"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

22 mai 2015

Ben Laden : ils savaient tout depuis... 1993


Depuis les remarques et remontrances de Seymour Hersh à propos de la fable de l'exécution du leader d'Al-Qaida, réduite à nouveau à l'état de totale incertitude, on s'aperçoit que le mensonge a été entretenu à divers stades de l'histoire du groupe. Un mensonge entretenu, et une histoire entièrement fabriquée, dans un but, celui d'obtenir une adhésion du pays a des thèses d'extrême droite, dites poliment neo-con, permettant toutes les exactions d'une politique extérieure américaine conquérante dont dépend l'industrie guerrière du pays. Des personnes mal intentionnées émergent prpgressivement de cette mise en scène prévue et élaborée de longue date. Parmi elles, une femme, aujourd'hui bien cernée, responsable de la CIA ayant pris sous sa coupe le phénomène Al-Qaida, en manipulant de grosses ficelles qui remontent aujourd'hui à la surface, grâce à la ténacité de journalistes, aux fuites de Wikileaks... et aussi à l'imbécillité flagrante de certaines recrues de la CIA, ou des dissenssions au sein de cette dernière, pour préciser. Retour sur des aveux intriguants passés inaperçus et donnant un nouvel éclairage sur les faits qui ont ensanglanté la planète avant et après le 11 Septembre....






C’est plutôt… intriguant, en effet. L’homme soudain appparu à la lumière, à la suite du prccès intenté par un ancien de la CIA à ses employeurs, est un soudanais qui était devenu aussi le chauffeur du Blind Sheikh, à savoir d’Omar Abdel-Rahman, celui qui avait tissé des liens dès les années 70 avec deux groupes radicaux égyptiens, l’Egyptian Islamic Jihad, dirigé par Ayman al-Zawahiri, et le Al-Gama'a al-Islamiyya (aussi connu sous le nom de « Groupe Islamique) ». Le sheikh avait été envoyé en prison trois ans après avoir émis une fatwa pour assassiner Anouar el-Sadate. Il dort aujourd’hui en prison aux USA, jusqu'à la fin de ses jours, pour avoir été rendu responsable en 1995 de l’attaque du WTC de 1993. Etrangement, pourtant convaincu d’avoir fomenté le complot, mais néanmoins acquitté, il avait été renvoyé par l'Egypte à la frontière afghane sans retourner à la case prison. Il y avait alors rejoint l'obscur Abdullah Azzam,


l'« imam du jihad », formé en école coranique en Syrie, puis devenu proche des palestiniens du Fatah, celui qui servira d'exemple à un dénommé... Ben Laden, qui a vu en lui un maître, salué à plusieurs reprises. En 1990, voilà nôtre Sheikh qui s'installe... à New-York, pour aussitôt enflammer la mosquée où il prêche de discours... anti-américains et anti-israéliens, qui culmineront avec l'assassinat du rabbin provocateur Meir Kahane. Un provocateur bien utile, pour beaucoup, comme l'était celui qu'il a fait assassiner. Des manipulés, à l'évidence : comment donc un individu aux idées pareilles a-t-il pu s'installer au USA, voilà l'un des problèmes à résoudre, aujourd'hui encore. La fameuse "liberté de parole" ne peut pas tout expliquer !!!



L’assassinat de Sadate demeure une belle énigme en effet, auquel aurait participé un personnage bien tortueux : Ali Mohamed, mis en cause notamment par Jack Cloonan, l'ancien responsable de la fameuse "bin Laden Unit". Les tireurs descendus de véhicules militaires dans une attaque kamikaze d'une rare violence provenaient tous en effet de la caserne d’Ali Mohamed... formé à Fort Bragg rappelons-le. Un Ali Mohamed qui organisera et fera la tournée US d'El-Zawahiri  : « en 1993 était resurgi notre phénomène : il accompagnait le très étrange périple d’Ayman al-Zawahiri aux USA, alors que l’homme était recherché... sans l’être vraiment : une tournée pour rassembler des fonds pour Al-Qaida. Au vu de tous. Al-Zawahiri dormira dans la maison californienne de Mohamed, qui l’introduit partout aux USA. Selon le New-Yorker, cette visite a lieu juste après le premier attentat contre le WTC.. et personne à la CIA ou au FBI ne songera à aller arrêter le leader du Jihad Islamique en tournée professionnelle aux USA ! Aberrant ! »  


Ali Mohamed, le personnage le plus intriguant de la saga Ben Laden, vu à plusieurs reprises dans les camps d'Al-Qaida comme organisateur et fournisseur d'armes, qui faisait des aller-retours USA-Afghanistan plusieurs fois par mois au su de tous. Ali Mohamed, recruté en Egypte même en 1984, alors qu’il était membre de la partie égyptienne du Jihad Islamique, fondée par un médecin extrémiste, Ayman Zawahiri, l’adjoint direct de Ben Laden ! Le "triple cross" parfait !!





