8 octobre 2014

Les terroristes du 11-Septembre auraient été surpris à tester la sécurité des aéroports plusieurs mois avant les attentats


Mohammed Atta (droite) et Abdulaziz Al-Omari (gauche) au contrôle de sécurité
 de l’aéroport de Portland le matin du 11 septembre 2001. (photo : AP)


Au moins trois témoins ont remarqué les pirates d’Al-Qaïda en repérage des contrôles de sécurité à l’aéroport Logan de Boston plusieurs mois avant les attentats du 11-Septembre. Ils ont vu quelque chose et l’ont signalé, mais ont été ignoré comme le montrent des documents judiciaires récemment dévoilés.

Un des témoins, un employé d’American Airlines, s’est même confronté au meneur des pirates Mohammed Atta après l’avoir vu en train de filmer et de tester un contrôle de sécurité en mai 2001, quatre mois avant qu’il n’embarque sur le vol d’American Airlines qui s’est écrasé contre le World Trade Center. Le témoin a alerté la sécurité mais les autorités ne l’ont jamais interrogé, ou signalé le belligérant égyptien comme une menace.

"Je suis persuadé que si des mesures avaient été prises après avoir vu Atta, les attentats du 11-Septembre auraient pu être empêchés, au moins à l’aéroport Logan," a déclaré Brian Sullivan, un ancien agent spécial de la FAA qui avait prévenu à l’époque des failles de sécurité à l’aéroport.

Les trois témoins de Boston n’ont jamais été révélés publiquement, bien qu’ils furent interrogés et jugés crédibles par le FBI. Leurs noms n’ont jamais été cités dans les notes du rapport de la Commission du 11-Septembre.

Mais ce qu’ils ont dit avoir vu – révélé seulement aujourd’hui et découvert dans le cadre  d’un procès pour homicide involontaire contre les compagnies aériennes et le gouvernement – a de quoi faire froid dans le dos.

Stephen J. Wallace, un technicien qui a passé 17 ans chez American Airlines, a d’abord averti les autorités de l’aéroport Logan que deux hommes moyen-orientaux – l’un deux présenté comme Atta d’après les portraits diffusées à la suite des attentats – agissaient de manière suspecte à l’extérieur du principal point de contrôle de sécurité.

Il s’en souvient parfaitement. C’était le matin du 11 mai 2001. L’un d’eux filmait et prenait des photos du tableau d’embarquement et du point de contrôle à moins de dix mètres, pendant que l’autre parlait bruyamment arabe dans un téléphone portable. La scène dura 45 minutes.

Wallace fut si troublé qu’il se dirigea vers eux et leur demanda ce qu’ils transportaient dans leurs bagages à main, décrit comme des sacs de pilotes "flambant neufs".

"J’ai dit : "Vous n’avez rien de tout ça dans vos sacs, n’est-ce pas ?", indiquant un présentoir qui affichait les objets interdits.

"L’un d’eux a parlé à l’autre en faisant des signes vers moi et en me désignant d’un nom assez désagréable en arabe," a précisé Wallace, expliquant qu’il avait reconnu le mot parce que "Je jure en arabe."

Ils ont alors remballé nerveusement leurs affaires et se sont hâtés vers un autre point de contrôle avec Wallace sur les talons. Avant qu’ils franchissent un autre contrôle, Wallace a alerté plusieurs autorités.

"J’ai dit explicitement : "Ces deux clowns sont capables de quelque chose,"" a-t-il témoigné. "Ils étaient en train de réaliser des vidéos et des photos du principal point de contrôle."

Mais les autorités n’ont jamais suivi. Les deux hommes ont embarqué sur un vol d’American Airlines en direction de Washington.

Theresa Spagnuolo, agent de contrôle des passagers pour American Airlines, a dit aux agents fédéraux après les attentats qu’elle avait également observé un homme moyen-oriental de taille modeste – Atta – filmer le contrôle de sécurité principal en mai 2001.

"Elle était contrariée par la vidéo d’Atta, donc elle en a parlé à son supérieur," qui "l’informa que c’était une zone publique et qu’on ne pouvait rien y faire," ont rapporté les agents dans leur enquête.

Son responsable était James Miller Jr., qui témoigna plus tard : "Cela me semblait bizarre."

Il a dit avoir signalé Atta à ses supérieurs, qui lui ont répondu, tel qu’il l’avait dit à Spagnuolo, qu’il n’y avait rien qu’ils puissent faire à ce sujet.

En fait, la sécurité de l’aéroport avait clairement l’autorité d’enquêter à cette époque sur une personne en train de surveiller un point de contrôle et un tel agissement aurait dû soulever de graves inquiétudes. A peine deux mois plus tôt, les autorités fédérales informaient les compagnies aériennes, y compris American Airlines, que les terroristes d’Al-Qaïda menaient précisément des opérations de surveillance avant d’attaquer une cible.

Au lieu de cela, le pirate de l’air  le plus dangereux de l’histoire fut autorisé à gambader au travers de la sécurité sans que personne ne l’arrête, ne lui demande son nom, ne vérifie son billet, ne le prenne en photo, ne regarde son permis de conduire ou son passeport, n’ouvre son sac ou le fouille.

Et l’aéroport de Logan n’a pas installé de caméras de sécurité au point de contrôle, c’est pourquoi aucune image d’Atta et de sa visite du 11 mai n’a jamais été prise.

Quatre mois plus tard, le 11 septembre, Atta passa au travers du même point de contrôle de sécurité. Son bagage à main a passé les détecteurs bien qu’il contenait des cutters et du gaz lacrymogène. Il prit son siège en classe affaire du vol 11 d’American Airlines sans contrainte.

Les récits de témoins oculaires sont apparus lors d’un procès intenté par la famille de Mark Bavis, un recruteur de l’équipe de hockey des Los Angeles Kings décédé dans l’un des vols détournés de Boston. Du fait que l’affaire s’est soldée en 2011 pour plusieurs millions de dollars et qu’elle n’a jamais été plaidée, les éléments n’ont jamais été présenté dans un tribunal.

Malgré les objections des autorités fédérales, les avocats de la famille Bavis ont pris le risque de déposer les interviews du FBI et les transcriptions de déposition aux archives publiques.

Les témoignages devraient jouer un rôle important dans un autre procès du 11-Septembre intenté contre les compagnies aériennes par le propriétaire de World Trade Center Properties. Cette affaire, actuellement en appel, devrait avoir lieu  l’année prochaine.

Paul Sperry