"Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'Opinion" Paul Valéry

3 novembre 2010

Un ancien officier du Pentagone dévoile le rôle clé de Zelikow dans le camouflage de la vérité du 11/9

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Le Lieutenant-colonel Anthony Shaffer et le vétéran de la CIA Michael Sheuer







Lors d’une interview accordée à la chaîne Fox Business, un officier du renseignement à la retraite a accusé le responsable de la Commission sur le 11/9 d’avoir étouffé les ratés du renseignement ayant mené aux attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Apparaissant à l’émission politique Freedom Watch, le lieutenant-colonel Anthony Shaffer, un ancien agent de la Defense Intelligence Agency (DIA) et auteur d’Operation Dark Heart, un nouveau livre sur la guerre en Afghanistan qui a fait l’objet d’un grand battage médiatique, a parlé de sa rencontre en mi-octobre 2003 avec le Dr Philip Zelikow, alors directeur exécutif de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis.

Au cours d’une mission d’enquête sur la base aérienne de Baghram en Afghanistan, l’équipe de Zelikow a été informée par Shaffer à propos d’Able Danger ("Danger possible"), un projet d’épluchage de données de la DIA qui avait soi-disant permis d’identifier Mohammed Atta comme une menace pour les Etats-Unis un an avant le 11/9.




Entre parenthèses, il se pourrait bien que le « Mohammed Atta » identifié par Able Danger soit un imposteur opérant sous une identité volée, comme ce fut le cas lors de l’assassinat d’un haut responsable du Hamas à Dubaï. Dans une interview accordée à un journal allemand et rapportée par The Guardian, le père de Mohammed Atta a affirmé que son fils n’avait rien à voir avec les attentats et était encore en vie un an après le 11/9.

Quel que soit le Mohammed Atta évoqué par Shaffer à Bagram, Zelikow se serait « tu, en état de choc, à la nouvelle. »

Selon Shaffer, Zelikow est venu à lui à la fin d’une réunion, lui a donné sa carte, et dit : « Ce que vous avez dit aujourd’hui est très important, très important. Venez me voir s’il vous plaît quand vous reviendrez à Washington. »

Revenu à Washington en janvier 2004, Shaffer a immédiatement contacté le bureau de Zelikow et dit de « patienter. » Une semaine après, Shaffer a de nouveau appelé et le personnel de Zelikow lui a dit : « Nous n’avons pas besoin de vous. Nous avons toutes les informations dont nous avons besoin sur Able Danger. Merci quand même. »

Pourtant, aucune information fournie par Shaffer ne figurait dans le rapport de 585 pages de la Commission sur le 11/9.

En septembre 2005, plus d’un an après la publication du rapport, Shaffer a dit avoir rencontré l’un des commissaires à Philadelphie. Au cours d’un déjeuner, il a dit au commissaire ce qu’il avait signalé à Zelikow en Afghanistan. Le commissaire a répondu « n’avoir jamais entendu parler de tout ça, » ajoutant que, « s’il avait su, cela aurait été d’un très grand intérêt pour lui [sic] et la Commission. »

« Beaucoup de choses n’ont donc pas été signalées dans le rapport sur le 11/9 ? » a demandé le juge Andrew Napolitano, animateur de l’émission Freedom Watch.

« Des choses ont été laissées de côté, soit par négligence, soit, je le crois, volontairement, » a répondu Shaffer.

Un autre invité de l’émission, Michael Scheuer, qui a dirigé l’unité de Ben Laden à la CIA de 1996 à 1999, a parlé d’une expérience similaire frustrante avec le directeur de l’équipe de la Commission sur le 11/9.

Décrivant le rapport de la Commission sur le 11/9 comme « un camouflage et un mensonge de fond en comble, » Scheuer a dit avoir fourni à Zelikow plus de 400 pages de documents gouvernementaux officiels qui détaillaient les ratés du renseignement avant le 11/9.

« Je n’ai jamais eu de réponse de Zelikow, » a-t-il dit.

« Ils semblaient tous très intéressés par ce que vous aviez à dire, » a ajouté l’ancien officier de la CIA en se référant à ses réunions avec Zelikow et son personnel, « mais, en fin de compte, rien n’a figuré dans le rapport. »

Ce n’est pas la première fois que des questions sont soulevées au sujet des manipulations de Zelikow à la Commission sur le 11/9.

Dans son livre de 2009, The Commission, Philip Shenon[2], un journaliste d’investigation du New York Times, a écrit sur « la manière autoritaire qui a permis à Zelikow de contrôler le flux d’informations à la Commission, » et que « tout passait par lui. »

Tandis qu’avec son étroit contrôle sur la Commission, Zelikow excluait des pièces troublantes de spécialistes de la sécurité nationale comme Shaffer et Scheuer, un intellectuel louche comme Laurie Mylroie avait l’opportunité d’avancer avec d’amples moyens les justifications les plus fausses en faveur de la guerre en Irak. Mylroie, dont le principal champion au sein du gouvernement était le sous-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, affirmait que l’Irak était impliqué dans chaque attentat terroriste majeur contre les USA depuis le début des années 90, y compris celui du 11/9. Au cours des audiences de la Commission sur al-Qaïda, écrit Shenon, « Zelikow a fait en sorte qu’elle ait une place de choix à la table des témoins. »

Et pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Après tout, comme l’écrit Shenon, Zelikow avait un rôle important dans « le développement de l’étayage scientifique en faveur de la guerre en Irak. » Zelikow est l’auteur de trente et une pages de « The National Security Strategy of the United States, » la doctrine de « guerre préventive » annoncée au monde par George W. Bush en 2002.

Lors d’une audience à l’université de Virginie en septembre 2002, il a été demandé à Zelikow : « Pourquoi l’Irak attaquerait les Etats-Unis ou utiliserait des armes nucléaires contre nous ? » Dans un rare moment de franchise, Zelikow a commencé à expliquer que la vraie raison de la guerre préventive contre l’Irak était « la menace contre Israël. »

Le juge Napolitano a demandé au lieutenant-colonel Shaffer si à Philadelphie le commissaire avait dit si quelqu’un à la Commission sur le 11/9 « avait un ordre du jour, cachait la vérité sur quelqu’un ou protégeait quelqu’un. » Selon Shaffer, la réponse du commissaire avait été : « Tout le monde à la Commission couvrait quelqu’un. »

Étant donné les répercussions fatales sur la carrière pour ceux qui osent aborder un sujet tabou, sans parler de la dévotion bien connue de Rupert Murdoch à l’État d’Israël, il ne surprendra guère que le présentateur de Fox Business n’ait pas fouillé trop profondément dans ce que couvrait Philip Zelikow.
ReOpen911