale anglaise suit la version traduite par souci d’exactitude :« Le droit des individus d’être à l’abri de fouilles et saisies déraisonnables sur leur personne, à leur domicile, dans leurs documents et possessions ne doit pas être violé, et aucun mandat de perquisition ne doit être émis, à moins de détenir un motif raisonnable, soutenu par un serment ou une déclaration décrivant précisément l’endroit, l’individu ou l’objet à être fouillé ou saisi. »
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« The right of the people to be secure in their persons, houses, papers, and effects, against unreasonable searches and seizures, shall not be violated, and no Warrants shall issue, but upon probable cause, supported by Oath or affirmation, and particularly describing the place to be searched, and the persons or things to be seized. » Alors lorsqu’un agent du FBI déclare que Moussaoui est au service d’Al Qaeda et qu’il complote pour détourner un avion dans le but de l’écraser sur un édifice, n’est-ce pas précisément un motif raisonnable pour émettre un mandat permettant de fouiller l’ordinateur?De plus, puisque le quatrième Amendement place les fouilles et les saisies sur un pied d’égalité (searches and seizures), le fait d’avoir déjà saisi l’ordinateur de Moussaoui lors de son arrestation implique par conséquent qu’on disposait d’un motif raisonnable pour agir de la sorte. Alors pourquoi ensuite avoir traité différemment la fouille de l’ordinateur de sa saisie? Si le motif fut jugé raisonnable pour saisir l’ordinateur, il se devait de l’être tout autant pour le fouiller.
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Toutefois, puisque l’auteur de ces lignes n’est détenteur d’aucun diplôme en Droit, le raisonnement précédent ne figure purement qu’à titre d’exercice de logique et ne représente en rien une analyse législative formelle et valide de la Constitution américaine. Toutes observations d’un expert en la matière seront d’ailleurs les bienvenues si elles peuvent contribuer à éclaircir le sujet.
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Mais puisqu’il est question de Zacarias Moussaoui, attardons-nous un instant sur une requête toute particulière formulée par celui-ci et rapportée par la BBC dans un article du 3 juillet 2002.
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« Le seul homme à avoir été inculpé en lien avec les attaques du 11 septembre a demandé à témoigner devant le Congrès américain.Zacarias Moussaoui prétend que lui, ainsi que les terroristes suspectés, se trouvaient sous la surveillance du FBI avant septembre, et que les agences de renseignements permirent aux attaques de survenir.Ceci est la dernière d’une série de motions écrites à la main par Moussaoui à l’attention du juge qui supervise son procès.Dans celle-ci, il affirme disposer d’˝importantes informations et preuves˝ en rapport avec les agissements du FBI avant septembre.
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Il a demandé d’obtenir l’opportunité de partager ses pensées avec les législateurs américains, qui tiennent des audiences sur les échecs des services de renseignements qui ont mené aux attaques.Spécifiquement, M. Moussaoui affirme que les autorités surveillaient au moins un des terroristes suspectés l’été dernier.Le FBI a choisi de ne pas procéder à des arrestations, affirme-t-il, parce qu’ils désiraient que les attaques du 11 septembre surviennent, procurant aux États-Unis une excuse, soutient-il, pour détruire l’Afghanistan. [...]Il est hautement improbable que l’accusé obtienne son moment sur la sellette du Congrès. [...]» Évidemment, Zacarias Moussaoui ne fut jamais autorisé à raconter son histoire pourtant pertinente devant un Congrès qui tenait justement des audiences sur le sujet.
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Le prochain extrait expose d’ailleurs une coïncidence extraordinaire qui, à ne pas en douter, apportera de l’eau au moulin à la position de Moussaoui, qui prétend que les services secrets américains avaient placé certains terroristes du 11 septembre sous surveillance avant les attentats. En effet, comme nous l’avons brièvement mentionné plus tôt, deux des 19 terroristes ont habité avec un agent du FBI un an avant les attaques.
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Voici un extrait parut sur CBS News le 9 septembre 2002.« Deux des terroristes du 11 septembre qui vivaient à San Diego en 2000 ont loué une chambre d’un homme qui travaillait alors comme informateur pour le FBI, ce qui met en évidence le manque de coopération entre les agences de maintien de l’ordre et les services de renseignements du pays. [...]
