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Dans son thriller publié récemment, The Shell Game (L’Escroquerie), Steve Alten a tissé l’histoire d’une intrigue néoconservatrice dans le but d’attaquer l’Iran. Pour surmonter la résistance, un groupe des opérations clandestines d’une administration républicaine a disposé des engins nucléaires pour les faire exploser dans deux villes des États-Unis, avec des indices fabriqués désignant l’Iran.
Les développements récents font se demander si les faits suivant sont extravagants.
La propagande à plein tube du régime Bush contre l’Iran a manifestement un sens. La presse étrangère rapporte que la raison du dernier voyage de Cheney à l’étranger est de persuader, par la menace et la corruption, de soutenir l’attaque étasunienne contre l’Iran.
Le gouvernement israélien continu à imaginer une arme nucléaire iranienne à l’horizon et fait de la gesticulation pour pousser à une action étasunienne contre l’Iran.
Selon John McGlynn dans Japan Focus (22 mars 2008), le régime Bush est d’ores et déjà en train d’attaquer l’Iran avec les efforts de son Ministère des Finances visant à couper le système bancaire iranien de toute relation bancaire internationale, empêchant ainsi ce pays d’importer et d’exporter. McGlynn qualifie d’acte de « déclaration de guerre des États-Unis contre l’Iran » la démarche du ministère étasunien.
Le voyage de Cheney montre que le régime Bush est découragé par la conclusion du National Intelligence Estimate, selon lequel l’Iran a abandonné depuis plusieurs années tout programme d’armement nucléaire. L’International Atomic Energy Agency n’a jamais trouvé d’indice sur ce genre de programme en Iran. En dépit de tous ces faits et sans preuves, le Régime Bush continue à affirmer que l’Iran dispose d’un tel programme, justifiant ainsi son attaque contre ce pays.
Le dimanche de Pâques, le général David Petraeus, commandant des forces étasuniennes en Irak et membre de l’équipe des Néoconservateurs de Cheney, a rendu responsable l’Iran du bombardement de la Zone Verte « sécurisée » de Bagdad. Petraeus a dit que l’attaque est « en totale violation des promesses faites par le Président Ahmadinejad et les plus hauts dirigeants iraniens. » Les affirmations de Petraeus font partie de la campagne de propagande néoconservatrice afin de mobiliser du soutien pour attaquer l’Iran.
Le chef du Commandement Central, l’amiral William Fallon, aurait déclaré que sous son mandat l’Iran ne serait pas attaqué. Avec sa récente démission, effective fin mars, Fallon a été retiré du tableau. Selon des articles de presse, Fallon a tourné en dérision Petraeus, le traitant de « flagorneur » et lui disant en face qu’il le considérait comme « un lèche-bottes de petits froussards. »
Fallon partant et le lèche-bottes de petits froussards restant, vous révèle tout ce que vous devez savoir sur les militaires étasuniens sous le Régime néoconservateur des Cheney-Bush. Ce sont des lèche-bottes, des béni-oui-oui, des militaires.
Sur son site Internet, Juan Cole, professeur de l’Université du Michigan et spécialiste du Moyen-Orient, a un article du magazine Vanity Fair par l’écrivain collaborateur Craig Unger, auteur de The Fall of the House of Bush (la chute de la dynastie Bush). Unger fait remarquer que l’attaque étasunienne contre l’Iraq ne résulterait pas de « renseignements erronés. » Ce serait la retombée directe d’une cabale de conspirateurs néoconservateurs, qui ont fabriqué les « preuves » et la propagande qui ont trompé le Congrès, les médias et les Étasuniens.
Un complot qui lancerait une guerre sur la base de « renseignements » faux et d’allégations mensongères est une intrigue qui croit fermement en son ordre du jour. Ce genre de machination ne pourrait se satisfaire de la réalisation partielle de son programme. Comme nous devrions tous le savoir maintenant, l’intention des Néoconservateur consiste pour les États-Unis à renverser au minimum l’Irak, l’Iran et la Syrie. Selon le plan formulé par le Néoconservateur Norman Podhoretz, l’objectif est de renverser le régime d’Égypte, d’Arabie Saoudite, du Pakistan et d’ailleurs [NDT : le Soudan, et la Somalie seraient aussi sur la liste], et de débarrasser le Liban du Hezbollah.
