"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

15 novembre 1999

Affaire Diana

Amanda Lear, Bérégovoy, Jospin, Elf, Jacques Monsieur, Diana, etc…

On se souvient de James Andanson, le paparazzi préféré des princesses en goguette, et des stars du showbiz comme de la politique - ami personnel de lady Diana Spencer, de Raymond Barre, de Charles Pasqua et de Lionel Jospin. Réputé, aussi, pour les piges qu¹il faisait, à l’occasion, pour les services de renseignement britanniques, on avait beaucoup parlé de lui après l¹accident mortel de Diana et de Dodi, qu¹il suivait de près, dans le tunnel de l’Alma. Il possédait, coïncidence tout de même extraordinaire, s’agissant d’un proche du couple, une Fiat Uno blanche - comme celle qui avait balancé la voiture des tourtereaux vers la dure paroi de béton, et vers l'enfer. Il ne s’était pourtant pas cru tenu de répondre aux innombrables appels à témoin de la police, qui cherchait fébrilement, et recherche toujours, officiellement, à ce jour, la vraie Fiat Uno blanche, et son propriétaire.

S'il faut en croire le parquet, la Fiat Uno blanche d'Andanson n’est pas la bonne. Des expertises le prouvent. Immatriculée au nom de sa vieille mère, Andanson l’a revendue – c’est un hasard, aussi - peu de temps après le drame. Il ya de très nombreux hasards dans la vie d¹Andanson - et dans sa mort elle-même, survenue dans des circonstances aussi opaques qu’ atroces, dans l'incendie de sa grosse BMW, au début du mois de mai de l’an 2000, au détour d’un petit bois touffu et sombre, dans un coin désert du plateau du Larzac, à portée de lance-flammes des terres du brave José Bové.

Officiellement, James Andanson, qui s’appelait en fait banalement Jean-Paul, fils d'Hippolyte et d¹Yvonne-Marie, né le 30 mars 1946 à Clermont-Ferrand, France, et n’avait jamais été, comme il le laissait dire, lord et propriétaire d’un château hanté en Ecosse, s’est suicidé. Rentrant inopinément d’un voyage, en pleine nuit, dans sa superbe propriété de Lignières, dans le Cher, il aurait découvert la femme de sa vie en troublante compagnie. Il aurait attendu la fin de la matinée pour partir, en chemisette, au volant de sa voiture, mettre un courrier à la poste. Partant effectivement, cela au moins, c’est sûr, pour un rendez-vous avec la mort, il aurait alors posté une lettre à son agence demandant que les droits de ses photos soient désormais versés...à celle dont il venait, nous raconte-t-on, de découvrir la trahison. Puis il aurait pris la route pour le Larzac, à 400 kilomètres de là. A Millau, un pompiste l’aurait vu, selon Paris-Match, faire le plein de diesel, acheter aussi un bidon d’essence et diverses babioles.

La grosse BMW noire a gagné le plateau. Elle a tourné et tourné autour du petit bois, cherchant une entrée, avant d’aller s’y cacher. L'essence s’est enflammée, et il est mort. Son corps repose dans le cimetière de Lignières. L'assurance-vie et les créanciers de la propriété auraient fermé les yeux sur cette rupture de contrat, et tout payé, rubis sur l’ongle, à la traîtresse. Problème: il n'y a ni un os ni un cheveu du photographe chéri de Diana-et-Dodi dans le caveau de Lignières. Tout ce qui restait de James Andanson, c’est-à-dire un maigre tas de cendres et d’os broyés, le contenu d’un petit carton, a été répandu dans les rosiers de la maison de Lignières, qu'il bichonnait avec amour.

Je n'ai jamais vu ça, raconte Christian Bonventi, de la société des pompes funèbres de Lignières, 25 ans d¹expérience. Des suicides par le feu, j’en ai vu quelques-uns, malheureusement. Des morts dans de voitures brûlées, aussi. Ca brûle très mal. Il reste toujours un corps, plus ou moins carbonisé, mais complet, ou quasi-complet, et bien reconnaissable. Les voitures modernes, il ne suffit pas d’arroser d’essence, et de f...le feu: les garnitures intérieures, les sièges, et même la peinture, sont aujourd'hui conçues pour résister aux flammes, ou les propager le moins possible.