Ali Mohamed, un homme bien plus dangereux que Ben Laden : « Pendant plus d'une décennie et demie - depuis le début des années 1980 à la fin des années 1990 - Ali Mohamed Abdelsaoud a servi Oussama ben Laden et Ayman al-Zawahiri comme l'un de leurs plus hauts (sinon le plus élevé) des agents d'Al-Qaïda aux Etats-Unis. au cours de cette même période, Ali Mohamed a voyagé en Afghanistan, au Pakistan, au Soudan, et d'autres parties du monde pour fournir al-Qaïda avec de l'espionnage de haut niveau, pour planifier des événements terroristes, ou mettre en place la liaison avec l'organisation terroriste du Hezbollah, aider à la collecte de fonds, et former des terroristes d'al-Qaïda - y compris les gardes du corps personnels de Ben Laden et même ben Laden lui-même, a dit de lui le procureur Patrick Fitzgerald, le procureur des cas des plus grands terroristes et de la criminalité organisée : « il est l'homme le plus dangereux que j'ai jamais rencontré. "



Dangereux, car il était aussi le lien avec la Bosnie, comme l'explique ici Peter Dale Scott : "en attendant, le Centre Al-Kifah à Brooklyn, qui dans les années 1980 avait soutenu les combattans "Arabes afghans » en Afghanistan, a tourné son attention vers la Bosnie. Le bulletin en langue anglaise de Al-Kifah Al-Hussam (The Sword) a également commencé à publier des mises à jour régulières sur l'action du djihad en Bosnie ... .Sous le contrôle des sbires de Cheikh Omar Abdel Rahman, le bulletin a agressivement incité les musulmans eux-mêmes favorables à rejoindre le djihad en Bosnie et en Afghanistan ... La succursale d'Al-Kifah de Bosnie à Zagreb, Croatie, était logée dans un bâtiment moderne de deux étages, aui était évidemment en étroite communication avec le siège de l'organisation à New York. Le directeur adjoint de l'agence de Zagreb, Hassan Hakim, a admis avoir reçu toutes les commandes et le financement directement à partir du bureau principal d' Al-Kifah aux États-Unis sur Atlantic Avenue, contrôlée par Cheikh Omar Abdel Rahman. 


Un des formateurs à al-Kifah, Rodney Hampton-El, a aidé ce programme de soutien, en recrutant des guerriers à partir de bases de l'armée américaine comme Fort Belvoir (c'est à à peine 12 miles au nord du Pentagone), et aussi les a formés à être des combattants dans le New Jersey. En 1995 Hampton-El a été jugé et condamné pour son rôle (avec le chef d'Al-Kifah Cheikh Omar Abdel Rahman) dans le complot visant à faire exploser des monuments de New York. Au procès Hampton-El a témoigné comment il avait personnellement reçu des milliers de dollars pour ce projet par le prince héritier saoudien Fayçal, dans l'ambassade d'Arabie à Washington".


Notre informateur, lui, qui avait réussi à rencontrer Ben Laden, avait été mis au courant par lui de ses projets d’attentat sur le sol américain. Elles étaient semble-t-il de bien plus faible ampleur que ce à quoi on assisterait plus tard. Parmi celles-ci, par exemple, un projet d’attentat contre une loge maçonnique californienne qui aurait été déjouée grâce à ses informations. Ed Curran, le responsable du bureau du FBI de Californie, avait en effet été prévenu, via un traducteur, Bassem Youssef, qui avait quitté juste après le bureau pour « discrimination » : à l’époque, les gens de FBI ne parlaient pas un mot d’arabe, pourtant, et son témoignage, évoquant déjà en 1993 Ben Laden comme grand argentier du terrorisme islamiste aurait pu devenir crucial en… 2001, de même qu’il aurait pu servir à mieux traquer Al-Qaida, déjà. Mais mal considéré et régulièrement agressé de façon raciste par ses propres collègues, Youssef, qui possédait une rare "top-level security clearance" avait fini par jeter l'éponge. L'imbécillité américaine et le mépris pour les autres, une constante tenace. Le FBi rate avec lui un élément vital comme le rappelle ici Mother Jones  : "Depuis 2001, le budget du FBI a augmenté de 114 pour cent, passant de 3,3 milliards de dollars à 7,1 pour l'exercice 2009 ; aujourd'hui, ses 12 000 agents spéciaux en comprennent seulement 57 avec encore une connaissance rudimentaire de la langue arabe. Seulement six d'entre eux, y compris Youssef-ont été classés "professionnel avancé" dans la langue à partir de 2006. Par comparaison, le Département de la police de New York a plus de 60 flics arabophones." Une incompétence du FBI, de ne pas avoir compris l'importance des traducteurs : on retrouvera le même problème en Irak avec l'armée.