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La CIA gardait un oeil sur ces hommes après que les deux individus aient participé à un sommet d’Al Qaeda en Malaisie en janvier 2000.Alhazmi et Almihdar ont emménagé dans la maison en septembre 2000. Almihdar a quitté six semaines plus tard alors qu’Alhazmi est parti à la fin de l’année.Pendant cette période, l’informateur du FBI a prié avec eux et a même aidé l’un d’eux à s’ouvrir un compte de banque. Alhazmi et Almihdar ont suivi des leçons de pilotage dans une école d’aviation pendant qu’ils habitaient à San Diego.Les deux hommes se trouvaient à bord du vol American Airlines 77 qui s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre. [...]» Notons dans un premier temps l’empressement de l’auteur de l’article à blâmer, dès la première phrase, un manque de coopération entre le FBI et la CIA, plutôt que de s’en tenir strictement aux faits. Cette entrée en matière ne constitue rien de moins qu’une approche interprétative, qui vient aiguillonner le lecteur dès la première phrase sur la conception que celui-ci doit avoir de la nouvelle. Pourquoi ne pas aborder le sujet avec une approche journalistique conventionnelle et ne pas simplement relater les faits?
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Observons également la version de MSNBC dans cette affaire.« Au départ, le directeur du FBI, Bob Mueller, insistait pour dire qu’il n’y avait rien que l’agence aurait pu faire pour infiltrer le complot du 11 septembre. Cette position fut modifiée avec le temps et pourrait maintenant changer à nouveau. Newsweek a appris que l’un des informateurs de l’agence avait une relation rapprochée avec deux des terroristes : il était leur colocataire.
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La connexion, fraîchement découverte par des investigateurs du Congrès, a stupéfait certains responsables haut placés du département anti-terrorisme et soulève de nouvelles inquiétudes sur le partage d’informations entre les agences du maintien de l’ordre et les services de renseignements. Les deux terroristes, Khalid Almihdar et Nawaf Alhazmi, étaient difficilement inconnus de la communauté des renseignements. La CIA les avait d’abord repérés en janvier 2000 lorsque les deux ressortissants saoudiens s’étaient présentés à un sommet d’Al Qaeda à Kuala Lumpur, en Malaisie. À l’interne, les agents du FBI prétextèrent pendant des mois que si la CIA avait été plus rapide à transférer ses dossiers sur les deux hommes, l’agence aurait pu leur livrer une chasse plus agressive. [...]
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Mais ce n’est pas avant le 23 août 2001 que la CIA a émis un urgent communiqué aux agences frontalières et du maintien de l’ordre, identifiant les deux hommes comme étant des terroristes ˝potentiels˝. À ce moment, il était trop tard. L’agence n’a pas réalisé cette connexion de San Diego jusqu’à quelques jours après le 11 septembre, lorsque l’informateur a entendu les noms des terroristes du Pentagone et qu’il a appelé son superviseur. ˝Je connais ces gars-là˝, aurait dit l’informateur, en se référant à Almihdar et Alhazmi. ˝Ils étaient mes colocataires.
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˝Mais la découverte tardive a perturbé certains membres des comités de renseignements de la Chambre et du Sénat enquêtant sur les attaques du 11 septembre. Le panel doit provisoirement entamer des audiences publiques aussi tôt que le 18 septembre [2002], pressé par une échéance à la fin de l’année. Mais certains membres sont maintenant inquiets de ne pas se rendre jusqu’au fond de l’histoire d’ici là.
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L’appui à une législation pour créer un comité d’investigation formé de spécialistes, semblable aux enquêtes menées après Pearl Harbor et l’assassinat de Kennedy, augmente. À ce moment seulement, affirment certains membres, le public apprendra-t-il si plus de secrets entourant le 11 septembre demeurent enfouis dans les dossiers du gouvernement. [...]» Il est important dans cette affaire de bien faire la distinction entre les faits reconnus et la justification de ces faits par la presse les faits étant ici cette relation (colocataires) ayant existé entre l’informateur du FBI et les deux terroristes, la justification étant ce prétendu manque de communication entre la CIA et le FBI, à nouveau cité dans cet article. Le manque de communication entre les agences n’est purement que l’une des hypothèses plausibles pouvant expliquer les faits.Tout bien considéré, n’est-ce pas là une coïncidence extraordinaire que ces deux terroristes aient été aussi près des services secrets? L’hypothèse que certains des terroristes se trouvaient sous la surveillance du FBI avant les attaques, tel que le prétendait entre autres Zacarias Moussaoui, ne devient-elle pas d’autant plus envisageable suite à cette information?