Et quant au corps humain lui-même, nous, quand nous procédons à des incinérations, nous utilisons un four à 1200 degrés qui tourne une heure et demie: et il nous faut pourtant finir le travail avec un broyeur, avant de pouvoir remettre une urne funéraire, concernant un tas de cendres, à la famille. Dans le cas de M. Andanson, qui était notre voisin, que nous connaissions bien, et qui n’était pas le mois du monde suicidaire, la gendarmerie nous a demandé d’aller récupérer les cendres à l'institut médico-légal de Montpellier, plus d’un mois après le drame: on nous a remis un carton avec quelques cendres et un bout d’os. Incroyable! D’ailleurs, précise madame Bonventi dans un sourire, le jour de l'enterrement, à l’église, mon mari me disait tout le temps: Tu vas voir. Il n’est pas mort. Il va pousser la porte, et arriver en pleine cérémonie!

L'incendie nocturne dont les hautes flammes, s¹élevant dans le ciel noir, ont attiré l'attention de militaires en patrouille, par hasard, dans le secteur (selon l'enquête officielle) aurait-il été tellement violent qu¹il a fait fondre (aussi) le moteur, comme l'indiquent certains témoignages? Mais alors, il n’a pu être provoqué, comme on l'affirme, par un vulgaire briquet, jeté, par le désespéré, sur le siège arrière de sa voiture, préalablement aspergé d’un petit peu d’essence. Il a fallu des moyens plus techniques, voire militaires. Au contraire, comme semblent l'indiquer d’autres sources, notamment judiciaires, a-t-on bien retrouvé un cadavre carbonisé, mais entier, et notamment le crâne, avant que des expertises étrangement poussées ne finissent par réduire le tout au contenu d’un petit carton? Ce serait une autre énigme. Parmi les innombrables rumeurs sui agitent aujourd’hui Lignières, petit pays plein de charme au bord de l’antique Berry des sorcières, et fief aussi de l’Âne noir de Bourges, un must, il en est une selon laquelle les expertises en question n’auraient eu en réalité qu¹un seul but: faire disparaître, aux yeux de la famille, des traces de sévices, voire de tortures, ou de blessures mortelles.

Fantasmes? Alimentés, tout de même, par une autre coïncidence, peu relevée, à ce jour. A Lignières, le défunt avait pour voisin, depuis 1993, un ancien officier des renseignements militaires belges reconverti dans le commerce international de l¹armemement, Jacques Monsieur. Aujourd¹hui recherché par la justice, et retenu, ou réfugié, en Iran, il apparaît dans une des innombrables tentacules du dossier Elf - et notamment dans les affaires congolaises. Après avoir facilité l¹acquisition d’armes de guerre, et même d¹hélicoptères, au président congolais Lissouba, il aurait aussi servi son rival, Sassou Nguesso, aujourd'hui vainqueur par ko après des années de guerre civile.

Tous ces équipements ayant été vendus à l’Etat du Congo, il y a eu un peu de mouvement, plus tard, au moment des factures. Ancien président de la Fiba, la banque d’Elf, Jack Sigolet accuse Monsieur, dans une interview donnée au quotidien belge le Soir, d’avoir organisé contre lui deux attentats d¹avertissement, pour débloquer un dossier de règlement. La voiture de Sigolet a effectivement explosé, devant son domicile de Vaucresson, en région parisienne. Celle de sa femme aussi, un peu plus tard. Mais rien ne permet d’imputer ces méthodes déplorables à Monsieur Monsieur, qui ne peut pas se défendre en ce moment. Mais les collectionneurs de coïncidences relèveront que la complexe négociation mettant aux prises Monsieur, Jack Sigolet, et divers réseaux dans la mouvance d’Elf, semble s’être sérieusement tendue au printemps 2000. En mars, d¹abord, avec un mystérieux cambriolage de documents confidentiels au siège pourtant bien protégé de la Fiba. Puis en avril, date à laquelle les congolais semblent avoir brutalement rompu toutes relations avec Jacques Monsieur. Quelques semaines avant la disparition de son voisin de Lignières, survenue le 4 mai. Cette étrange série se poursuit avec un mystérieux braquage à l’agence de presse d'Andanson, Sipa, dans les beaux quartiers de Paris, le 16 juin: quatre hommes cagoulés et armés, fort audacieux, qui recherchent des photos, maîtrisent les gardiens et font une fouille complète, examinant même le contenu des ordinateurs.

