"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

19 janvier 2015

Les informations internes qui auraient pu empêcher le 11-Septembre


Dans la continuité des révélations sur le rôle d’Alfreda Bikowsky dans la torture de la CIA, cet article de Jeff Stein, spécialiste des questions de sécurité nationale et correspondant à Washington pour le magazine Newsweek, revient sur les dissimulations de la CIA avant le 11-Septembre. Comme nous l’avons rappelé tout récemment, l’unité Alec Station – chargée de la surveillance des réseaux d’Oussama Ben Laden — avait empêché le FBI et la Maison Blanche d’apprendre la présence de deux membres d’Al-Qaïda sur le sol américain un an et demi avant les attentats. Richard Clarke, l’ancien responsable du contre-terrorisme à la Maison Blanche avait alors émis l’hypothèse que la CIA aurait cherché à recruter l’un de ces terroristes via les services de renseignement saoudiens, une thèse que semblent confirmer ces nouveaux témoignages. 

Un pasteur au milieu des ruines du World Trade Center, Larry Towell / Magnum.


Juste avant Noël, l’ancien agent spécial Mark Rossini m’a accueilli avec son enthousiasme habituel, lorsque nous nous sommes rencontrés pour boire un verre dans un restaurant de Manhattan. Il m’a raconté que sa vie avait enfin pris un meilleur tournant. Il passe désormais la plupart de son temps en Suisse, où il travaille pour une grande société privée de sécurité. "La vie est belle," disait-il.

Belle, mais avec quelques grands changements. Rossini buvait de l’eau gazeuse au lieu des onéreux cabernets qu’il descendait quand j’ai rencontré pour la première fois cet officiel ambitieux du FBI à Washington, il y a dix ans, quand il était un assistant particulier de John Miller, le porte-parole en chef du FBI (aujourd’hui au département de la police de New York). "J’ai tiré un trait," dit-il. "Ça fait du bien."

Mais quand je lui demande comment ça va vraiment, la lumière dans ses yeux s’assombrit. "Bon, tu sais, le boulot me manque toujours," dit-il en secouant la tête. Un écart stupide — avoir montré des documents confidentiels du FBI à son actrice bien-aimée Linda Fiorentino, qui disait faire des recherches pour un scénario sur Anthony Pellicano, l’extraordinaire détective privé de Los Angeles — lui a coûté sa carrière en 2008 et a failli l’envoyer derrière les barreaux.

"Le passé, c’est le passé," dit-il. Mais certaines choses demeurent. Il m’a rapidement parlé d’une rencontre faite la veille, dans une rue de Yonkers où il garde un appartement. Il était tombé sur une amie de la famille qui a perdu des proches au World Trade Center le 11-Septembre. "Mark, lui a-t-elle dit, tu dois aller au bout de cette histoire."

"Elle me dit ça à chaque fois que je la vois," dit-il en grimaçant. Mais aujourd’hui à 53 ans, six ans après son départ du FBI,  il essaie justement de tout faire pour ça — pour combler certains des vides dans le récit officiel du 11-Septembre, qui attribuent les attentats à un vague "échec des renseignements."

L’ancien agent du FBI Mark Rossini, Ron Sachs / CNP / Newscom.


Rossini est bien placé pour le faire. Il a été au centre de l’un des mystères imprescriptibles du 11-Septembre : Pourquoi la CIA a refusé de partager avec le FBI (ou une autres agence) des informations sur l’arrivée aux États-Unis en 2000 d’au moins deux agents identifiés d’Al-Qaïda, alors que l’agence d’espionnage les suivaient de près depuis des années.