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Revenons maintenant sur l’article du Boston Globe cité plus tôt, dont un extrait devient particulièrement digne d’une deuxième mention à ce stade.
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« [...] Graham a écrit que le personnel de l’enquête du Congrès a conclu que deux saoudiens de la région de San Diego, Omar al-Bayoumi et Osama Bassan, qui ont apporté un support financier significatif aux deux terroristes [Al-Hazmi et Al-Mihdar], travaillaient pour le gouvernement saoudien.Bayoumi recevait une allocation mensuelle d’un contracteur de l’Aviation Civile Saoudienne qui passa de 465 $ à 3700 $ en mars 2000, après qu’il ait aidé Nawaf al-Hazmi et Khalid al-Mihdar deux des terroristes du 11 septembre à trouver des appartements et à se faire des contacts à San Diego, avant qu’ils ne débutent l’entraînement de pilotage. [...]»
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Al-Hazmi et Al-Mihdar étant précisément les deux mêmes terroristes qui furent colocataires de l’agent du FBI à San Diego en 2000, les coïncidences ne commencent-elles pas à se multiplier?De plus, il est intéressant de savoir que le FBI refusa carrément une rencontre à un comité d’enquête du Congrès américain avec ce fameux informateur ayant habité avec les deux terroristes. Voici un extrait d’article paru par l’Associated Press le 7 septembre 2004.
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« Le Sénateur Bob Graham, démocrate de la Floride et ancien président du Comité de renseignements du Sénat, a accusé la Maison Blanche mardi d’avoir dissimulé des preuves qui pourraient avoir lié l’Arabie Saoudite aux terroristes du 11 septembre.L’accusation est issue du refus du FBI de permettre aux investigateurs d’une enquête du Congrès et de la commission indépendante du 11 septembre d’interviewer un informateur, Abdussattar Shaikh, qui fut le locateur à San Diego de deux des terroristes du 11 septembre.Dans son livre ‘Intelligence Matters’, M. Graham, co-président de l’enquête du Congrès avec le membre du Congrès Porter J. Goss, républicain de la Floride, a affirmé qu’un responsable du FBI leur avait écrit en novembre 2002 et leur avait dit que ‘l’administration n’autoriserait pas une entrevue du personnel avec la source’. Mardi, M. Graham a qualifié la lettre de ‘preuve incriminante’ et a déclaré que ‘la raison de ce cover-up mène directement à la Maison Blanche’.
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Le rapport a ajouté aux doutes envers un rôle saoudien dans le complot terroriste. » Pourquoi donc l’administration américaine s’opposa-t-elle à ce que ses propres comités d’enquête rencontrent l’informateur du FBI? Quelque chose à cacher?
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Jetons à présent un oeil sur l’extrait d’article suivant, paru dans le New York Times du 17 août 2005.
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« Une équipe de renseignements militaires a contacté le FBI répétitivement en 2000 pour l’avertir de l’existence d’une cellule terroriste basée aux États-Unis qui incluait le chef de bande des attaques du 11 septembre, selon un vétéran officier des renseignements de l’armée qui affirme maintenant avoir décidé de risquer sa carrière en discutant publiquement de cette information.L’officier, le Lieutenant-Colonel Anthony Shaffer, a dit que des avocats militaires ont plus tard empêché l’équipe de partager ces informations avec l’agence.
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Le Colonel Shaffer a déclaré dans une entrevue lundi soir que le petit programme de renseignements, hautement confidentiel et connu sous le nom d’Able Danger, avait identifié le meneur des terroristes, Mohammed Atta, ainsi que trois autres des futurs terroristes par leur nom à la mi-2000, et a tenté d’organiser une rencontre cet été-là avec des agents du siège social du FBI à Washington pour transmettre ces informations.Mais il a affirmé que des avocats militaires ont forcé les membres du programme de renseignements à annuler trois rencontres prévues avec le FBI à la dernière minute, ce qui laissa l’agence sans les informations qui, selon le Colonel Shaffer, auraient pu mener à Mohammed Atta et aux autres terroristes alors que les attaques du 11 septembre étaient encore en préparation.˝J’en étais presque rendu à l’insubordination à propos du fait que ceci était quelque chose d’important, que ceci était quelque chose qui devait être examiné˝, a dit le Colonel Shaffer à propos de ses efforts pour acheminer les preuves du programme de renseignements jusqu’au FBI en 2000 et tôt en 2001. [...]