L'explication souvent donnée par des proches de Sipa ne nous éloigne pas des dossiers Monsieur et Andanson. Les cambrioleurs recherchaient, dit-on, des photos en rapport avec le conflit Yougoslave. Monsieur, qui travaillait beaucoup avec Téhéran, et avait ravitaillé en armes iraniennes, au mépris de l¹embargo, mais avec l'accord discret de l’OTAN, plusieurs protagonistes de la guerre civile en Bosnie, avait un excellent ami très actif dans la région, un travailleur indépendant à la double nationalité belge et croate, connu dans le milieu des mercenaires et des services secrets, Marthy Cappiau. Cappiau travaillait sur contrat.

Après avoir officié en Bosnie, puis au Congo, dans la mouvance de Jacques Monsieur, puis au service de Pascal Lissouba, il a infiltré, sur commande, l¹entourage d’un mafieux croate de haute volée, Vejko Slisko, connu aussi dans le milieu du trafic d’armes. Le 24 mars dernier, il a réussi à le descendre, d’une rafale de fusil d’assaut, avant d’être lui-même abattu par un garde du corps. Selon le rapport confidentiel d’une sorte de groupe d'études, constitué, après la mort d¹Andanson, par des amis que le photographe avait su se faire dans une société anglo-saxonne d¹investigation et de sécurité proche des services britanniques, le photographe a été assassiné par un homme de main d¹origine yougoslave, T...,évoluant habituellement sous le pseudonyme d’une grande famille de la noblesse française, connu aussi de la chanteuse Amanda Lear.

Andanson, qui prenait énormément de photos, a-t-il commis l¹imprudence d’en prendre une de trop, en utilisant son téléobjectif, de sa maison de Lignières, pour immortaliser des rendez-vous, ou des plaques de voiture, à l’occasion d’une des discrètes (et fastueuses) réceptions que donnait Jacques Monsieur dans sa propriété des Amourettes? A-t-il tenté de monnayer, imprudemment, un de ces clichés?

C’est un bruit qui court. Rien ne le prouve. Mais les informations des britanniques sont désormais parvenues à un service renseignement français, rattaché au Ministère de la Défense. Elles pourraient avoir des développements inattendus. Les (anciennes) connexions de T... avec Amanda Lear alimentent des interrogations sur la mort par incendie - une manie - d¹Alain-Philippe Malagnac, le mari de la chanteuse, le 28 décembre 2000. T. aurait un peu travaillé, aussi, un an avant, sur le dossier Safra - du nom du propriétaire de la Républic national bank de New-York, asphyxié dans un incendie à l¹intérieur de son immeuble-forteresse de Monaco, le 6 décembre 1999. Selon l¹enquête officielle, le feu avait été allumé dans une poubelle par un ancien béret vert (commando des forces spéciales) américain, Ted Maher. Il venait d’être recruté comme infirmier, et vivait un amour déçu avec une de ses collègues... Cerise sur le gâteau, enfin, T. se serait vanté d’avoir très bien connu le petit canal de la Nièvre où Pierre Bérégovoy avait, lui aussi, rendez-vous avec la mort, le 1°mai 1993.

