"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

30 juillet 2011

Les secouristes du 11/9 scandalisés par l’exclusion des cas de cancer de la couverture maladie dite « Zadroga »

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Ils ont sacrifié leur corps – et parfois leurs vies – pour cette tâche noble à Ground Zero, et maintenant eux et leurs proches se sentent abandonnés.

La plupart des secouristes pensent que le cancer qu’ils ont contracté est dû au temps passé sur le site toxique du WTC et ils sont scandalisés que cette maladie soit exclue de la liste des maladies prises en compte dans la récente loi James Zadroga 9/11 Health and Compensation Act.

« A chaque fois que l’on enterre un pompier de New York City, c’est : cancer, cancer, cancer, » raconte le pompier Kenneth Specht qui se bat contre un cancer de la thyroïde.

« Mais comment cette maladie peut-elle ne pas être prise en considération ? C’est révoltant. »

Specht, agé de 43 ans, a passé 13 ans au Service des pompiers de New York (FDNY) avant de partir à la retraite en 2008, car trop malade pour continuer à travailler. Il a passé 2 mois à Ground Zero après les attentats terroristes, cherchant désespérément les restes de ses collègues morts [lors des attaques], sans savoir qu’il respirait apparemment des produits chimiques dangereux.

« Il devrait au contraire dire "vous avez des problèmes et nous allons essayer de vous aider," » s’indigne Specht, qui en raison de son cancer et de son reflux gastrique vit désormais comme un prisonnier dans sa maison du Conté de Nassau.

« Ce n’est pas une question d’argent, nous demandons juste un peu de décence, » dit-il.

Margaret Stroehlen se rendait en voiture de son domicile de Long Island au Centre de cancérologie du Memorial Sloan-Kettering pour rendre visite à son mari malade lorsqu’elle a entendu la décision à propos de la loi Zadroga.

« J’avais envie de pleurer, » raconte Margaret Stroehlen, dont le mari pompier est atteint d’une forme extrêmement rare de cancer au cerveau.

Même avec son assurance maladie, explique Strohlen, elle doit payer de sa poche plusieurs milliers de dollars de médicaments chaque mois. Elle contient à peine ses larmes lorsqu’elle décrit la réaction de son mari au moment où il apprend que sa famille n’est pas éligible pour le remboursement de leurs frais médicaux.

« Il était très déçu et contrarié pour sa famille, » a-t-elle dit. « Nous avons trois enfants. Tout ceci se rajoute à sa souffrance. »

Il est prévu que le National Institute for Occupational Safety and Health [auteur de l'étude récemment publiée] refasse une analyse l’an prochain, qui pourrait très bien ajouter les cas de cancer à la loi Zadroga – et répondre ainsi aux prières de Jennifer McNamara.

Voilà deux ans qu’elle a enterré son mari, John, un vétéran qui avait 10 ans comme pompier à New York, et elle n’est éligible pour aucun des remboursements prévus par cette loi.

« Mon mari avait la trentaine quand il a répondu à l’appel pour le Trade Center, et il était en parfaite santé, » explique-t-elle. « Et à 41 ans, on lui a diagnostiqué un cancer du côlon au stade 1. »

John McNamara est décédé deux ans plus tard, laissant derrière lui sa femme et leur jeune fils.

« Ils lui ont fait des tests ADN et n’ont détecté aucune prédisposition au cancer du côlon, ce qui signifie que la cause provient de facteurs environnementaux, » dit-elle. « Et quel est le bon gros désastre environnemental qui a marqué la carrière de mon mari ? Le 11-Septembre. »

De nombreuses études, y compris une très importante étude des enregistrements médicaux du Service des pompiers de New York, doivent être publiées cette année, et pourraient [encore] établir le lien entre certains types de cancer et les produits toxiques de Ground Zero.

Jeremy Lemire
New York Daily News