Le fait que la CIA l’ait empêché avec Doug Miller, un collègue du FBI assigné à Alec Station — le nom de code de l’unité de la CIA sur Oussama Ben Laden — d’informer le quartier général du FBI au sujet des terroristes, a déjà été révélé, notamment dans un documentaire de Nova sur PBS en 2009, "NSA, l’agence de l’ombre." [1] Rossini et Miller racontaient la manière dont ils avaient appris plus tôt que l’un des terroristes (et futur pirate de l’air), Khalid Al-Mihdhar, avait un visa à entrées multiples pour les États-Unis dans son passeport saoudien. Lorsque Miller rédigea un rapport à l’attention du siège du FBI, un responsable de cette unité top-secret de la CIA lui a dit de ne pas s’en mêler. Incrédules, Miller et Rossini ont été obligés de faire machine arrière. Les règles de la station leur interdisaient d’en parler à qui que ce soit en dehors de leur groupe top-secret.

Toutes ces années plus tard, Rossini regrette toujours d’avoir obéi aux ordres. S’ils avaient désobéi à ce silence imposé, les presque 3000 Américains assassinés le 11-Septembre seraient probablement encore en vie. "C’est la douleur qui ne me quitte jamais, qui me hante chaque jour de ma vie," écrit-il dans l’ébauche d’un livre qu’il m’a fait partager. "J’ai l’impression d’avoir échoué, même si je sais que c’est le système et la communauté du renseignement qui ont échoué dans leur ensemble."

"J’ai finalement lâché prise"

Les différentes commissions et les rapports internes aux agences qui ont examiné les "échecs du renseignement" dans le 11-Septembre, ont attribué les blocages du partage d’informations à la bureaucratie et aux rivalités personnelles entre les officiels de la CIA, du FBI et de la NSA. Ces rapports ont débouché sur la création d’un nouveau directoire du renseignement national, qui a retiré à la CIA son pouvoir de coordination. Mais blâmer "le système" évite de se demander pourquoi une officière de la CIA en particulier, Michael Anne Casey, a donné l’ordre à Miller, l’équipier de Rossini, de ne pas alerter le FBI au sujet d’Al-Mihdhar. Ou pourquoi les responsables d’Alec Station à la CIA n’ont pas averti le FBI — ou tout autre service de police — de l’arrivée de Nawaf Al-Hazmi, un autre membre éminent d’Al-Qaïda (et futur pirate de l’air) que l’agence avait suivi avant et après la réunion terroriste en Malaisie.

Étant donné que Casey est toujours sous couverture à la CIA, Rossini ne cite pas son nom dans son manuscrit inachevé. Mais il écrit, "Quand j’ai fait face à cette personne [...] elle m’a dit que "ce n’était pas une affaire pour le FBI. Le prochain attentat d’Al-Qaïda va se produire en Asie du Sud-Est et leurs visas pour les États-Unis sont juste une diversion. Tu n’as pas à en parler au FBI. Nous mettrons le FBI au courant le moment voulu et seulement si nous le décidons.""

Rossini se souvient d’être allé voir directement Miller après sa conversation avec Casey. "Il m’a regardé comme si je parlais dans une langue étrangère… Nous étions tous les deux abasourdis et ne comprenions pas pourquoi le FBI ne serait pas informé de cela."

Cela reste un mystère. Aucune des commissions d’enquête créées après le 11-Septembre n’a été capable d’aller au fond de l’affaire, en partie à cause du fait que Rossini et Miller, qui ont continué à travailler à Alec Station après les attentats, n’ont rien dit à personne sur ce qui s’était passé là-bas. Quand les enquêteurs du Congrès sont venus renifler dans le coin, ils ont gardé le silence.

"On nous avait demandé de ne rien leur dire," affirme Rossini. Qui vous a demandé ça ? ai-je demandé. "La CIA. Je ne peux pas citer de noms. Tout le monde avait compris dans le bureau qu’il ne fallait pas leur faire confiance, que [les enquêteurs du Congrès] essayaient d’épingler quelqu’un pour ça, qu’ils essayaient de mettre quelqu’un en prison. Ils disaient que [les enquêteurs] n’étaient pas autorisés à savoir ce qui se passait concrètement [...] Quand nous avons été interrogé, la CIA avait placé quelqu’un dans la pièce pour nous surveiller."