L’homme de main yougoslave, qui jouit, effectivement, d’une solide formation de commando polyvalent, s’y serait livré, très peu de temps auparavant, à des exercices de plongée en oxygers (appareillage spécial utilisé par les nageurs de combat pour ne pas laisser de bulles à la surface). Coïncidence des coïncidences, c’est James Andanson (très proche du couple Bérégovoy, qu'il recevait à Lignières) qui avait indiqué l¹endroit au défunt premier ministre de François Mitterrand. Comme Elisabeth Andanson, Gilberte Bérégovoy, sa veuve, a reçu dans les heures suivant immédiatement le décès, la visite de trois hommes très bien informés, se réclamant de la DST. Ils lui ont attentivement expliqué tous les inconvénients qui pourraient résulter, pour elle-même, ou pour ses proches, si elle manifestait ses doutes de manière trop exubérante, après le suicide. Elisabeth Andanson, que VSD a pu surprendre, sur sa ligne personnelle, en aout 2000, nous avait ensuite vivement reproché d’avoir publié ses propos: je ne peux pas croire à un suicide, comme tente de m’en persuader la police. On le disait déprimé. Faux: mon mari n’était pas plus déprimé deux jours avant sa mort qu¹il y a six mois ou trois ans. Il se dit à Lignières que le couple, qui s’était rencontré dans la région de Commercy, dans la Meuse (Elisabeth est originaire de Cousances aux Bois), à l’occasion d’un fait divers couvert par Andanson, il y a de très nombreuses années, vivait de façon moderne et très libre. Le photographe n¹ignorait rien des liens de son épouse avec un agriculteur du voisinage, qui accompagnait d’ailleurs, à l’occasion, le jeune James junior sur les circuits automobiles - pilote prometteur, il était sponsorisé...par Elf.


Le 9 juillet 2007

​Christophe Pelat, le pompier qui a découvert le corps de James Andanson, a dit : « Je l'ai vu de près et je suis absolument convaincu qu'on lui avait tiré dans la tête, deux fois. »
​​​​La révélation menace de faire exploser en morceaux l'enquête sur Diana, qui aura une autre audience préliminaire aujourd'hui à la Cour Suprême de Londres.

​​​​Mohamed Al Fayed, le propriétaire d'Harrods, dont le fils de 42 ans Dodi est mort avec Diana dans un accident à Paris, exige maintenant que M. Pelat soit appelé pour donner son témoignage dans l'enquête ou du moins que son récit soit entendu.

​​​​Andanson, 54 ans, est l'un des principaux personnages du mystère entourant l'accident mortel.
​​​En tant que principal photographe paparazzi, il a passé des semaines à suivre la Princesse de 36 ans, quand s'épanouissait son aventure amoureuse avec Dodi.

​​​​Nombre de ceux ayant étudié de près l'accident pensent que c'était Andanson qui conduisait la Fiat Uno blanche qui poursuivait la Mercedes de Diana quelques secondes avant l'accident, comme partie d'une conspiration d'assassinat compliquée.

​​​​La police est certaine qu'Andanson, un millionnaire, était un informateur régulier du MI6, le service de renseignement secret britannique, et des agences françaises. Mais il n'a jamais a été convenablement interrogé par les autorités, et moins de trois ans après la tragédie, il a aussi été trouvé mort. Son corps, trouvé dans un bois épais près de Montpellier, était tellement carbonisé qu'il a fallu presque un mois à la police avant que l'ADN et les empreintes dentaires confirment son identité.
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L'avis officiel était le suicide. Maintenant M. Pelat, le premier officier des pompiers sur la scène, a suggéré qu'il avait pu être assassiné. Sa déclaration soutient la théorie du complot qu'Andanson lui-même a été assassiné par des agents secrets parce qu'il en savait trop sur la conspiration qui a tué Diana.
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Demandé par le Daily Express pour développer son extraordinaire histoire, M. Pelat, qui travaille toujours comme pompier, a dit : « Ce n'est pas mon job d'en dire plus à quiconque, excepté aux autorités officielles. »
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M. Al Fayed veut maintenant que le témoignage soit exposé lors de l'enquête complète sur la mort de Diana et de Dodi, à la fin de cette année.
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Il est parmi ceux qui pensent que Diana et Dodi ont été assassinés par les services de sécurité britanniques parce que les plus hauts britanniques royaux, dont le Prince Philip, ne voulaient pas que Diana ait un bébé Musulman de Dodi.
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Et il est convaincu que quelques-uns des paparazzis, y compris le conducteur de la Fiat Uno blanche, était des agents du MI6 dont la mission était d'arrêter le faire-part des fiançailles du couple et la grossesse de Diana. Le témoignage de M. Pelat peut être crucial pour soutenir ces théories.