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Le Département de la Défense n’a pas contesté le témoignage du Colonel Shaffer, âgé de 42 ans et natif de Kansas City, Missouri, le premier officier militaire associé à ce programme à reconnaître publiquement son rôle. [...]Le Colonel Shaffer a affirmé avoir décidé de permettre que son nom soit utilisé en partie à cause de sa frustration envers la déclaration émise la semaine dernière par les dirigeants de la commission [d’enquête sur les attentats du 11 septembre], Thomas H. Kean et Lee H. Hamilton.
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La commission a déclaré dans son rapport final l’an dernier que les agences de renseignements américaines n’avaient pas identifié Mohammed Atta comme étant un terroriste avant le 11 septembre 2001 lorsqu’il amena un avion d’American Airlines à percuter l’une des tours du World Trade Center à New York.Un porte-parole de la commission n’a pas retourné des appels répétés mardi pour commenter. [...]»
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Ce reportage nous apprend donc qu’au moins quatre des terroristes, incluant la tête dirigeante des opérations, avaient été identifiés plus d’un an avant les attaques par les services de renseignements militaires américains. Plus important encore, l’investigation fut une fois de plus tuée dans l’oeuf. Ceci vient par ailleurs confirmer la théorie de Moussaoui qui affirmait que certains des terroristes se trouvaient sous la surveillance des agences secrètes américaines avant les attentats.Suite aux révélations du Colonel Shaffer, le milieu politique s’en trouva passablement secoué pendant quelques mois. Voici d’ailleurs un extrait d’article paru le 26 novembre 2005, quelque trois mois plus tard, dans le Star Tribune de Minneapolis-St. Paul.« Un programme militaire top secret mis sur pied il y a six ans pour enquêter sur le réseau terroriste Al Qaeda provoque un nouveau débat houleux à propos des attaques du 11 septembre 2001.
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Des officiers et contracteurs du service des renseignements militaires qui dirigeaient l’opération clandestine nommée Able Danger affirment que plus d’un an avant les attaques, l’opération avait identifié quatre des 19 terroristes du complot et avait produit une fiche qui pointait du doigt le meneur Mohammed Atta.
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Ces prétentions contredisent les conclusions de la commission sur le 11 septembre mise sur pied par le Congrès. Dans son rapport final l’an dernier, la commission répandait la responsabilité pour les attaques, mais avait conclu qu’aucun des terroristes, dont certains habitaient aux États-Unis avant le 11 septembre, n’avait été identifié avant la tragédie.Maintenant, plusieurs au Congrès veulent plus de réponses.Vendredi, le républicain Curt Weldon, de Pennsylvanie, a envoyé au secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, une lettre signée par un groupe biparti de 246 législateurs exigeant que les officiers et les contracteurs du programme [Able Danger] soient autorisés à témoigner lors d’audiences ouvertes devant le Congrès.
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˝Un refus additionnel ... peut seulement nous amener à conclure que le Département de la Défense est inconfortable avec l’idée que les membres du Congrès questionnent ces individus sur les circonstances entourant Able Danger˝, disait la lettre. ˝Ceci ne suggérerait pas un souci pour la sécurité nationale, mais plutôt une tentative de prévenir que des faits potentiellement embarrassants ne soient révélés.
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˝ [...]Le Lieutenant-Colonel Anthony Shaffer, récipiendaire de l’Étoile de Bronze et ancien agent-opérationnel d’Able Danger qui fut le premier à révéler les détails du programme plus tôt cette année, affirme que les avocats du Pentagone ont fait avorter les tentatives de l’équipe de faire parvenir leurs conclusions au FBI avant les attentats. Il prétend qu’après les attaques, des membres du personnel de la commission sur le 11 septembre l’ont rencontré, ainsi que d’autres responsables d’Able Danger, mais que ceux-ci ont ensuite échoué à donner suite aux détails qu’ils leur avaient présentés.Le Capitaine de la Marine Scotte Philpott, qui dirigeait la mission Able Danger, a dit dans une déclaration faite avant que le Pentagone n’interdise aux anciens membres d’Able Danger de parler publiquement du programme, ˝Mon histoire n’a pas changé. Atta a été identifié par Able Danger à partir de janvier-février 2000.
