"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

13 septembre 2018

Il l'immortalise en enfer, et au paradis 17 ans après


La photo de Joanne, rescapée de la tour Nord du World Trade Center, avait fait le tour du monde. Dix-sept ans plus tard, l'Américaine a retrouvé le photographe dans des circonstances plus heureuses


Pieds nus, regard terrifié, Joanne tient ses chaussures à talons et son sac dans la main droite. Son corps est recouvert de poussière et ses yeux croisent furtivement l'objectif du photographe Phil Penman. Nous sommes le 11 septembre 2001 à New York et Joanne «Jojo» Capestro, 39 ans, vient d'échapper à l'enfer de la tour Nord du World Trade Center. Arrivé en catastrophe sur les lieux après le crash du premier avion, Phil Penman passe la journée à photographier des survivants, des secouristes débordés et des civils tentant de porter secours comme ils le peuvent. Son cliché montrant Joanne et sa collègue errer dans les rues restera, comme tant d'autres, comme un symbole des attentats les plus meurtriers de l'Histoire.

Il y a trois ans, l'artiste a décidé de faire don de cette photo – et de beaucoup d'autres – au musée du 11-Septembre à New York. A la grande surprise du photographe, le personnel du mémorial a tout de suite reconnu «Jojo» sur la photo et les deux ont pu être mis en contact. L'Américaine ne se souvenait absolument pas de cet homme qui l'avait immortalisée en ce jour terrible. Ses retrouvailles avec Phil n'en ont pas été moins bouleversantes: «Il est entré dans mon bureau, il m'a regardée, je l'ai regardé et je me suis mise à pleurer», raconte la quinquagénaire au «Daily Mail».





«Il était avec moi lors du pire jour de ma vie, et lors du plus beau jour de ma vie»

Après ce moment fort en émotion, Jojo et Phil sont restés en contact. Son mariage approchant, l'Américaine n'a pas eu à chercher longtemps un photographe. C'était évident: Phil était l'homme de la situation. Le 11 août 2018, l'artiste a donc immortalisé l'union de Jojo et de Robert. Une manière pour l'Américaine de boucler la boucle: «Il était avec moi lors du pire jour de ma vie, et lors du plus beau jour de ma vie», résume-t-elle.

Le matin du 11 septembre 2001, Jojo avait pris son poste au 87e étage de la tour Nord du World Trade Center, malgré le fait qu'elle ne se sentait pas très bien. L'employée s'apprêtait à descendre avec un collègue quand le téléphone a sonné. Au moment où l'appareil a été décroché, le vol 11 de l'Americain Airlines a percuté la tour, six étages au-dessus du bureau de Jojo. «L'impact a été si puissant que le bâtiment tremblait. Et puis tout d'un coup, ça s'est arrêté», se souvient-elle.

Deux des trois cages d'escaliers étant inaccessibles, l'Américaine et ses collègues se sont précipités vers la seule issue possible. Vingt-deux minutes plus tard, juste après que le deuxième avion eut percuté la tour Sud, Jojo est arrivée en bas. «Je m'en souviens comme si c'était hier. Je pensais que toutes les personnes au-dessus de nous étaient déjà parties parce que l'escalier était vide. En fait, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir», raconte-t-elle.