Notre fameux informateur, entre temps, avait été repéré et approché par le FBI, en Californie. Mais mis maladroitement sur une liste de terroristes par l'administration, pas au courant des vues des services spéciaux sur lui, on lui conseillera de se faire oublier au plus vite, en lui proposant de rejoindre la Jordanie. Arrivé là-bas, le voilà mis au cachot trois mois : à peine sorti, il s’envole pour le Yemen, où le FBI continue à le suivre et à correspondre avec lui. Au Yemen même, c’est le responsable du bureau du FBI, à savoir Bassem Youssef, toujours lui, encore employé à ce moment là, qui se charge de lui en personne, en se faisant d’abord passer pour un inconnu auprès de lui (il prend alors devant lui le pseudonyme d'Adam Shoukry). "C'était un groupe très, très difficile à pénétrer », dit un des anciens superviseurs de Youssef, Edward Curran, un vétéran du FBI de 38 ans qui est maintenant directeur adjoint du Bureau de New Jersey de lutte contre le terrorisme. "[Youssef] l'a fait. Il l'a fait jour et la nuit. Il était dans la rue, a saisir les occasions ... Il savait comment les exploiter plus que toute autre personne dans le bureau." Mis en confiance, voilà notre chauffeur-trésorier qui étale tout ce qu’il sait sur un mouvement alors inconnu, appelé selon lui Al-Qaida. La toute première et fiable source d'information sur le mouvement, c'était lui ! On le retrouvera même à Bruxelles (fief d'une cellule fort active, d'où débouchera l'assassinat de Massoud, via la cellule Malika El-Aroud-Garsallaoui, on le sait, car tout est lié !), passant un test là-bas de détecteur de mensonges, pour savoir s’il était bien fiable : ce jour-là, en preuve de sa bonne foi, il aurait apporté selon NBC news les passeports canadiens et américains contrefaits des têtes de file du mouvement, qui montraient par l’exemple qu’ils sillonnaient déjà les deux pays… sans être inquiétés. On ne peut être plus clair : même placés devant l'évidence, les autoriés américaines ne feront rien pour empêcher la circulation de ces terroristes en puissance. A ce stade, on ne peut évoquer la seule incompétence comme excuse.


L'homme décrit était de fait Jamal Ahmed al-Fadl, qui avait tout raconté aux deux agents du FBI qu’étaient Jack Cloonan et Dan Coleman. Al-Fadl, pour cela était devenu membre de la CIA, en ayant passé avec réussite le test obligatoire du détecteur de mensonges comme décrit. En fait, en 1996, à Khartoum, Jamal avait volé 100 000 dollars à l’organisation de Ben Laden : c’était lui qui en collectait ses fonds. Pour le rembourser, il avait revendu des informations à certains pays, dont Le Liban et l’Arabie Saoudite avant d’aller frapper à l’ambassade américaine. Le 9 décembre 2007, le New-York Times avait déjà révélé son rôle. De 1996 à 2001, il renseignait constamment le FBI sur le moindre mouvement de Ben Laden : or les attentats de 1998 se sont passés alors qu’il était déjà au service de la CIA depuis deux ans, mais sur le territoire américain. Après le 11 septembre, on en était toujours à l’interroger. L’ensemble de ses interrogatoires tiendra sur plus de 900 pages. Dans la presse on l’a présenté longtemps comme un prisonnier du FBI  !


Notre chauffeur-trésorier ira même jusqu’à organiser un voyage pour rencontrer un des responsables mineurs du mouvement au Soudan, du nom de… Ben Laden, note le magazine, qui parle donc d’une rencontre effective tenue entre la CIA et le futur organisateur du réseau terroriste ! Incroyable révélation (une rencontre avec le FBI était jusqu'alord connue, c'est celle de l'hospitalisation à Dubaï (*), du 4 au 14 juillet 2001, de Ben Laden pour problème reinaux, une rencontre alors attribuée à un agent de la CIA). C’est à cette époque qu’est intervenu un changement déterminant, qui pèse son poids dans l’affaire. Selon la même source, toujours, un agent féminin de la CIA aurait convaincu la source d’information de passer du FBI à la CIA, en proposant une forte somme d'argent à la clé… on songe aussitôt à Alfreda Frances Bikowsky, la pasionaria de l'usage de la torture. Elle l’aurait surtout convaincu, grâce à de l’argent versé, de se rendre en Bosnie, où les jihadistes commençaient à s’organiser contre le pouvoir serbe, ce qui ne pouvait qu’intéresser la CIA, toujours attirée par des opérations "Gladio" en puissance en Europe. L’homme n’aurait pas eu beaucoup le temps de servir d’informateur sur place, les gens d’Al-Qaida l’ayant supprimé rapidement en ayant découvert son double jeu. Pas de chance pour la CIA. Bikowsky et ses obsessions ayant conduit à ne rien comprendre au cheminement vers le 11 Septembre, à dessein ou non. Elle a vécu une bonne partie de sa vie à... Garland, au Texas a-t-on pu remarquer, devenu récemment un autre fief ant-islam. Or c'est aussi la femme de David Silverstein, un néo-con de la Foundation for the Defense of Democracy, ce repère de faucons bushiens, ce qui a très certainement influé sur ses analyses et son comportement. Pendant ce temps, Youssef se bat au sein même de son service...d'incompétents notoires, infichus de distinguer un chiite d'un sunnite... en septembre 2001.