​​​​Andanson était en Sardaigne durant la dernière semaine d'août 1997, pendant que Diana et Dodi savouraient leur dernière vacance ensemble en Méditerranée, et il est revenu ensuite en France le 30 août.
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Moins de six heures après l'accident mortel à Paris, et pour des raisons qui n'ont jamais été révélées, Andanson s'embarquait sur un vol à l'aéroport d'Orly de Paris, en partance pour la Corse.
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Il a affirmé ne pas être près du centre de la capitale française quand l'accident est arrivé, sans pouvoir en fournir la preuve réelle.
​​​​Son fils James et sa fille Kimberly ont dit la première fois à police qu'ils pensaient que leur père vendangeait dans la région de Bordeaux.

​​​​Ensuite, l'épouse d'Andanson, Elizabeth, a affirmé être chez elle avec son mari toute la nuit, au Manoir de la Bergerie, dans le Cher, jusqu'à ce qu'il parte brusquement pour Orly, à 3 heures 45, pour attraper à l'aube le vol pour la Corse.

​​​​Pressé par le Daily Express lors d'une interview antérieure, Mme Andanson a dit que son mari était « constamment en train de courir » et qu'elle avait pu faire une erreur. Elle a dit : « Il était toujours très difficile de se souvenir des mouvements précis de James parce qu'il était toujours en train d'aller et venir. »

​​​​Interrogée au sujet de l'affirmation de trous de balles dans la tête de son mari, Mme Andanson a simplement dit : « Nous verrons. »
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Ce qui rend aussi capitale la précision des mouvements d'Andanson la nuit de l'accident est qu'il était dans la Fiat Uno blanche.
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La voiture a été repeinte peu de temps après l'accident du tunnel de l'Alma puis vendue par Andanson en octobre 1997. Et bien que le rapport officiel français sur l'accident ait conclu que la voiture d'Andanson n'était pas impliquée, le rapport médico-légal rendu disponible par le Daily Express racontait une histoire très différente.
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On a dit que les éraflures de peinture de la Fiat, trouvée sur le rétroviseur latéral et le pare-chocs de la Mercedes, étaient identiques aux échantillons de l'endroit correspondant sur la Fiat d'Andanson. On s'attend maintenant à ce que la police rouvre l'enquête sur la mort d'Andanson.
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Le juge Scott Baker, le quatrième fonctionnaire choisi pour mener les enquêtes sur Diana et Dodi, a dit qu'il voulait la révélation complète de tous les témoignages. Quelques témoins français comparaîtront par lien vidéo de Paris.
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Les enquêteurs français et britanniques ont conclu que l'accident est arrivé parce que le chauffeur du couple, Henri Paul, était ivre et affecté par des antidépresseurs.
​​​​En dépit des investigations approfondies de la part des autorités des deux côtés de la Manche, beaucoup croient que des témoignages décisifs, y compris ce qui est vraiment arrivée à Andanson et quel rôle il a joué dans la mort de Diana, ont été négligés.

Diana et les fantômes de l’Alma

Écrivain et réalisateur, Francis Gillery mène depuis plusieurs années une enquête sur l’affaire Diana, ou plutôt sur la manière dont la raison d’État a imposé une version officielle et étouffé toute contestation à propos de la mort de son compagnon, le marchand d’armes Dodi Al-Fayed. il répond aux questions de Thierry Meyssan

Réseau Voltaire : Dans la nuit du 30 au 31 août 1997, une Mercedes s’écrasasait contre un pilier du tunnel du pont de l’Alma, tuant le chauffeur de la limouse (Henri Paul), les deux passagers (le marchand d’armes Dodi Al-Fayed et sa maîtresse la princesse Diana), et blessant grièvement le garde du corps de la princesse Trevor Rees-Jones). Les autorités ont résumé cet événement en un banal fait divers : un accident de voiture provoqué par un chauffeur éméché. Pourtant, dix ans plus tard, les fans de la princesse ont toujours l’impression qu’on leur cache quelque chose, et la relance de l’enquête côté britannique n’a pas éclaircit les nombreuses questions en suspens. Le seul témoin du drame, Trevor Rees-Jones, qui aurait pu faire toute la lumière, reste muet assurant être devenu amnésique. Selon vous, y-a-t-il un secret dans cette affaire ?

Francis Gillery : La mort de Dodi Al-Fayed n’aurait jamais été médiatisée si Diana n’avait pas été dans sa voiture. C’est une affaire qui aurait dû rester dans l’ombre et dans laquelle les autorités françaises ont été contraintes au silence.

