"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

2 février 2013

Le gouvernement taclé par le juge militaire


Le juge militaire qui préside les audiences des accusés du 11-Septembre à Guantanamo (Cuba) a interdit jeudi au gouvernement américain de censurer les débats.

A l'ouverture du dernier jour de cette audience préliminaire et en l'absence des cinq accusés, le colonel James Pohl a ordonné que «le gouvernement déconnecte le circuit externe (des débats) ou sa capacité de suspendre la diffusion» des échanges à l'extérieur de la salle du tribunal.

Les débats sont diffusés avec un différé de 40 secondes dans la salle de presse et dans la galerie où se trouvent les journalistes, les organisations des droits de l'homme et les familles des victimes.

Ce différé permet à un officier de sécurité, assis à côté du juge, de censurer les échanges susceptibles d'être classifiés.

Censure lundi


Lundi, une portion des débats a été censurée quand a été mentionné le sujet sensible des prisons secrètes de la CIA, où les cinq accusés ont été détenus et ont subi des interrogatoires musclés.

Le juge s'était montré étonné et furieux que l'interrupteur ait été actionné sans qu'il soit au courant. «Si une autre personne (que celle autorisée) contrôle sans raison et sans explication ce qui est dit dans ce tribunal, nous allons avoir une petite réunion» sur le sujet, avait-il dit lundi.

C'est «la dernière fois» qu'un OCA (l'autorité de classification du gouvernement) peut actionner cet interrupteur, a déclaré fermement le juge jeudi, après une journée de suspension d'audience. «Le juge et seulement le juge décide» dans ce tribunal, a-t-il ajouté.

Peu avant, la défense a déposé une requête d'urgence pour suspendre la procédure tant que la question de la protection des communications confidentielles entre les clients et leurs avocats n'aura pas été tranchée.

David Nevin, l'avocat de Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau des attentats, affirme que toutes ses conversations avec son client, y compris lors de ses visites ou en apparté dans la salle du tribunal, sont enregistrées.

Les cinq accusés, qui encourent la peine de mort pour le meurtre de près de 3000 personnes, avaient à nouveau boycotté les audiences jeudi. Leur procès ne doit pas commencer avant un an à Guantanamo.