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˝Après avoir initialement refusé de commenter, des responsables du Pentagone ont confirmé qu’Able Danger avait existé.Entre-temps, le Major Eric Kleinsmith a déclaré au Comité Judiciaire du Sénat le 21 septembre qu’il s’était conformé aux ordres de détruire une importante quantité de données informatiques produites par Able Danger. Kleinsmith et d’autres responsables au Pentagone ont cité des lois de confidentialité, qui selon eux interdisent le gouvernement de conserver des dossiers secrets sur des citoyens ou non-citoyens américains se trouvant au pays sous un visa légal.
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Dans un discours à la Chambre des Représentants le mois dernier, [Curt] Weldon a laissé entendre que de l’information était dissimulée. ˝Je ne suis pas un théoricien du complot˝, a-t-il dit, ˝mais il y a quelque chose de terriblement anormal.
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˝Weldon accuse également le Pentagone de s’être engagé dans une campagne de salissage contre Shaffer, 42 ans, depuis que le Colonel a parlé publiquement – en révoquant son certificat de sécurité, en le suspendant et en répandant des détails prétendus de son dossier personnel à des journalistes et à des assistants du Congrès. [...]» Une nouvelle information importante surgit de cet article : les données informatiques provenant d’Able Danger furent détruites. Et la justification a de quoi laisser perplexe : en effet, comment le respect des droits à la confidentialité des terroristes du 11 septembre peut-il sérieusement être cité pour expliquer la destruction des données les concernant? En poussant le raisonnement plus loin, pourquoi Able Danger aurait-elle été initialement mise sur pied si la loi sur la confidentialité l'empêchait d’amasser des informations à leur sujet?Mais revenons brièvement sur le discours de Curt Weldon devant la Chambre des Représentants et voyons plus précisément ce que celui-ci avait à dire à propos de la campagne de salissage du Pentagone à l’endroit d’Anthony Shaffer.
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« [...] Ceci est un effort pour empêcher le peuple américain de connaître les faits à propos de la manière dont on aurait pu éviter le 11 septembre et des gens cachent ceci en ce moment-même. Et ils détruisent la carrière d’un officier militaire [Anthony Shaffer] pour y parvenir. Nous ne pouvons pas laisser ceci se produire. Peu m’importe que vous soyez démocrate ou républicain, vous ne pouvez pas laisser la carrière d’un Lieutenant-Colonel être détruite à cause de quelques bureaucrates de l’agence de renseignements de la Défense. Si nous laissons ceci passer sous silence, alors personne portant un uniforme ne se sentira protégé à l’avenir. Parce que nous les aurons laissés tomber. [...] Nous sommes témoins de mensonges et de fausse présentation. [...]»
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De toutes les questions découlant des révélations entourant Able Danger, la suivante se démarque particulièrement des autres : pour quelle raison la commission d’enquête sur les attentats déclara-t-elle dans son rapport final qu’aucun des terroristes ne fut identifié avant les attaques, alors que les membres d’Able Danger leur avaient pourtant fourni des informations contredisant clairement cette conclusion?
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Est-il possible que certaines des données détruites à propos des terroristes révélaient des informations potentiellement gênantes ou compromettantes? Difficile de ne pas souligner, à ce point, un certain éditorial écrit de la main de Louis Freeh, directeur du FBI de 1993 à 2001. Cet article parut dans le réputé Wall Street Journal le 17 novembre 2005.
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« [...] De récentes révélations provenant de l’opération de renseignements militaires ‘Able Danger’ ont placé sous les projecteurs une opportunité ratée qui aurait potentiellement pu prévenir le 11 septembre. Plus spécifiquement, Able Danger concluait en février 2000 que des experts militaires avaient identifié Mohamed Atta par nom (et possiblement par photographie) comme étant un agent d’Al Qaeda opérant aux États-Unis. Subséquemment, les agents militaires en charge d’Able Danger se sont vus empêchés de partager cette information cruciale avec les agents du FBI, même si des rendez-vous avaient été établis à cet effet. Pourquoi? [...]
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Même l’enquêteur le moins expérimenté saura immédiatement que le nom et la photo d’Atta en 2000 représentait précisément le type de renseignements tactiques que le FBI a utilisé à maintes reprises pour prévenir des attaques et appréhender des terroristes. Néanmoins, la commission sur le 11 septembre a inexplicablement conclu que ceci ne constituait ‘aucune importance historique’. Cette conclusion stupéfiante jumelée avec leur échec d’enquêter sur Able Danger et d’inclure ses trouvailles soulève de sérieuses questions envers la crédibilité de la commission et, si les faits s’avèrent exacts, pourraient rendre la commission elle-même historiquement insignifiante. [...]
