"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

15 juin 2025

Deux détenus de Guantanamo accusent le Royaume-Uni de «complicité» dans leur torture

 

Les avocats de deux détenus de Guantanamo ont accusé mercredi devant la justice à Londres les agences de renseignement britanniques d'avoir été «complices» de la CIA dans leur torture après les attentats du 11-Septembre, notamment en utilisant des informations obtenues lors des interrogatoires.

Ce procès, qualifié de «sans précédent» par l'organisation de lutte contre la torture basée au Royaume-Uni Redress, se déroule jusqu'à vendredi devant l'instance judiciaire qui traite les plaintes concernant les agences de renseignement britanniques, le Investigatory Powers Tribunal (IPT).

La procédure a été lancée par une plainte de Redress en 2021, notamment contre le MI5 et le MI6, les services de renseignement intérieurs et extérieurs, concernant leur «implication éventuelle» dans les tortures infligées à l'un des détenus, Mustafa al-Hawsawi.

La question est de savoir si ces agences ont été «complices» de la CIA en ayant «fourni des questions ou des informations» aux agents américains pour qu'ils les utilisent lors des interrogatoires de Mustafa al-Hawsawi, ou en ayant «reçu des informations» obtenues lors des interrogatoires, a résumé devant le tribunal l'avocat de Redress, Edward Craven.

Mustafa al-Hawsawi a été capturé au Pakistan en 2003, accusé par les Américains d'avoir participé aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Ce ressortissant saoudien, né en 1968, est toujours détenu dans la base militaire américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba.

Obtenir des informations sur d'éventuels attentats

«Il ne fait aucun doute qu'il a été soumis à la torture la plus brutale», a déclaré l'avocat, évoquant des simulations de noyade, la privation de sommeil, des viols. Il avait été placé dans des lieux de détention secrets de la CIA en Afghanistan et en Lituanie notamment, a poursuivi Edward Craven.

Selon des informations récemment rendues publiques par les autorités américaines, des responsables de la CIA avaient demandé en 2003 aux personnes menant les interrogatoires de «presser» Mustafa al-Hawsawi afin d'obtenir des informations sur d'éventuels projets d'attentats au Royaume-Uni.

Un chapitre honteux de l'histoire britannique

L'autre détenu de Guantanamo au cœur du dossier est Abd al-Rahim al-Nashiri, soupçonné d'être le cerveau de l'attentat contre le navire américain USS Cole en 2000 au Yémen qui avait fait 17 morts.

Ce procès donnera l'occasion d'en savoir davantage «sur un chapitre honteux de l'histoire britannique, qui a été longtemps caché», a assuré Chris Esdaile, conseiller juridique de Redress. Les autorités britanniques répondront aux accusations lors de l'audience de jeudi.

Pendant des années, les appels se sont multipliés au Royaume-Uni, en vain, pour que lumière soit faite sur les agissements des services secrets britanniques dans la guerre contre le terrorisme aux côtés de leurs alliés américains. En 2018, un rapport parlementaire britannique avait conclu que le Royaume-Uni avait toléré des mauvais traitements infligés à des prisonniers détenus par les autorités américaines pour des motifs terroristes.

«Il ne fait aucun doute que les Etats-Unis, et d'autres, maltraitaient les détenus, et que les services de renseignement (britanniques) en étaient conscients à un stade précoce», indiquait ce rapport.

AFP

12 février 2025

9 novembre 2024

Un juge rétablit l'accord de peine négociée pour Khalid Cheikh Mohammed, "le cerveau" du 11-Septembre

 

Un juge militaire américain a déclaré valable l'accord de peine négociée pour Khalid Cheikh Mohammed, considéré comme le «cerveau» des attentats du 11-Septembre 2001, une décision pourtant révoquée début août par le Pentagone après le fort émoi suscité auprès de nombreux proches des près de 3000 victimes, a indiqué jeudi un responsable américain. «Le juge militaire a décidé que les accords préalables à la procédure pour les trois accusés sont recevables et applicables», a expliqué à l'AFP ce responsable, sous condition d'anonymat.

Cet accord, validé mercredi par le juge, selon cette même source, devrait éviter à ces trois hommes détenus sur la base militaire américaine de Guantanamo, la peine capitale. Il n'était pas clair dans l'immédiat si les procureurs allaient faire appel de cette décision. Khalid Cheikh Mohammed, Walid bin Attash et Mustafa al-Hawsawi, sont accusés de terrorisme et du meurtre de près de 3000 personnes dans les attentats sur le sol des Etats-Unis, un des épisodes les plus traumatiques de l'histoire du pays.

Les familles des victimes choquées

En échange d'une sentence de réclusion criminelle à perpétuité -selon les médias américains- Khalid Cheikh Mohammed, qui s'était vanté auprès d'enquêteurs d'avoir imaginé et organisé les attentats les plus meurtriers de l'Histoire, évite, grâce à cet accord, un procès où il encourrait la peine de mort. Or cette décision, annoncée fin juillet, avait choqué de nombreux proches des victimes et suscité de virulentes critiques dans le camp républicain, dans un pays en pleine campagne présidentielle.

«Avec effet immédiat, dans l'exercice de mon autorité, je révoque ainsi les trois accords» de peine négociée, avait expliqué le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, dans une brève note, estimant que «la responsabilité d'une telle décision» devait lui revenir. «Les familles des victimes, les membres de nos forces armées et les Américains méritent de voir les procès de la commission militaire être tenus dans cette affaire», avait déclaré le chef du Pentagone, quelques jours plus tard, lors d'une conférence de presse.

Les trois hommes n'ont jamais été jugés, la procédure devant les amener en procès s'étant enlisée autour de la question de savoir si les tortures qu'ils ont subies dans les prisons secrètes de la CIA entachaient les preuves à leur encontre. La plupart des gens connaissent Khalid Cheikh Mohammed grâce à la photo prise de lui le soir de sa capture en 2003, les cheveux ébouriffés et la moustache touffue, vêtu d'un pyjama blanc.

AFP