En 2005, l'agence de renseignement a développé dans le plus grand secret des poupées à l'effigie de Ben Laden. Objectif: ruiner l'image de l'ex-leader d'Al-Qaïda auprès des bambins musulmans.
En 2005, alors qu'Oussama ben Laden était traqué par les services de renseignement américains, la CIA a exploré une piste inattendue pour tenter de déstabiliser Al-Qaïda et son leader. Dans le plus grand secret, l'agence a commencé à développer une figurine à l'effigie de Ben Laden. Le visage de la poupée était peint avec un matériau spécial, conçu pour se décoller et révéler un visage terrifiant, rouge avec des marques noires et doté d'yeux verts perçants.
L'objectif de la CIA était simple. Il s'agissait d'effrayer les enfants musulmans et leurs parents, afin de les dégoûter du vrai Ben Laden. Le projet, dont le nom de code était «Devil Eyes» («Yeux du Diable»), n'a finalement pas abouti. Il était resté confidentiel jusqu'à ce que des sources proches du dossier ne révèlent son existence au «Washington Post».
Pour concrétiser son idée, la CIA avait fait appel à Donald Levine, créateur des jouets G.I. Joe, qui avaient remporté un succès planétaire dès leur sortie en 1964. L'homme avait de plus l'avantage de posséder un vaste réseau de contacts en Chine, où les poupées Ben Laden devaient être discrètement fabriquées.
La CIA nie toute distribution
Le «Washington Post» explique qu'il est difficile de savoir si des figurines de ce type ont réellement vu le jour et si oui, en quelle quantité. Selon une source directement impliquée dans la fabrication des jouets en Chine, des centaines de poupées ont été créées pendant la phase de préproduction et expédiées à Karachi (Pakistan) en 2006.
La CIA, elle, ne nie pas l'existence de ce projet. Elle affirme cependant que l'idée a été abandonnée peu après le développement des prototypes. «A notre connaissance, seules trois figurines ont été fabriquées, et elles ont simplement servi à montrer ce à quoi le projet final pourrait ressembler», a expliqué Ryan Trapani, porte-parole de la CIA. L'agence affirme qu'une fois avoir examiné les prototypes, elle a renoncé à en fabriquer davantage et n'a jamais distribué le moindre jouet.