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Thomas Kean, président de la commission sur le 11 septembre, a réagi à [la divulgation de l’existence d’] Able Danger selon l’approche de relations publiques habituelle à Washington. Il s’en est pris à l’administration Bush et a exigé que le Pentagone mène une ‘enquête’ pour évaluer la ‘crédibilité’ du Colonel Shaffer et du Capitaine Phillpott plutôt que d’exiger une investigation indépendante de ce qui n’avait pas fonctionné correctement en premier lieu. Ceci venant d’un ancien gouverneur du New Jersey qui, à l’instar d’autres commissaires, apparaissait régulièrement en public en présentant ses propres conclusions sur le 11 septembre bien avant que l’enquête de la commission ne soit complétée et bien avant que tous les faits ne soient pris en considération! Ceci tout en balayant du revers de la main les conflits d’intérêts majeurs de la commission elle-même à propos d’entrave au partage d’informations à l’intérieur de la communauté des renseignements! [...]
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Rien d’étonnant que les familles [de victimes] du 11 septembre furent outragées par ces révélations et qu’ils exigent l’établissement d’une ‘nouvelle’ commission pour mener une enquête. [...]» Il est intéressant d’apprendre qu’un ancien directeur du FBI se pose lui aussi ce même type de questions, des questions tout à fait légitimes d’ailleurs. Ceci s’avère d’autant plus vrai lorsqu’on découvre qu’au moins cinq des 19 terroristes ont reçu un entraînement militaire sur des bases de l’armée américaine, rien de moins, tel que le rapportait MSNBC Newsweek le 15 septembre 2001.
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« Des sources militaires américaines ont fourni de l’information au FBI suggérant que cinq des présumés terroristes se trouvant sur les avions utilisés dans les attaques de mardi ont reçu un entraînement à des installations militaires sécurisées des États-Unis au cours des années 90.Trois des présumés terroristes ont inscrit la Naval Air Station de Pensacola, Floride réputée pour être le ‘berceau de la US Navy Aviation’ sur leur permis de conduire et leur enregistrement de véhicule comme étant leur adresse, selon une source haut placée à la US Navy.Un autre des présumés terroristes se serait entraîné en stratégies et tactiques au Air War College de Montgomery, Alaska, a affirmé un autre responsable haut gradé du Pentagone. Le cinquième homme aurait reçu de l’éducation linguistique à la Lackland Air Force Base de San Antonio, Texas.Mais il y a de légères variations entre les dossiers d’entraînement militaires et la liste officielle des présumés terroristes du FBI soit dans l’épellation de leurs noms ou dans leurs dates de naissance. Une source militaire a affirmé qu’il était possible que les terroristes aient volé les identités de ressortissants étrangers qui ont étudié aux installations américaines. [...]»
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Malgré la possibilité que les terroristes aient volé l’identité de ces arabes, la liste officielle du gouvernement, publiée le 14 septembre 2001 par le FBI , demeure à ce jour inchangée. Pire encore, le gouvernement américain persiste à utiliser publiquement les identités des arabes malgré le fait que plusieurs d’entre eux se soient avérés vivants après le 11 septembre! Vous avez bien lu.En effet, dans les jours suivant les attentats, certains individus virent leurs noms et photographies apparaître à travers les médias du monde entier, étant utilisés à tort et les blâmant pour une implication dans le complot terroriste, implication qu’ils démentirent haut et fort. Voici à ce sujet un extrait provenant de la BBC, paru le 23 septembre 2001.« Un autre homme présenté par le FBI comme étant un terroriste dans les attentats-suicide sur Washington et New York s’est avéré vivant et en bonne santé.Les identités de quatre des 19 suspects accusés d’avoir perpétré les attaques sont maintenant en doute.Le pilote saoudien Waleed Al Shehri était l’un des cinq hommes désignés par le FBI pour avoir délibérément projeté le vol 11 d’American Airlines sur le World Trade Center le 11 septembre.