Par conséquent, Rossini n’a pas été interrogé non plus par la Commission du 11-Septembre. "En se basant sur cette interview, j’imagine que la Commission du 11-Septembre [qui a suivi l'enquête du Congrès] a jugé que je n’avais rien d’intéressant à dire." Il dit avoir également caché son secret à l’inspecteur général du département de la Justice. "J’étais encore sous le choc," ajoute-il, et toujours anxieux de violer l’omerta imposée par Alec Station. Après l’enquête du Congrès et la Commission du 11-Septembre, il s’est finalement confié lorsque sa propre agence — le Conseil de discipline du FBI (OPR) [2] — est venue le voir en 2004.

"Nous étions enregistrés. J’étais assis juste à côté de Candace Will, le directeur adjoint du FBI" en charge de l’OPR, s’est souvenu Rossini par téléphone au début du mois. "C’est à ce moment-là que j’ai finalement lâché prise et je leur ai dit ce qu’il s’était passé, ce que j’avais fait et pourquoi. Ces enregistrements sont la solution, c’est ce qui devrait être rendu public."

Deux passants observe le World Trade Center le 11-Septembre, Richard Cohen / Reuters.


La CIA a longtemps insisté sur le fait qu’elle avait partagé des renseignements sur Al-Mihdhar et Al-Hazmi avec le FBI, mais les informations rassemblées par la Commission du 11-Septembre contredisent cette affirmation. En réalité, la commission n’a trouvé aucune trace pour soutenir la version d’une autre responsable d’Alec Station, Alfreda Bikowsky, selon laquelle elle aurait apporté en main propre un rapport au FBI.

Philip Zelikow, le directeur exécutif de la Commission du 11-Septembre, a déclaré auprès de Newsweek que "le FBI dit la vérité." Quant à savoir pourquoi la CIA n’a pas partagé des informations concernant des membres d’Al-Qaïda avant le 11-Septembre, mais qu’en plus elle a empêché des agents du FBI au sein d’Alec Station de les partager, Zelikow avoue que "nous ne savons pas."

Et il revient…

Au milieu d’une telle obscurité ont fleuri toutes sortes de théories du complot, allant des scénarios absurdes de "truther" sur des explosifs placés dans le World Trade Center, à la connivence d’Israël ou de l’administration Bush dans les attentats. Mais des théories plus solides perdurent, certaines très troublantes.

Ce problème a été relancé le 7 janvier, quand deux membres du Congrès appuyés par Bob Graham, l’ancien sénateur démocrate de Floride et co-président de la Commission du 11-Septembre [3], ont dévoilé une résolution appelant l’administration Obama à déclassifier 28 pages de l’enquête du Congrès, ayant trait aux liens et au financement saoudiens des pirates de l’air pendant leur séjour sur le sol américain. Graham affirme que des officiels saoudiens "savaient que des personnes en mission pour Oussama Ben Laden étaient ou seraient bientôt aux États-Unis. La question de savoir s’ils connaissaient leurs intentions va au-delà de ce raisonnement."

Zelikow, qui a travaillé ensuite pour la secrétaire d’État Condoleezza Rice, pense que les liens présumés des pirates de l’air avec l’ambassade saoudienne sont "une diversion." Il dit néanmoins qu’il reste des "détails inexpliqués" qui vaudraient la peine d’être creusés, en particulier les déplacements des pirates de l’air aux États-Unis, les rapprochant de certains prêcheurs extrémistes yéménites. "La partie la plus intéressante de l’histoire est le choix de l’endroit où ils se sont installés et pourquoi," ajoute-il.

Désormais professeur d’histoire à l’université de Virginie, Zelikow est tout aussi sceptique des propos tenus par Richard Clarke, l’ancien conseiller de la Maison Blanche sur le contre-terrorisme, dans une surprenante interview filmée avec deux journalistes indépendants en octobre 2009 [4] — des remarques qui ont attiré bien moins d’attention que les liens saoudiens des pirates de l’air.