De manière récurrente, il existe des « secrets d’État » dans lesquels les tractations de tous ordres —je parle de manière générale n’ont pas à être rendues publiques et obligent l’État à faire des concessions.

En l’occurrence, la position française a certainement permis de régler des problèmes d’ordre commercial qui avaient des conséquences pour la France. On a choisi le silence pour arranger ces problèmes.

Réseau Voltaire : Y avait-il quelque chose à négocier ?

Francis Gillery : Je pense que oui. Mais je n’ai pas développé cet aspect dans mon livre, ni dans mon documentaire, car je ne voulais pas entrer dans les hypothèses et les spéculations. Juste emmener le lecteur et le téléspectateur à s’interroger sur une histoire et sur la manière dont elle a été fabriquée.

Réseau Voltaire : Depuis longtemps déjà dans les pays anglo-saxons, et depuis cinq ans en France, les autorités ont appris à disqualifier tout questionnement de leurs déclarations en les qualifiant de « théorie du complot ». Précisément, n’a-t-on pas dénoncé une « théorie du complot » chez les gens qui doutent de la version officielle de la mort de la princesse Diana ?

Francis Gillery : C’est ce procédé de disqualification qui m’a intéressé. Alors qu’une enquête scientifique doit être contradictoire, toute personne qui conteste la version initiale est frappée d’infamie. C’est ce mécanisme d’interdiction de penser, de désinformation, qui est le sujet de mon étude dont l’affaire Diana n’est qu’un cas.

Ici, on a immédiatement deux versions distinctes : une officielle, c’est l’accident de la route ; et une dissidente de Mohammed Al-Fayed, le père du défunt. Il parle, lui, de « complot », mais pas au sens où on l’entend par la suite. Il n’entre pas dans les détails, mais laisse à penser qu’il en avait été averti à l’avance. Ses déclarations suggèrent que ce complot s’étend au monde des affaires, de ses affaires. Par un glissement de vocabulaire, on a complexifié le débat en passant du complot criminel à la « théorie du complot », c’est-à-dire à une tentative irrationnelle d’expliquer l’ordre et les désordres du monde par un acteur occulte. Dès lors, les gens raisonnables s’éloignent de la discussion.

Réseau Voltaire : Un autre mode de disqualification est l’accusation d’antisémitisme. Vous contestez la version officielle, alors êtes-vous révisionniste ?

Francis Gillery : On a essayé plusieurs fois de m’entraîner sur cette pente, notamment lorsque des personnalités m’ont suggéré, sans aucun élément, la piste du Mossad. C’est un grand classique de la manipulation.

Réseau Voltaire : La conclusion provisoire de vos travaux est qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un crime, et que la cible n’était pas la princesse Diana, mais son amant, le marchand d’armes Dodi Al-Fayed. Ce n’est pas très glamour.

Francis Gillery : C’est au moins la preuve que ma démarche n’est pas mercantile. La focalisation sur le personnage public de Diana a écarté toute réflexion sur les Al-Fayed. On n’a jamais investigué dans cette direction. Les policiers et les médias n’en ont jamais parlé. Principalement parce que personne n’a fait son travail. Les policiers ont reconstitué un accident de la route et les journalistes ont reproduit cette version. On a vendu beaucoup de papier, mais on n’a rien traité, au contraire, on a obscurci le dossier.

Pour être juste, il faut reconnaître que quelques personnes ont agi avec professionnalisme, mais leur voix a été recouverte par ce vacarme. Citons par exemple Peter Hounam du Sunday Times qui, dès 1998, a évoqué la piste Dodi.

Ici, l’exception confirme la règle. Dès le début la meute médiatique a accepté la version de l’accident de la route. Personne ne s’est donc intéressé à la cause des décès. Ainsi, on ne sait pas de quoi Dodi Al-Fayed est mort. Aucune autopsie n’a été pratiquée. Et pourquoi l’aurait-on faite puisque l’on s’était déjà persuadé qu’il s’agissait d’un accident de la route ?