La difficulté de sécuriser l’Irak et l’Afghanistan n’a pas entamé la confiance des Néoconservateurs en leur ordre du jour, mais le temps pourrait être compté pour eux si nous supposons que Bush va démissionner et ne prononcera pas les deux mots, urgence catastrophique, qui ont fait de lui un dictateur, et que le vote du public lassé de la guerre n’élira pas « bombardons pilonnons écrasons l’Iran » McCain [NDT : Roberts ne tient pas compte des machines de vote électronique].
La présidence d’un McCain donnerait encore quatre ans aux Néoconservateurs pour orchestrer une attaque contre l’Iran. Jeffrey St. Clair, dans CounterPunch le 24 mars, note que l’ambition démesurée d’Hillary pourrait provoquer la division et la défaite des Démocrates en jouant la carte de la course contre Obama de manière à ce qu’elle puisse se présenter contre McCain dans quatre ans avant d’être trop vieille pour le challenge.
Une conspiration disposée à lancer l’invasion d’un pays sous de faux prétextes n’hésiterait pas à fomenter un événement sous fausse bannière s’il favorisait son ordre du jour. L’énorme coût humain, financier et diplomatique de l’invasion de l’Irak montre bien que les Néoconservateurs sont prêts à faire payer n’importe quel prix aux États-Unis pour concrétiser leurs projets et obtenir l’hégémonie israélo-US au Moyen-Orient.
Nous ne le saurons sans doute jamais, mais une opération sous fausse bannière des Néoconservateurs se cache peut-être derrière ce qui semblait être l’empoisonnement d’Alexander Litvinenko avec un isotope radioactif rare et sévèrement contrôlé, le polonium-210. Litvinenko, un ancien membre du contre-espionnage du KGB, opérait dans le monde ténébreux des « consultants en sécurité, » avec un faux passeport qui lui avait été donnée par le gouvernement britannique. Litvinenko avait quitté la Russie quand son patron, l’oligarque Boris Berezovski, s’était enfui pour échapper à des accusations de fraude.
Le gouvernement britannique et les sites Internet sponsorisés par Berezovsky ont fait porter la responsabilité de la mort mystérieuse de Litvinenko au service Fédéral de Sécurité de Russie, qui aurait envoyé un agent pour mettre du polonium-210 dans le thé de Litvinenko. De prime abord, l’histoire est tirée par les cheveux, mais elle a servi à détourner l’attention sur le fait que du polonium-210 se trouvait entre les mains de particuliers.
D’où venait ce polonium ? Nul ne le sait, mais le physicien nucléaire Gordon Prather avait noté à l’époque que Litvinenko s’était rendu récemment en Israël, et que les réacteurs nucléaires d’Israël ne sont pas assujettis aux avals internationaux.
Dans quel but du polonium a-t-il été passé en contrebande ? Nul ne le sait, mais Prather note que le polonium-210 a une courte durée de vie qui ferait rater toute arme stockée pendant quelques mois.
Selon des gens bien informés, le polonium-210 serait épatant pour une « bombe sale, » qui ferait peu de dommages réels mais engendrerait assez de peur et d’hystérie pour que les Néo-conservateur puissent entamer une nouvelle guerre.
Steve Alten est plus vigilant que les médias. Il a vu ce qui pourrait être la vraie histoire derrière la mort de Litvinenko avec du polonium-210. Conscient du fait que le roman fantastique est une voie capable d’apporter des faits aux Étasuniens, et espérant empêcher pareil événement dans la réalité, Alten a écrit un thriller prophétique sur notre avenir entre aujourd’hui et 2012.
Paul Craig Roberts
fut Assistant du Ministre des Finances durant le premier mandat du Président Reagan.
Il a été rédacteur adjoint au Wall Street Journal