Clarke se souvient qu’en 1999, le Centre du contre-terrorisme avait été repris par Cofer Black et Rich Blee, deux "durs à cuire" vétérans des opérations sous couverture, qui "avaient compris qu’Al-Qaïda était une menace sérieuse [...] Ce qu’on m’a dit à l’époque," raconte Clarke aux journalistes Ray Nowosielski et John Duffy, "était qu’ils allaient essayer pour la première fois d’obtenir des sources de l’intérieur" — en recrutant un des terroristes comme agent double.

Clarke s’étonnait que lorsque George Tenet, le directeur de la CIA, s’est rendu le 10 juillet 2001 à une réunion d’urgence à la Maison Blanche avec Black et Blee, "ils n’ont jamais mentionné le fait que deux terroristes d’Al-Qaïda [...] étaient déjà arrivés aux États-Unis."

"Alors posez-vous la question : pourquoi ?" avait-il ajouté. La "seule explication logique que j’ai été capable de trouver" est qu’ils étaient en train de mener une opération illégale sur le sol américain pour recruter Al-Mihdhar ou Al-Hazmi. Et ils ne voulaient pas que le FBI vienne s’en mêler.

Richard Clarke prêtant serment devant la Commission du 11-Septembre, Mark Wilson / Getty.


Cela expliquerait aussi pourquoi Michael Anne Casey d’Alec Station a interdit à Miller et Rossini d’informer le quartier général du FBI sur le visa à entrées multiples d’Al-Mihdhar pour les États-Unis. Rossini pense "qu’ils ont bien" essayé de recruter Al-Mihdhar, qui avait déjà séjourné aux États-Unis auparavant. Comme le fait remarquer l’ancien agent du FBI, la NSA effectuait des écoutes sur une maison que fréquentait Al-Mihdhar au Yémen. C’est ainsi que la CIA avait appris pour la réunion terroriste de Kuala Lumpur. "C’est un terroriste qu’ils suivent autour du monde," dit Rossini. "Il a fait l’objet de plusieurs câbles, il se rend aux États-Unis [...] et ils lui permettent de quitter l’Amérique et de retourner au Yémen pour la naissance de son enfant. Et il revient."

La CIA n’a pas informé le FBI de sa présence jusqu’au milieu de l’été 2001, après qu’ils aient perdu sa trace. "Il est raisonnable de penser qu’ils avaient une sorte de relation avec lui — ou qu’ils aient essayé," dit Rossini. "Donc ils ont suivi partout ces joyeux lurons pendant un an ou deux sans nous en parler, et puis d’un seul coup, en juillet 2001, ils disent "Aidez-nous à trouver ces types s’il vous plaît !" Pourquoi ? Je ne peux pas le prouver, mais la seule explication est qu’il s’était fait la malle — il leur a dit d’aller se faire foutre — ou avait arrêté de répondre à leurs appels. Ils ont mené une opération clandestine aux États-Unis et ils ne voulaient pas que le FBI soit impliqué là-dedans."

"Enfoirés de menteurs"

Un ancien officier des opérations de la CIA assigné à l’époque à Alec Station, pense que Rossini et Clarke sont sur quelque chose — mais que leur théorie est un peu bancal. Selon l’ancien agent de la CIA, qui a passé 25 ans à gérer des espions dans certains des endroits les plus dangereux du monde, y compris au Moyen-Orient, "Je trouve ça assez difficile à croire, que [Al-Mihdhar ou Al-Hazmi] serait une source valable [...] Mais là encore, les gens qui passait beaucoup d’appel là-bas à l’époque n’étaient que des analystes subalternes, qui n’avaient aucune expérience en général et absolument aucune expérience sur le terrain, ou aucune sorte d’entraînement opérationnel."

Dès le début, comme le précise l’agent, Alec Station a été dirigé par des analystes du renseignement dont la plupart ressemble à l’héroïne de Zero Dark Thirty, un mélange d’analystes de la CIA ayant réellement existés. Au fil du temps, ils ont commencé à se prendre pour des as du terrain, s’aventurant dans les opérations — parfois avec des conséquences catastrophiques.