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Sa photographie a été publiée et a apparu depuis dans les journaux et à la télévision autour du monde.Il proclame maintenant son innocence depuis Casablanca, au Maroc.Il a affirmé aux journalistes de l’endroit qu’il n’avait rien à voir avec les attaques sur New York et Washington, et qu’il se trouvait au Maroc lorsque celles-ci se sont produites. [...]
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Il reconnaît avoir suivi un entraînement de pilotage à l’école de Daytona Beach aux États-Unis, et qu’il est effectivement le même Waleed Al Shehri à qui le FBI fait référence.Mais, dit-il, il a quitté les États-Unis en septembre l’an dernier, est devenu pilote pour des compagnies d’aviation d’Arabie Saoudite et se trouve en ce moment en entraînement au Maroc.Abdulaziz Al Omari, un autre suspect à bord du vol 11, a également été cité dans les nouvelles du monde arabe.Il affirme être un ingénieur chez Saudi Telecoms et avoir égaré son passeport lorsqu’il étudiait à Denver.
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Un autre homme portant exactement le même nom a fait surface dans l’Arab News, version anglophone.Le second Abdulaziz Al Omari est un pilote pour Saudi Arabian Airlines, dit le rapport.Entre-temps, le journal Asharq Al Awsat, un quotidien arabe basé à Londres, affirme avoir interviewé Saeed Alghamdi.Il a été nommé par le FBI comme étant l’un des terroristes du vol d’United qui s’est écrasé en Pennsylvanie.Et il y a des suggestions qu’un autre suspect, Khalid Al Midhar, puisse lui aussi être vivant.Le directeur du FBI, Robert Mueller, a reconnu jeudi que l’identité de plusieurs des kamikazes-terroristes était en doute. [...]»
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Ajoutons à cela la prétention du père de Mohammed Atta, leader des terroristes, qui affirmait un an après les attentats que son fils était toujours en vie. Voici un extrait du Guardian Unlimited de Londres, édition du 2 septembre 2002.« Le père de Mohammed Atta, présumé meneur des attaques du 11 septembre, a déclaré dans une entrevue publiée hier que son fils était encore vivant.˝Il se cache dans un endroit secret pour ne pas être assassiné par les services secrets des États-Unis˝, a déclaré Mohammed el-Amir Atta, 66 ans, au journal allemand Bild am Sonntag. Il a également fermement nié que son fils réputé pour avoir fait percuter le premier avion contre le World Trade Center a pris part aux atrocités, posant plutôt le blâme sur des ˝chrétiens américains˝. [...]» Le père de Mohammed Atta pointait également du doigt le Mossad, le service de renseignements israéliens, dans diverses autres publications sans cependant n’apporter aucune preuve.
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Examinons maintenant cet article de l’édition du 11 juin 2003 du Insight Magazine, une revue d’actualités conservatrice publiée par le Washington Times.
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« Près de 48 heures après les attentats terroristes du 11 septembre, les noms des kamikazes apparaissaient sur les écrans de télévision à la vue du public mondial. En se basant sur des renseignements obtenus par le biais d’entrevues, de témoins, de registres de vols et sur des passeports retrouvés à travers les débris, le FBI prétendait avoir correctement identifié la totalité des 18 terroristes. Peu de temps après, ce nombre fut augmenté à 19. Quelques jours plus tard, les noms furent suivis des photos des hommes blâmés pour l’acte de terrorisme qui coûta la vie à près de 3000 personnes à New York, Washington ainsi qu’en Pennsylvanie. Un travail du service de renseignements incroyablement rapide certaines informations provenant du National Ground Intelligence Center à Charlottesville, Virginie permirent aux investigateurs de lier les attaques au réseau Al Qaeda d’Oussama Ben Laden.Alors qu’il ne fait pas de doute que les attentats étaient le travail d’Al Qaeda, des questions persistent à savoir si certains des terroristes étaient bel et bien les hommes que le FBI avait identifiés. L’an dernier, ce doute atteignait les plus hauts niveaux du maintien de l’ordre après qu’une série de reportages sensationnels publiés par la BBC, ABC et CNN, ainsi que plusieurs quotidiens britanniques, aient mis en doute les conclusions du FBI. Les rapports suggéraient qu’au moins six des hommes identifiés par le FBI comme étant des terroristes à bord des avions étaient en fait vivants. Ils n’avaient pas survécu aux écrasements, bien entendu, mais n’avaient plutôt jamais monté à bord des avions.