Ce mécanisme de la version initiale que l’on érige en certitude et que l’on sacralise, se reproduit d’affaire en affaire dès lors que la raison d’État est concernée. Nous devons l’étudier et le comprendre. L’affaire Diana est un cas d’école : c’est parce qu’elle est morte que l’on a pu occulter le reste et les vrais enjeux. Mais c’est aussi parce qu’elle était impliquée que dix ans plus tard on ne se satisfait pas des mensonges officiels et qu’il est encore possible d’en parler.

Réseau Voltaire : Le récent rapport de 800 pages de Lord Stevens ne clôt-il pas la polémique ?

Francis Gillery : Non. D’ailleurs Lord Stevens a eu la prudence de préciser qu’il s’agissait d’un rapport préliminaire bien qu’il n’ait pas prévu de rendre de rapport conclusif. Ce n’est qu’un vaste délayage qui s’applique à éluder les principales questions. À commencer par celle-ci : Dodi Al-Fayed ne se promenait pas dans Paris, il se rendait à un rendez-vous précis pour y conclure un contrat précis.

Seul et sans moyens, je suis parvenu à réunir quantité d’informations. Je ne peux pas croire que Scotland Yard, avec une dizaine d’enquêteurs à plein temps et des moyens considérables ne les ait pas trouvées non plus en trois ans de recherches. Mais plutôt que de creuser ces informations, Lord Stevens les a noyées.

Par exemple, dans mon premier film, Lady died, j’avais évoqué les confidences du photographe James Andanson à l’écrivain Frédéric Dard. Andanson avouait avoir été présent avec sa Fiat Uno au tunnel de l’Alma. Andanson ayant été retrouvé mort dans des circonstances abracadabrantes et Frédric Dard étant décédé aussi depuis, une commission rogatoire a été délivrée pour auditionner sa veuve et sa fille qui avaient assisté à la conversation. Pendant des heures, elles ont été entendues séparément, puis confrontées. Comme elles maintenaient leur témoignage, on a les a cuisinées jusqu’à leur faire dire que s’étant levées au cours du repas pour servir les plats, elles avaient peut-être mal compris la conversation et que leur témoignage ne pouvait donc être conservé. Cependant, les Dard avaient du personnel de maison qui assurait le service de table.

Lord Stevens a systématiquement écarté les éléments qui le gênait et a ignoré ceux qu’il ne parvenait pas à écarter. Ainsi, il est établi que le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule, mais pas pourquoi il l’a perdu. Il était important d’analyser la boîte électrique et l’ordinateur de bord. Le rapport Stevens assure que tout est en trop mauvais état pour être expertisé. Ce n’est évidemment pas crédible pour la boîte.

Réseau Voltaire : Dans les jours qui ont suivi l’accident, j’ai rencontré un responsable du renseignement français qui a évoqué devant moi l’enquête parallèle des services du Premier ministre sur le mode opératoire des tueurs. Ces investigations ont-elles été versées au dossier judiciaire ?

Francis Gillery : Je vois de quoi vous parlez. Et bien non, cette enquête est restée secrète. Ce n’est d’ailleurs pas la seule. Outre la Brigade criminelle responsable légalement de cette affaire, la Brigade anti-terroriste a enquêté hors procédure. Et là encore, on ne sait rien de ce qu’elle a trouvé.

Réseau Voltaire : On objecte souvent que de telles affaires sont impossibles car, pour les réaliser et les étouffer, elles impliqueraient un grand nombre de complices, donc un grand risque d’être éventées. Des enquêteurs sont-ils revenus sur leurs affirmations initiales ?

Francis Gillery : La plupart des fonctionnaires qui ont travaillé dans cette affaire n’en connaissent que des bribes. Mais pour parler, il faut avoir une vue d’ensemble. C’est tout.
Quant un supérieur vous dit : « On s’en tient à ça », on ne va pas plus loin. Tout le monde veut bien faire, dans l’intérêt du service, dans l’intérêt de l’État. Personne ne dévoilera ses états d’âme des années plus tard. Personne ne se mettra en danger, ni ne se coupera de ses collègues pour délivrer un témoignage qu’il sait partiel et peu utile tant qu’il est solitaire.

Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, a peut-être hésité à parler. En tous les cas, il en savait certainement plus qu’un policier de base et il s’est clairement dissocié de la version qu’il a contribué à propager en soulignant qu’il s’était fié uniquement à ce que ses services lui avaient dit. Finalement, il n’est pas allé plus loin.