"Il y avait tous ces analystes qui arrivaient avec leurs grands projets et suivaient des cibles," raconte l’ancien officier qui a demandé à rester anonyme en échange de pouvoir parler librement des questions clandestines. "Mais ensuite, ils ont voulu prendre la tête de la partie opérationnelle des choses et c’était leur point faible." Comme l’a signalé cet agent, c’est une analyste d’Alec Station, Jennifer Matthews, qui avait recruté l’agent double qui l’a tué elle et six autres employés de la CIA, dans une base reculée d’Afghanistan en décembre 2009.

"Leur définition d’une source était très différente de celle qu’un officier du renseignement, un officier traitant ou le [directoire des opérations] pourrait considérer comme une source valable et de bonne foi," rapporte l’agent. Et les analystes d’Alec Station n’aimaient pas beaucoup que les vieux officiers traitant défraîchis regardent par dessus leurs épaules. "De temps en temps, je leur proposais quelque chose et ils me mettaient en garde, disant que cela pourrait compromettre un de leurs contacts."

Mais à qui parlaient-ils ? Pas à de vrais terroristes. "Je ne pense pas qu’ils aient déjà parlé personnellement à quelqu’un," dit l’agent. "Ils ne faisaient que travailler dans leur bureau en baskets [...] Ils avaient probablement obtenu une source grâce à un intermédiaire. Donc leur source [sur les pirates de l'air] pourrait avoir été une personne des services saoudiens qui disait qu’ils parlaient à quelqu’un, ou une personne des services jordaniens qui disait parler à quelqu’un. En ce qui me concerne, ils n’étaient qu’un paquet d’enfoirés de menteurs. Donc ils auraient pu faire ça."

"Ça" voulant dire en gros évoquer un lien avec Al-Mihdhar, peut-être via une source confidentielle chez les renseignements saoudiens, et vendre ça comme quelque chose de très prometteur à leur supérieurs de la CIA, qui désespéraient d’avoir quelque chose à l’intérieur d’Al-Qaïda. C’est essentiellement ce qui s’est passé avec Matthews et son espion Humam Al-Balawi, un docteur qui prétendait soigner Ayman Al-Zawahiri, l’adjoint d’Oussama Ben Laden, dans son repaire au Pakistan. Balawi a été servi à Matthews par les renseignements jordaniens, le plus proche partenaire de la CIA au Moyen-Orient après Israël.

Les hauts responsables de la CIA étaient si excités par l’accès supposé de Balawi au cercle restreint d’Al-Qaïda, qu’ils couraient à la Maison Blanche pour donner les derniers rapports le concernant. C’est à dire jusqu’au jour où il a été conduit à l’intérieur d’une base de la CIA sans être fouillé — sur ordre explicite et tragique de Matthews — et s’est fait sauter en tuant huit personnes en tout.

Attendre que les têtes tombent

Toutes ces années plus tard, personne n’a trouvé de réponse plausible afin d’expliquer pourquoi Alec Station aurait refusé à Rossini et Miller l’opportunité d’informer le FBI à propos de dangereux personnages d’Al-Qaïda arrivant aux États-Unis. "C’est dingue," lance l’ancien agent des opérations de la CIA à Alec Station.

"Quand le premier rapport sur le 11-Septembre est sorti, j’attendais que les têtes tombent," dit l’ancien officier. "Mais bien sûr, ils ont enlevé tous les trucs importants. Et tous ceux qui étaient responsables pour ne pas avoir partagé l’information — leurs noms ont été retirés. Ils ont été félicités et promus."

A ce jour, Rossini a du mal à contenir sa rage. Entre deux verres à New York, il tente d’apprécier les bons côtés. C’était à Noël, près du Rockefeller Center magnifiquement illuminé. Il était fermement ancré dans son humeur habituelle : grand sourire, le verre levé.

"Bon sang," a-t-il dit en sirotant son verre. "Je vais raconter mon histoire."

Jeff Stein


Notes de traduction :
[1] Le lien d’origine a été modifié dans le texte.
[2] Office of Professional Responsability en anglais.
[3] Sic : Bob Graham était l’ancien co-président de l’enquête conjointe des commissions du renseignement au Congrès.
[4] Le lien d’origine a été modifié dans le texte.