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Les six hommes affirmèrent avoir été victimes de vols d’identité. Ils étaient ˝indignés˝ d’être identifiés en tant que terroristes, avaient-ils déclaré au Telegraph de Londres. En fait, un de ces hommes a prétendu ne jamais avoir mis les pieds aux États-Unis, alors qu’un autre, un pilote de Saudi Airlines, déclarait qu’il suivait un entraînement de vol en Tunisie au moment des attaques.
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Ces nouvelles stupéfiantes avaient poussé le directeur du FBI Robert Mueller à admettre que certains des terroristes pouvaient avoir dérobé les identités de citoyens innocents. En septembre 2002, Mueller affirmait à deux reprises à CNN qu’il n’y avait ˝aucun moyen légal de prouver l’identité des terroristes kamikazes˝. Suite à cette admission, une chose étrange s’est produite rien du tout. Pas de suivi sur l’histoire. Pas de questions subséquentes. Ce fut le silence total et l’histoire disparut. C’était presque comme si personne ne désirait savoir ce qui s’était produit. En fait, le FBI ne se préoccupa pas de modifier les noms, les occupations ni les photos des prétendus 19 terroristes. L’agence ne nia même pas les reportages de nouvelles suggérant que les noms et identités d’au moins six des terroristes étaient peut-être inconnus. Mueller laissa simplement la porte ouverte.Jusqu’à ce jour. Maintenant, le FBI maintient son histoire initiale sans tenir compte que les photographies diffusées des terroristes suspectés [pour les attentats] du 11 septembre étaient ou non celles de personnes n’ayant jamais monté à bord de ces avions et qui sont bien vivantes. Le porte-parole du FBI, Bill Carter, rejette simplement comme étant fausses les allégations de rapports de nouvelles suggérant que le FBI a mal identifié certains des terroristes du 11 septembre. Carter affirme qu’ils ont publié les bons noms et que ça n’importe pas si les identités ont été volées. [...]»
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Cette prise de position tardive, toujours maintenue à ce jour par les autorités américaines, s’avère bien sûr hautement problématique puisque les rapports et photographies de gens vivants et innocents n’ont toujours pas été rétractés et sont encore utilisés par le FBI ainsi que par les médias. Ces personnes, qui se sont reconnues sur des photos publiées à la télévision et dans les journaux autour du monde, ne peuvent évidemment pas être les véritables terroristes du 11 septembre.De toute évidence, la question du vol d’identité en soulève plusieurs autres. D’abord, en tant que public non initié, que connaissons-nous des véritables terroristes si ceux-ci se cachent derrière de fausses identités? Très peu de choses, à vrai dire, si ce n’est que ceux-ci désiraient que des arabes soient perçus comme les coupables.
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À en croire la version officielle, les auteurs des attentats du 11 septembre préparèrent leur coup avec une extrême minutie pour parvenir à leurs fins, ce qui concorde assez mal avec des terroristes de nationalité arabe utilisant de fausses identités d’autres arabes pour brouiller les pistes. Le but premier d’utiliser une fausse identité étant d’éloigner les soupçons de soi-même, ne serait-il pas raisonnable d'assumer qu’un arabe préparant ces attentats aurait plutôt choisi de se forger une identité d’une nationalité autre que la sienne?
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Parallèlement, ne serait-il pas étrange qu’au sein d’un complot aussi élaboré que celui du 11 septembre, seulement le tiers des terroristes impliqués aurait jugé nécessaire de se servir d’une fausse identité? Une telle directive ne se doit-elle pas d’être uniforme, c’est-à-dire de s’appliquer à tous les terroristes participants pour pouvoir atteindre le but recherché, celui de dissimuler l’identité des véritables auteurs? Car sans cette concertation préalable, la manoeuvre y perd alors toute sa raison d’être.
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Ce sujet précis recèle en bout de ligne une importance capitale de par ses enjeux culturels et sociaux. L’utilisation de fausses identités de citoyens arabes par les terroristes ouvre grande la porte à la possibilité que les véritables auteurs des attentats du 11 septembre ne soient en fait aucunement liés à la cause arabe, tel que nos autorités le prétendent.
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De plus, l’obstination du FBI à continuer d’utiliser les photos de gens innocents et bien vivants est à tout le moins dérangeante. Il est vrai qu’il serait difficile pour le gouvernement américain de poursuivre ses guerres au Moyen-Orient s’il venait à émerger que les terroristes n'étaient pas d’origine arabe...
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Egger Ph.