C'est History Commons qui établit clairement le lien entre Al-Qaida et la Bosnie (on y revient) : "Jamal al-Fadl, un agent financier d'Al-Qaïda, est envoyé depuis le siège de Ben Laden au Soudan à Zagreb, en Croatie, pour recueillir des informations à propos de la guerre de Bosnie et les perspectives de l'achat d'entreprises en Croatie pour al-Qaïda. En Croatie, il rencontre Enaam Arnaout (qui deviendra bientôt la tête de la Benevolence International Foundation (BIF) aux États-Unis), et al-Qaeda operatives Abu Abdel Aziz Barbaros (alias Abdel Rahman al DOSARI), et Abu Zubair al Madani , l'un des cousins ​​de Ben Laden (il sera par la suite tué combats en Bosnie). Barbaros raconte qu'al-Fadl al-Qaïda cherchait à créer des camps d'entraînement en Bosnie, à développer des relations avec les organismes de bienfaisance de Bosnie, et de créer des entreprises pour aider à financer les activités d'Al-Qaïda. 


Il dit que BIF fournissait l'argent pour al-Qaïda pour acheter des armes et les utiliser en Bosnie et qu'ils ont déjà obtenu quelques armes de l'Allemagne avec l'aide de BIF et de Mohammed Loay Bayazid (qui travaille également pour BIF aux États-Unis). Selon un acte d'accusation ministère de la Justice Abu Abdel Aziz Barbaros (ici à gauche) a dit aussi que "l'objectif d'al-Qaïda en Bosnie [est] d'établir une base pour les opérations en Europe contre véritable ennemi d'Al-Qaïda, les Etats-Unis." Pendant cette période, le FIF commence à fournir des aliments , des vêtements, de l'argent et du matériel de communication à des combattants en Bosnie, y compris l'unité d'élite des Black Swans." Ces troupes auraient-elle sur place était manipulées ? L'envoi "recommandé" en Bosnie de Jamal al-Fadl, par Alfreda Frances Bikowsky le laisse fortement présager. Une "Frances" dont il convient d'élucider davantage le rôle, par conséquent. Ce que nous verrons demain, si vous le voulez bien.


(*) "En mars 2000 déjà, l'hebdomadaire Asia Week publié à Hongkong s'inquiétait de la santé de Ben Laden, faisant état d'un grave problème physique précisant que ses jours étaient en danger à cause d'une « infection rénale qui se propage au foie et nécessite des soins spécialisés ». Selon des sources autorisées, Ben Laden se serait fait livrer dans son repaire afghan de Kandahar l'ensemble d'un matériel mobile de dialyse au cours du premier semestre 2000. Selon nos sources, le « déplacement pour raison de santé de Ben Laden » n'est pas le premier. Entre 1996 et 1998, Oussama ben Laden s'est rendu plusieurs fois à Dubaï pour ses affaires.

.. « Les rapports entre l'Emirat et l'Arabie Saoudite ont toujours été très étroits ... Un des princes d'une famille régnante participait régulièrement à des chasses sur les terres de Ben Laden qu'il connaissait et fréquentait depuis de nombreuses années...

Durant son hospitalisation, Oussama ben Laden a reçu la visite de plusieurs membres de sa famille, de personnalités saoudiennes et émiraties. Au cours de ce même séjour, le représentant local de la CIA, que beaucoup de gens connaissent à Dubaï, a été vu empruntant l'ascenseur principal de l'hôpital pour se rendre dans la chambre d'Oussama ben Laden.

Quelques jours plus tard, l'homme de la CIA se vante devant quelques amis d'avoir rendu visite au milliardaire saoudien. De sources autorisées, l'agent de la CIA a été rappelé par sa centrale le 15 juillet, au lendemain du départ de Ben Laden pour Quetta".