Réseau Voltaire : Au demeurant, il n’est pas nécessaire de faire appel à de nombreux fonctionnaires pour étouffer une affaire. Les États ont généralement sous la main quelques collaborateurs complaisants pour cela, placés aux bons endroits. Qui a dirigé l’enquête médico-légale ?

Francis Gillery : Le docteur Dominique Lecomte, et les analyses de sang ont été sous-traitées à un laboratoire externe. Ce sont le même médecin et les mêmes experts qui ont faussement établi que le juge Bernard Borrel avait été assassiné à Djibouti, une autre affaire d’État, mais que l’on connaît mieux aujourd’hui. Oui, on retrouve les mêmes protagonistes lorsque la raison d’État est en jeu.

J’insiste sur le fait que les analyses de sang ne sont pas sérieuses. Une première analyse a montré que le chauffeur, Henri Paul, était ivre, mais elle a aussi montré que son sang était saturé de monoxyde de carbone. Dans ce cas, ce ne pouvait pas être son sang que l’on a expertisé car avec un tel taux de monoxyde de carbone, il n’aurait pas pu tenir pas debout et encore moins se hisser au volant d’une voiture. On a cependant procédé à une contre-expertise, quelques jours plus tard, qui a donné les mêmes résultats. Ce qui est encore plus ridicule. Car le taux d’alcoolémie aurait dû varier avec le temps. Pour la faire, on ne s’est pas embarrassé des protocoles : ce sont les mêmes experts qui ont procédé à l’analyse et ils l’ont fait alors qu’ils détenaient encore les échantillons précédents.

Réseau Voltaire : En définitive, seul Mohammed Al-Fayed aurait pu juridiquement stopper cette mascarade. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait non plus ?

Francis Gillery : Dès le début, il a évoqué un complot criminel. Mais en dévoiler les enjeux aurait supposé qu’il étale au grand jour ses activités. Or le commerce des armes suppose la plus grande discrétion. Son entourage lui a donc conseillé de détourner l’attention sur Diana. Il a mis en cause la famille royale. Il s’est trop mouillé dans cette version-là pour pouvoir aujourd’hui dire la vérité.

Réseau Voltaire : A contrario, des rivaux des Al-Fayed pouvaient avoir intérêt à faire éclater la vérité pour les pousser dans la lumière. Avez-vous rencontré Ashraf Marwan, l’autre grand négociant d’armes égyptien, avant qu’il ne tombe de son balcon le 27 juin dernier ?

Francis Gillery : Non. J’ai longtemps cherché à lui parler, mais il s’y est refusé. Je savais qu’il détenait toutes les clefs de l’affaire. J’ai appris sa mort en lisant Voltairenet.org. Là encore j’ai vu comment la machine médiatique s’emballe : tout le monde parlait de son rôle connu durant la Guerre des Six jours, personne, sauf vous, notait son métier : marchand d’armes.

Réseau Voltaire : Alors que les autorités françaises ont imposé une version des faits, que signifie la diffusion de votre documentaire critique par une chaîne publique française ?

Francis Gillery : Je ne suis pas naïf. Je me doute bien que ceci n’arrive pas par hasard. Manifestement, il y a encore des enjeux dix ans après ce drame.


Un marchand d’armes se suicide

Ashraf Marwan, né en 1945, décédé à Londres le 27 juin 2007, était un homme d'affaires et négociant en matériels d'armement.

Fils d'un officier militaire au service du président Nasser, Marwan, époux de sa fille Muna, est entré dans l'armée de ce dernier avant de devenir son assistant. À la mort de celui-ci en septembre 1970, il a poursuivi cette fonction dans le domaine de la sécurité pour le compte de son successeur, le président Anouar el-Sadate.

Recruté par la CIA en 1971, il a joué un rôle important dans la sécurité du président el-Sadate en écartant un complot fomenté par un groupe prosoviétique. Cependant, la controverse porte davantage sur ses liens avec les Israéliens, en particulier s'agissant de son influence dans le cadre de la Guerre du Kippour, en octobre 1973.Il a été retrouvé mort à Londres le 27 juin 2007, tombé du balcon de son appartement.