"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

16 juin 2016

La CIA déclassifie de nouveaux documents sur les règles de torture après le 11 septembre


© Lucas JacksonSource: AFP
Le camp de prisonniers de Guantanamo


Ces nouvelles révélations apportent un éclairage sur les techniques controversées des services de renseignement américains pour traiter les détenus dès 2001 : confinement avec des insectes, simulation d’enterrement ou encore privation de sommeil.

Après une requête de l’association de défense des droits Union américaine pour les libertés civiles, la CIA a déclassifié une série de documents au sujet des techniques d’interrogation musclées qu’elle a mis en œuvre à l’égard de terroristes présumés arrêtés après les attentats du 11 septembre.

Parmi ceux-ci, on trouve un véritable manuel de la torture, un texte contenant 50 lignes directrices adressées aux employés des centres de détention.

Il y est notamment question de l’utilisation de «boîtes de confinement», des caisses juste assez larges pour contenir le corps d’un prisonnier.

Arrêté par l’armée américaine au Pakistan en 2002 puis placé dans le camp de Guantanamo, Abou Zoubaydah, accusé de terrorisme, a passé un total de 266 heures (soit plus de 11 jours complets) dans une telle boîte, note le rapport.

Un autre précise que le suspect, finalement relâché au bout de huit ans, aurait probablement coopéré avec les enquêteurs de la CIA sans cette forme «agressive» de torture. Et pourtant, ces derniers «ont dit à Abou Zoubaydah que la seule manière dont il quitterait le camp, c’est dans la boîte de confinement en forme de cercueil», poursuit le texte.

Un document de 2004, baptisé Description des pressions physiques, fait en effet référence à ce type de procédé. Il s’agit en fait de faire semblant d’enterrer vivant le détenu dans une «une étroite boîte de confinement qui ressemble à un cercueil. La boîte a des trous d’air cachés pour empêcher l’étouffement.»

Une autre méthode consiste à «menacer de placer des insectes qui piquent dans les étroites boîtes de confinement avec les détenus mais de mettre à la place des insectes inoffensifs», afin de faire pression sur les prisonniers.

Outre ces procédés, de nombreuses spécifications indiquent aux employés des centres de détention comment priver les individus de sommeil, de nourriture, de toilettes, comment les gifler ou encore comment appliquer le waterboarding, une technique qui consiste à simuler la sensation de noyade.

Et surtout, les documents déconseillent formellement aux employés d’utiliser un «langage spéculatif par rapport à la légalité d’activités données», précisant que cela n’est «pas utile».

Ces nouvelles révélations s’ajoutent à une série de documents révélés par une enquête du Sénat en 2014, sur le virage brutal des méthodes de détention prises après les attentats du 11 septembre 2001 contre les individus suspectés de terrorisme.

Depuis leur introduction, des dizaines de gens ont été victimes de ces techniques d’interrogation poussées, rapporte le journal américain New York Times. Parmi ceux-ci, la CIA a reconnu que 26, dont un Algérien, un Macédonien et un Allemand, avaient été «arrêtés par erreur».

Au total, les renseignements américains ont déclaré que seuls 100 prisonniers ont connu un tel traitement de détention, d'après des sénateurs démocrates.