"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

8 mai 2012

L’affaire du 11-Septembre est finalement entendue à Guantanamo; les accusés du complot provoquent le juge


BASE AÉRONAVALE DE GUANTANAMO, CUBA.


KSM, accusé d’être le cerveau du 11/9, et ses complices allégués ont mis en scène une provocation lors de leur inculpation samedi, en refusant d’écouter les chefs d’inculpation avec un casque, puis en refusant de répondre aux questions du juge militaire sur leur acceptation ou non d’un conseiller pour leur défense payé par le Pentagone.

A aucun moment ils ne sont intervenus pour plaider leur cause. L’un des accusés de terrorisme, le coach présumé du 11/9 Walid Ben Attash, fut déféré devant la cour vers 9 h, attaché sur une chaise de contention. Le juge et colonel de l’US ARMY James Pohl, a déclaré que les gardiens avaient choisi de mettre le captif sous contention suite à son comportement en dehors de la cour. Il n’est pas entré dans les détails.

A un autre moment, Ramzi bin al Sibh, l’organisateur présumé d’une cellule d’Al-Qaïda à Hambourg, Allemagne, s’est levé de sa chaise d’accusé et à commencé à prier. Il s’est tenu debout, les bras croisés sur sa poitrine, puis à un moment, s’est agenouillé.

Les gardiens, dans l’enceinte du bloc de haute-sécurité de la cour n’ont rien fait pour l’en empêcher.

Les cinq accusés du 11/9 sont présumés avoir entrainé, conseillé et financé les 19 pirates qui ont pris le commandement d’avions de ligne le 11 septembre 2001, puis qui les ont précipités contre le WTC, le Pentagone, et un champ de Pennsylvanie, tuant 2976 personnes. Tous encourent la peine de mort s’ils sont condamnés.

L’audience étonnante de ce samedi correspond à la première apparition des cinq hommes depuis le 21 janvier 2009, juste le lendemain de l’intronisation du Président Barack Obama dans ses fonctions.

Mohammed était ceint d’un turban, et ce qui semble être une tunique blanche. Sa barbe imposante portait des traces rouges, apparemment dues au henné.

Il refusa obstinément de répondre aux questions du juge tout au long des auditions du matin, et à une exception près, ses 4 complices présumés se sont comportés exactement pareil. Certains ont préféré lire le Coran plutôt que de répondre aux questions du juge.

Bin al Shibh éructa à un moment donné que le directeur de la prison était du même genre que Mouammar Kadhafi, le dictateur libyen assassiné depuis.

Lorsque le juge tenta de faire taire Bin al Shibh, en expliquant qu’il aurait l’opportunité de parler plus tard, le yéménite répondit: "Peut-être qu’ils vont nous tuer, et dire que nous nous sommes suicidés."

Les avocats de la défense ont déclaré à tour de rôle que les hommes protestaient contre les interférences du [personnel du] camp de prisonniers dans leur relation avec leur avocat, en référence à ce qui s’était passé ce matin-là impliquant la jambe-prothèse de Bin Attash lors de son transfert de sa cellule vers la cour martiale, puis de leur traitement pendant leurs années de détention par la CIA avant leur arrivée à Guantanamo en septembre 2006.

"Ces hommes ont été maltraités," a déclaré la conseillère de la défense payée par le Pentagone Cheryl Borman, avocate de Bin Attash qui est spécialisée dans les cas de peine capitale.

Borman a médusé le public en apparaissant dans le bloc de haute sécurité vêtue d’une abaya noire, qui la recouvrait de la tête aux pieds – couvrant ses cheveux et ne laissant apparaitre que son visage.

Pohl a demandé à l’avocat militaire de bin Attash, le capitaine de l’US Air Force Michael Schwartz, si Bin Attash se tiendrait tranquille si on lui enlevait ses contentions. A la mi-matinée, le juge lui demanda qu’il soit détaché.Il resta assis le reste de la matinée sur une chaise de tribunal normale, mais ne sembla pas suivre la procédure.

L’enjeu de cette audition était de savoir si les conspirateurs accusés du 11/9 allaient accepter leur conseiller défenseur payé par le Pentagone, une étape préliminaire clé pour établir ensuite l’accusation. Les avocats de la défense pensèrent d’abord objecter des recours en invoquant des ressources insuffisantes pour la défense, l’interférence du camp de prisonniers dans la relation entre le client et son avocat, et des restrictions imposées à leurs obligations légales.

Pohl ne voulait rien de tout cela. Il insista pour traiter d’abord la question du recrutement des conseillers.
Puis, un par un, le juge lut un compte-rendu à chacun des accusés, prononçant distinctement le droit de chacun des hommes à une équipe juridique légale payée par le Pentagone. A intervalles réguliers, Pohl demandait à chacun des hommes s’il comprenait ce qu’il disait.

Aucun ne répondit, et il consigna encore et encore en guise de témoignage "l’accusé refuse de répondre."
Puis, un par un, le juge recruta unilatéralement leurs avocats payés par la Pentagone pour les défendre.

A l’exception de l’esclandre de Bin al Shibh, les hommes firent preuve de désintérêt pendant toute l’audience. Pendant les suspensions de séance, ils parlèrent entre eux et leur entourage des 5 rangées avec véhémence, parfois en souriant et en riant.

Pendant un moment, le neveu de Mohammed parcourut un exemplaire du journal The Economist. Il le rendit à Mustapha al-Hawsawi, qui était assis dans le rang derrière lui pendant une suspension de séance. Le neveu, un pakistanais et Hawsawi, un saoudien, sont accusés dans le compte-rendu d’accusation d’avoir transféré de l’argent aux pirates du 11-Septembre.

Carol Rosenberg
Miami Herald